Il faut relancer d’urgence le débat sur le climat
26 août 2010 at 8:21 Laisser un commentaire
Durant cet été, des informations très préoccupantes concernant la lutte contre le réchauffement climatique sont passées largement inaperçues. Loin
d’avoir progressé depuis l’échec de la réunion préparatoire de Copenhague, les principaux États sont en passe de revenir sur les maigres acquis de 2009. Or, dans exactement trois mois (29 novembre), doit s’ouvrir à Cancun (Mexique) la conférence des Nations unies sur le climat, censée déboucher sur un accord global et contraignant. D’ici là, il ne reste qu’un rendez-vous intermédiaire, en octobre, en Chine. Les discussions sont pourtant bien mal engagées.
Ainsi apprenait-on, fin juillet, que le Sénat américain avait ajourné le vote du projet de loi sur l’énergie et le climat. Cela signifie que même l’engagement minimal du président Obama à Copenhague (la promesse de réduire de… 4 % d’ici à 2020 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis) risque de ne pas être ratifié par le Congrès de Washington. Cette incurie est d’autant moins acceptable qu’elle est le fait du pays dont le système économique porte, et de loin, la responsabilité la plus lourde dans la brutale augmentation des émissions, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale (de l’ordre
de 1 à 8). Les enjeux climatiques y sont au demeurant parfaitement connus : la NASA n’a-t-elle pas annoncé, durant ce même mois de juillet, que les six premiers mois de l’année ont été les plus chauds jamais enregistrés ?
Autre fait relevé cet été, qui a soulevé une
légitime colère parmi les pays du Sud, premières victimes des dérèglements climatiques qu’ils n’ont pas provoqués : le seul engagement chiffré pris à Copenhague par les pays industrialisés (verser 30 milliards de dollars aux pays en développement d’ici à 2012 dont 10 dès cette année pour les aider à « s’adapter » ) n’a pas connu, à ce jour, le moindre début d’application. Y compris de la part des États européens. Dans ce contexte, le nouvel échec de la dernière conférence sur le climat, qui s’est tenue presque en catimini à Bonn (Allemagne) début août, ne surprend guère mais inquiète beaucoup ! Sans une relance
sérieuse du débat public et de la mobilisation populaire à l’échelle nationale, européenne et internationale, il n’y a aucune chance
d’aboutir à des avancées réelles de la part des pays les plus puissants à même de débloquer les négociations globales.
« Il faudra une âpre bataille de classes pour que la logique de développement humain
durable supplante la logique capitaliste », souligne lucidement à ce propos Paul Sindic dans un ouvrage qui vient de paraître on ne peut plus opportunément (1). Ancien cadre d’une multinationale de l’énergie, l’auteur illustre, en expert rigoureux et pédagogue, l’affrontement entre ces deux logiques. Militant progressiste, il ouvre le débat, tant sur les « fausses solutions du marché » que sur les « limites de l’idéologie écologique dominante ». Réchauffement climatique ; crise environnementale ; crise énergétique… le champ couvert est vaste. On n’est naturellement pas obligé de partager toutes les analyses ou propositions de cet homme de convictions, mais il est difficile de ne pas le suivre dans son
vibrant appel à relever le défi de la « misère du Sud » ou dans sa conclusion que « nous sommes en quelque sorte obligés de dépasser le capitalisme si nous ne voulons pas que l’humanité sombre dans les guerres et la barbarie ». à lire sans attendre !
(1) « Urgences planétaires », Paul Sindic, Éditions Le Temps des cerises, 14 euros.
Entry filed under: Actualité, Etats-Unis, Europe, Francis Wurtz, Francis Wurtz Le Blog, Franciswurtz.net, HD, Humanité Dimanche.
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed