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EUROPE : FAIRE APPEL À L’INTELLIGENCE DES CITOYENS

Comment conduire de façon efficace et responsable le débat sur les enjeux européens avec nos concitoyens et concitoyennes ? La question mérite d’autant plus d’être posée que nous sommes en pré-campagne électorale et que tendent à se banaliser, y compris à gauche, les propos outranciers sur « l’Europe » ne débouchant sur aucune action constructive. Bien que très critique, de longue date, sur l’actuelle UE, je ne me reconnais absolument pas dans tout ce qui caricature le débat politique sur les enjeux européens . Pour une raison simple : diaboliser l’UE, c’est s’interdire de réfléchir à ses contradictions; c’est s’empêcher de chercher à ouvrir des brèches positives dans cette construction en crise profonde; c’est fermer toute perspective de transformation.

Certes, en surfant sur l’exaspération (légitime) des gens vis-à-vis de « Bruxelles », on peut espérer, du moins à court terme, engranger quelques bénéfices électoraux. Mais on ne fait qu’enfoncer nos interlocuteurs dans l’impasse du ressentiment. A l’inverse, faire appel à l’intelligence de chacune et de chacun , sans concession sur les réalités de cette « Europe », mais sans en cacher les contradictions, afin d’agir sur elles, c’ est un exercice sans doute plus exigeant . Mais il est, pour nos interlocuteurs comme pour le climat démocratique, d’un tout autre apport !

La référence en la matière reste l’expérience exemplaire de démocratie citoyenne sur les enjeux européens que fut la campagne pour un « Non de gauche » au projet de traité constitutionnel de 2005 (« NON à l’Europe libérale; OUI à une Europe sociale »). Une campagne dont les communistes s’honorent d’avoir été les initiateurs et le fer de lance. Le fait que Sarkozy et ses pairs européens aient réussi, dans le rapport de force de l’époque, à voler sa victoire à notre peuple, n’enlève rien au caractère emblématique de cet affrontement politique de très haut niveau qui a, pour la première fois, ébranlé la « forteresse » européenne.

Quelles leçons peut-on en tirer pour le débat actuel sur les questions européennes ? D’abord, me semble-t-il, il n’est pas bon de ne miser que sur la seule « expression de la colère populaire », comme on l’entend souvent dire. Cette colère est totalement justifiée ; elle doit s’exprimer. Mais une gauche digne de ce nom a le devoir d’apporter une « valeur ajoutée » à cet état de fait. Sa responsabilité n’est-elle pas de permettre aux gens de dépasser cette réaction de défense ? De favoriser leur participation à des luttes collectives larges et inscrites dans la durée ? D’y susciter leur créativité politique, car c’est le seul moyen d’ arracher progressivement les changements et les ruptures nécessaires ? Par ailleurs, et dans le même esprit, prenons conscience que « tout ce qui est excessif est insignifiant » . Présenter les réalités européennes comme uniformément catastrophiques est foncièrement contre-productif . Non seulement, ce faisant, on est inaudible pour quiconque a vécu une expérience européenne ressentie comme positive (ex : les bourses Erasmus pour le étudiants), mais on dévalorise de fait les points marqués par les luttes ou sous la pression des opinions publiques (ex: les 13 milliards d’euros récemment exigés -et obtenus- d’ Apple pour avoir bénéficié de cadeaux fiscaux illégaux). Ouvrir un débat serein sur ces questions me paraîtrait particulièrement opportun dans la période qui vient.

1 novembre 2018 at 10:08 Laisser un commentaire

LES « MARCHÉS », ARBITRES DU BRAS DE FER ROME-BRUXELLES

La Commission européenne est en train d’offrir aux démagogues d’extrême-droite au pouvoir en Italie le cadeau royal qu’ils espéraient. En exigeant une réduction des dépenses inscrites au budget prévu par Rome pour 2019, et en menaçant de rejeter celui-ci si le gouvernement persistait dans ses projets, l’exécutif bruxellois jette littéralement des millions de citoyens transalpins dans les bras de la coalition politique la plus dangereuse de l’histoire italienne depuis la défaite de Mussolini. Et pour cause : non seulement il s’agit d’une flagrante remise en cause de la souveraineté populaire -l’adoption du budget étant la prérogative centrale de tout parlement national-, mais, en prime, les coupes demandées conduiraient, de fait, à annuler les deux mesures sociales phares du programme -trompeur- de Salvini et Di Maio : le retour à la retraite à 62 ans au lieu de 65, et, plus tard, l’établissement d’un « revenu de citoyenneté » (une aide accordée aux plus défavorisés sous condition d’acceptation des emplois proposés). Grâce à cette opération de « Com » offerte par Bruxelles à Rome, d’autres mesures du gouvernement italien resteront, elles, dans l’ombre, telles l’amnistie fiscale, l’instauration d’une « flat tax » – impôt au même taux pour les riches que pour les pauvres-, les privatisations…Bravo la Commission !

La démonstration est faite, une fois de plus, que cette intrusion des instances européennes dans des décisions qui ne peuvent relever que des autorités élues de chaque pays, est inacceptable et doit être abrogée. Rappelons à ce propos que ce processus pervers -appelé « semestre européen »- a été introduit en 2010 par les Etats membres (sur insistance d’Angela Merkel) et approuvé par une majorité de parlementaires européens ! Ce sont eux qui ont chargé la Commission de jouer au notaire tatillon vis-à-vis des politiques budgétaire et économique de chaque gouvernement ! Certes, si une majorité d’Etats s’oppose à ces mesures de la Commission, celles-ci sont annulées, mais ils se gardent bien d’entraver l’action de cette vigie de l’orthodoxie libérale pour une raison simple : c’est leur politique ! La preuve : lorsque, au dernier Conseil européen du 18 octobre, la Commission a interrogé les Chefs d’Etat et de gouvernement sur la conduite à tenir envers l’Italie, ceux-ci ont botté en touche, arguant qu’il fallait s’en « remettre au jugement de la Commission »…

Tous comptent en réalité sur les « forces du marché » pour discipliner les récalcitrants. De fait, les taux d’intérêts italiens appliqués aux emprunts de l’Etat sur dix ans ont déjà grimpé à 3,6% , soit environ quatre fois plus que les taux français et sept fois plus que les taux allemands ! Pour espérer sortir au plus vite de ce type de situation -dans quelque pays que ce soit- il est grand temps de faire grandir le débat de fond sur les transformations à opérer dans les missions de la Banque centrale européenne, à la fois pour ne plus dépendre totalement des « marchés » pour financer l’économie et les politiques publiques, et pour conditionner les futurs prêts à un usage favorable à l’emploi, aux services publics, au développement social, à la transition écologique et à la solidarité.

25 octobre 2018 at 9:00 Laisser un commentaire

FAUT-IL RENÉGOCIER LES TRAITÉS POUR RELANCER L’EUROPE ?

Les traités européens énoncent, comme autant de règles prétendument intangibles, les fondements de classe de l’actuelle Union européenne : mise en concurrence généralisée; financiarisation de l’économie; verticalité autoritaire du fonctionnement de l’UE… Une « Europe refondée » sera donc nécessairement régie par un nouveau traité, en rupture avec les traités actuels.

La question est : comment créer les conditions permettant de rompre avec la logique des traités actuels. Je précise : de rompre POSITIVEMENT avec la logique actuelle, c’est à dire -à rebours de la pente nationaliste- pour aller vers plus de solidarité entre les peuples, plus de coopération entre les pays, dans le respect de la souveraineté populaire dans chaque nation. Ce que les communistes appellent une « Union de nations et de peuples souverains et associés ». Avec une double finalité : porter ensemble un modèle social et écologique avancé et agir en coopération avec tous les alliés internationaux qui le souhaitent en faveur de l’humanisation de la mondialisation. C’est une révolution !

Une transformation de cette envergure fait nécessairement l’objet d’un combat de classe de haute intensité. Gardons-nous de l’illusion du « grand soir » ! Bien sûr, un gouvernement et un président français qui seraient authentiquement de gauche pourraient grandement contribuer à bousculer les rapports de force. Mais pas en espérant , seuls et quand ils le décident, « renverser la table ». De tels changements ne peuvent résulter, à mes yeux, que de luttes très larges, en convergence avec des forces de progrès d’autres pays européens , et se développant dans la durée.

Ne nous focalisons pas sur le texte des traités ! L’expérience montre que, dès lors que les dirigeants européens sont au pied du mur, des « tabous » sautent ! Ainsi, lorsque la crise financière de 2008 a mis en danger la zone euro, la Banque centrale européenne a décidé -malgré l’opposition de l’Allemagne- d’acheter massivement des titres de dettes d’Etats en difficulté, ce qui est aux antipodes de l’orthodoxie maastrichienne. La mauvaise destination de ces milliards est une autre affaire. Cet exemple montre simplement que les traités ne constituent pas une muraille de Chine s’il se présente une situation qui ne laisse plus d’ échappatoire à la classe dirigeante de l’UE. Un mouvement large, dépassant les frontières d’un seul pays et clairement orienté vers un objectif de transformation sociale, écologique ou démocratique précis peut créer une telle situation.

En conséquence : non, il ne s’agit pas d’attendre une renégociation d’ensemble de la construction européenne pour amorcer la « relance de l’Europe » ! C’est sans attendre qu’il faut chercher à ouvrir des brèches à partir d’un triple effort . D’abord, une bataille d’idées comparable à celle qui a fait le succès de la campagne pour le « NON de gauche » au projet de traité constitutionnel de 2005 . Ensuite, une stratégie de large rassemblement des forces de progrès en France et dans le plus grand nombre possible de pays européens autour de quelques exigences de changements majeurs. Enfin, la valorisation de toute avancée dans ce sens, même partielle, arrachée tant sur le terrain des luttes de terrains qu’au Parlement européen. Le temps viendra ensuite où il sera devenu possible de consigner ces changements conquis de haute lutte dans un nouveau traité.

23 octobre 2018 at 6:12 Laisser un commentaire

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