Archive for juin, 2010

Europe. « Soyons lucides : le compte n’y est pas »

Dimanche dernier,dans son discours de clôture du 35e congrès du PCF, Pierre Laurent,à peine élu secrétaire national de ce parti,a évoqué à plusieurs reprises la dimension européenne des combats à venir.Mieux: ses deux premiers déplacements concernent le Forum social européen (FSE,le 2 juillet prochain à Istambul) et le Parti de la Gauche européenne (PGE, le 12 juillet à Bruxelles).Voilà qui augure bien de l’engagement européen du Parti communiste dans la période cruciale qui nous attend.

Mesurons bien,en effet,dans quelle période historique nous sommes entrés.Face au tourbillon de la crise du capitalisme,les dirigeants européens -les Sarkozy,Merkel,Barroso (Commission européenne),Trichet (Banque centrale européenne)…-tout à leur refus de s’attaquer aux racines du mal,ont choisi une irresponsable fuite en avant.Le tournant de l’hyper-austérité que vient de prendre l’Union européenne;sa capitulation devant la boulimie des marchés financiers;son arrogance vis-à-vis des Etats membres en difficulté;sa prétention à piétiner partout,non seulement les acquis sociaux les plus emblématiques -comme la retraite – mais la souveraineté populaire elle-même,par exemple en s’arrogeant un droit de contrôle des budgets nationaux préalablement à leur examen par les parlements concernés, ne nous donnent qu’une petite idée de ce que nous réserve un système qui s’embale.Il ne s’agit pas d’un mauvais moment à passer.Un nouvel engrenage est enclenché,dont nul ne peut dire jusqu’à quelles extrémités il peut nous entrainer.

Voilà pourquoi ce n’est pas une « régulation » du système à la marge qui nous protègera du pire.C’est d’un processus de ruptures progressives avec la logique et les règles en vigueur que nous avons besoin.Ce que Pierre Laurent,citant Jean Jaurès,a appelé « une évolution révolutionnaire ».Dans le sens d’un dépassement du capitalisme.Or,nous ne relèverons pas un tel défi dans les limites de l’Hexagone.Une coopération étroite avec toutes les forces de la gauche européenne qui y sont prêtes ne peut plus être une sorte de supplément d’âme:elle est désormais une composante essentielle de toute action crédible visant à transformer la société.Pierre Laurent a traduit cette exigence par un appel à « des efforts de convergence redoublés ».

Le Forum social européen va offrir une occasion d’avancer dans cette voie.C’est le 6e rendez-vous de ce type que se fixent des miliers d’acteurs sociaux du continent.Mais celui de cette année aura la particularité de se situer en pleine offensive des « marchés »-et des gouvernements à leur service – contre les peuples.Le besoin de réponses de fond,impliquant des choix politiques,s’y exprimera nécessairement.Des pas qualitatifs peuvent donc être franchis lors des nombreuses rencontres d’Istambul,dans le sens des convergences souhaitées.

Quant au Parti de la Gauche européenne (PGE) -dont le PCF est un membre fondateur-il prépare , dans ce contexte brûlant,son 3e congrès,qui se tiendra pour la première fois à Paris,les 3 et 4 décembre prochains.Le moment est donc,là aussi,particulièrement propice aux confrontations d’expériences et d’idées ainsi qu’aux actions communes pour la résistance et l’alternative en Europe.D’ores et déjà,nous apprenons des luttes et des débats politiques en Grèce,au Portugal,en Espagne…Inversément,c’est avec beaucoup d’attention qu’un représentant du PGE a suivi les travaux du congrès du PCF.Mais, soyons lucides: le compte n’y est pas !Face à la coordination étroite,permanente et organisée entre les principaux dirigeants européens,la gauche fait pâle figure.Franchir une étape décisive dans le travail commun pour faire vivre,en liaison avec les luttes,des alternatives crédibles:tel est le défi à relever.Maintenant.

25 juin 2010 at 2:53 Laisser un commentaire

VERS UN FRONT PROGRESSISTE EUROPEEN ?

« La tragédie qui s’abat sur le peuple grec nous interpelle en tant que progressistes,en tant qu’Européens,en tant qu’élus ».Tels sont les premiers mots d’un appel à construire « une chaîne de solidarité d’ élus progressistes européens »,lancé il y a peu par le réseau REALPE (1).Parmi les signataires,on trouve de nombreux élus français-notamment communistes-, mais aussi allemands,belges,italiens,espagnols,portugais,grecs,néerlandais,irlandais,suédois,danois,tchèques,chypriotes…Au coeur de leur démarche:la volonté d' »unir nos forces » face à l’offensive visant à installer l’hyper-austérité dans toute l’Union européenne.Et dans le même temps,celle « d’engager un débat public entre élus progressistes européens sur les mesures alternatives à mettre en oeuvre à même de réduire cette insupportable dépendance des marchés financiers et de défendre le droit des peuples à la promotion de leurs capacités comme au respect de leur dignité et de leur souveraineté. »Voilà qui fait du bien.

Le même esprit anime un autre appel européen,signé,lui,à la fois par des responsables politiques -communistes,PG,Gauche unitaire,Alternatifs en ce qui concerne les Français -,des militants syndicaux et associatifs,des animateurs de réseaux altermondialistes – Transform! , ATTAC…- Et, parmi eux,de nombreuses personnalités progressistes de toute l’Europe,connues pour leur engagement respectif dans les luttes sociales et les combats pour l’émancipation humaine.Toutes et tous soulignent que « les populations n’ont pas à payer la crise des marchés financiers »et qu’il faut « réorienter les crédits vers des activités socialement utiles et écologiquement soutenables ».Ils en appellent à la « coopération » et à la « solidarité » en faveur d’un « nouveau type de développement ».Revigorant.

C’est le mérite de Patrick Lehyarick d’avoir pris,dans ce contexte,l’initiative d’organiser les 4 et 5 juin derniers,à la Mutualité à Paris,un forum offrant à ces courants d’opinion -et même au-delà- l’occasion d’exprimer leurs idées,de commencer à les confronter entre elles et d’en dégager des convergences pour l’action.(2)Avec en plus un beau symbôle:la co-animation des débats par des journalistes de l’Humanité et du quotidien de gauche grec AVGHI.On y a eu confirmation de l’existence d’une large communauté dr vues sur le diagnostic de la crise.Mais un quasi-consensus s’exprima également sur l’exigence de mettre en cause non tel ou tel dysfonctionnement de l’Union européenne,mais bien le type même de construction à l’oeuvre:celui qui a conduit les marchés financiers à acquérir un pouvoir de chantage sans précédent.Enfin,si des differences se sont naturellement fait jour sur les solutions,des propositions novatrices – comme celle de la création d’un Fonds européen de développement social ,financé non plus par appel aux marchés financiers,mais par des prêts très favorables de la Banque centrale européenne (création monétaire),sur la base de critères d’efficacité sociale,et moyennant des pouvoirs nouveaux d’intervention et de contrôle des salariés,des citoyens et des élus- ont suscité intérêt et reflexions.Un pas a été franchi dans la direction d’un Front progressiste européen.

——
1) »Réseau d’élus et d’ autorités locales progressistes européens »
2) »Quelle Europe nouvelle pour sortir de la crise ? »(Voir HD 10/6/2010)

17 juin 2010 at 10:34 Laisser un commentaire

L’EUROPE DE l’AUSTERITE ET L’ALIBI GREC

François Fillon a annoncé son plan d’austérité pour les trois prochaines années dans la foulée de la « crise grecque » et du psychodrame qui a suivi,avec Madame Merkel ,le Président de la Banque centrale européenne, M. Trichet,et le Conseil européen.On nous a fait comprendre que, si,après le Portugal,l’Espagne,voire l’Italie, nous ne voulons pas attirer,à notre tour,les foudres des marchés financiers,nous devons,au plus vite,rassurer les « investisseurs » et leurs agences de notations,en nous attelant à l’assainissement de nos comptes publics.Le même scénario servit dans d’autres pays européens.

En vérité,le drame de la Grèce a servi d’alibi pour « faire passer » un programme concocté de longue date avec les autorités de Bruxelles.La Commission Barroso,soucieuse de ramener au plus vite tous les pays dans « les clous »du Pacte de stabilité après les déficits publics sans précédent creusés par le sauvetage des banques en perdition,en 2008-2009,a adressé au gouvernement français – dès le 28 Avril…2009 – des « recommandations » solennelles la sommant notamment d’ « accélérer les efforts d’assainissement budgétaire (…) en respectant ses objectifs (…) de croissance zéro des dépenses publiques.Cet effort devrait aller de pair – avait dûment précisé Bruxelles – avec une nouvelle amélioration (!) des systèmes de retraite afin d’assurer la viabilité à long terme des finances publiques. » (Traduction:les pensions doivent coûter moins cher à la Sécurité sociale…)Nicolas Sarkozy accepta d’emblée de se plier à ces injonctions (dont il avait lui-même contribué à élaborer les principes),mais tenta,dans un premier temps – calendrier électoral oblige – d’étaler sur quatre ans au lieu de trois le retour aux sacro-saints 3% de déficits publics.La Commission refusa net et demanda – dès Octobre dernier – que la France,ainsi que…19 autres pays membres sur 27,soient placés en procédure de « déficits excessifs » (1).

La France s’engagea alors à diminuer en trois ans (2011,2012,2013) de 100 milliards d’Euros les déficits de l’Etat,mais aussi des collectivités territoriales et de la Sécurité sociale.Cet engagement fut consigné par écrit en Janvier 2010.Ce « paquet »représente pas moins de 5% de l’ensemble des richesses produites en France en une année – un degré de « rigueur » jamais atteint jusqu’ici dans notre pays en temps de paix -.Il toucherait jusqu’aux catégories les plus modestes ou les plus vulnérables de la société : aide au logement;allocation adulte handicapé; prestations sociales des communes,des départements et des régions;dépenses de santé et, bien sûr,retraites.Pourtant,ces derniers jours,le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires,M.Ohly Rehn,a émis des doutes sur le fait que les mesures prévues – y compris la suppression de 100 000 postes supplémentaires de fonctionnaires et d’agents publics sur trois ans – suffiraient,en l’absence de croissance,à atteindre les 100 milliards d’Euros en question.Il n’est donc pas exclu que le gouvernement prépare,dans l’ombre,des « économies » additionnelles…

Cette cogestion de l’austérité entre Bruxelles et Paris va d’ailleurs connaitre sous peu un moment fort qui doit attirer notre attention : à la mi-Juin,la Commission fera connaitre son jugement définitif sur la viabilité des « efforts » de la France.Quelle sera la réaction du gouvernement ? Et celle de nos concitoyens et concitoyennes?Ce combat ne fait décidément que commencer.

—(1)—
J’avais explicité ces faits à l’époque dans deux chroniques de l’ « Humanité-Dimanche (28/5/2009 et 22/10/2009)

10 juin 2010 at 10:07 Laisser un commentaire

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