Archive for février, 2011

MERCI ZAHIA ZIOUANI !

Les soulèvements populaires en Tunisie puis en Egypte ont suscité en nous toutes et tous émerveillement,respect et espoir.Qui,après cette (re)découverte,n’a pas envie de faire quelque chose pour le rapprochement des peuples des deux rives de la Méditerranée, dans toute leur diversité? Là où l’Union européenne a lamentablement gâché cette chance en menant dans l’impasse du libre-échange et de la chasse aux migrants aussi bien son projet « Euromed » lancé en grande pompe en 1995 que l' »Union pour la Méditerranée » portée sur les fonds baptismaux par Nicolas Sarkosy en 2008,de simples citoyens ou citoyennes,sans moyens mais riches de leur générosité et de leur passion, réussissent des prodiges sous nos yeux.

J’ai la chance de connaitre l’une de ces batisseuses de passerelles et je brûle de la présenter à qui ignore l’étonnante saga qu’elle est en train de faire naitre. »Elle »? C’est Zahia Ziouani,jeune et talentueuse Chef d’orchestre à qui une réalisatrice,Valérie Brégaint,a eu l’idée lumineuse de consacrer un film, à voir absolument. ARTE a eu l’heureuse initiative de le diffuser lundi dernier,malheureusement à une heure où beaucoup de téléspectateurs ont tendance à tourner le bouton.(1)Espérons que d’autres occasions seront créées pour offrir à un plus large public l’occasion de s’imprêgner de ce message d’humanité.

Qui est Zahia? Fille de parents algériens vivant en France, musicienne depuis l’âge de huit ans,elle dirige le Conservatoire de Stains, en Seine-Saint-Denis-une ville et un département où elle s’épanouit, comme le révèlent les images saisissantes d’une Fête de la Musique particulièrement conviviale sur la place de la Mairie. C’est dans cette ville qu’elle fait découvrir la beauté de la musique symphonique à d’adorables petits apprentis-instrumentistes de toutes origines,subjugués tant par le charme de leur cuivre ou de leur violon que par la gentillesse et le tempérament de leur « Chef ». Et c’est également là qu’avec une souriante autorité naturelle elle dirige la centaine de musiciens confirmés -dont son inséparable soeur jumelle Fettouma- de son propre orchestre symphonique (« Divertimento »). Mais le film nous transporte aussi au coeur d’Alger où Zahia,qui n’oublie pas sa double culture,tient au bout de sa baguette…l’Orchestre Symphonique National ,avant de se faire aduler par les gens de la rue, trop heureux de reconnaitre « leur » Chef d’Orchestre.Emouvant moment de bonheur,aussi,quand trois générations de cette famille si attachante se retrouvent dans la fascinante capitale algérienne, savourant le plaisir simple d’être ensemble.

Magnifique parcours que celui de Zahia! Comme l’a fait remarquer le Directeur de la Cité de la Musique, à Paris, il s’agit d’une profession « où l’on est considéré jeune jusqu’à 60 ans » et « en pleine maturité » au-delà, mais où des Chefs déjà reconnus sont rares à l’âge de Zahia…et les femmes quasi-inexistantes.C’est dire la perspective qui attend la brillante et modeste « Chef d’Orchestre entre Paris et Alger ». Merci Zahia: que votre exemple serve de leçon à qui veut unir vraiment les peuples et les cultures des deux rives de « Notre Mer ».

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(1) »Zahia Ziouani:une Chef d’Orchestre entre Paris et Alger ».

24 février 2011 at 10:42 Laisser un commentaire

LE TOLLE!

Les dirigeants européens feraient bien de méditer sur les révolutions tunisienne et égyptienne.  Car, au-delà des dissemblances évidentes entre ces ex-régimes autocratiques et les systèmes politiquement beaucoup plus sophistiqués qui régissent nos Etats et l’Union européenne elle-même, il y a des aspects plus universels que certains voudraient bien le penser dans les événements historiques que nous vivons en direct, depuis quelques semaines.  Gare, par exemple, aux crises de légitimité qui minent peu à peu des pouvoirs coupés des citoyens.  Incapables de sentir le sol se dérober sous leurs pas, ils ne prennent pas la mesure du danger et continuent de foncer tête baissée…dans le mur. 

         Le comportement des principaux leaders européens – en premier lieu, Angela Merkel, et son zélé chevalier servant, Nicolas Sarkozy – s’apparente de plus en plus à ce type de schéma.  Obnubilés par la puissance grandissante des marchés financiers, ils semblent ne plus avoir qu’un seul objectif: leur donner des gages – toujours plus de gages – pour conserver leurs bonnes grâces (symbolisées par la fameuse note AAA des agences de notations), apparemment sans se soucier de l’acceptabilité de leurs mesures par les premiers concernés: les peuples!  Ainsi viennent-ils, coup sur coup, d’instaurer dans toute l’Union européenne un régime d’hyper-austérité sans précédent; d’imposer aux pays qui sont dans le collimateur des « marchés » une régression sociale féroce et une mise sous tutelle humiliante; d’annoncer une renégociation du pacte de stabilité dans un sens encore plus contraignant; de mettre en place le mécanisme dit du « semestre européen » qui force chaque pays membre à soumettre son projet de budget à Bruxelles avant son examen par son propre parlement…  Et voilà qu’ils nous préparent le bouquet: le « pacte de compétitivité » dont la mise en œuvre ferait voler en éclats ce qu’il reste du contrat social et toute une série d’acquis démocratiques sur lesquels nombre de nos sociétés se sont construites depuis la Libération! (voir chronique HD 3/2/2011)  

         Pas étonnant que ce projet provoque un tollé!  Y compris au niveau de certains gouvernements qui, plus lucides, craignent une déstabilisation intérieure.  Mais surtout parmi les acteurs sociaux et dans une partie de gauche européenne.  Ainsi, pour John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats – dont le ton employé est un bon baromètre du climat social en Europe -, il s’agit d’un « pacte pervers » qui vise à aller vers « un niveau de vie plus bas, davantage d’inégalités et un travail plus précaire. »  Dans une lettre publique, il a même comparé au Traité de Versailles ces nouvelles dispositions qui, à ses yeux, « réduisent les Etats membres à un statut quasi colonial ».  Bien vu! 

         Il n’étonnera personne que le patronat, lui, applaudisse à cette fuite en avant d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy: « C’est peut-être un moment décisif pour l’avenir économique de l’Europe » s’est extasiée Laurence Parisot.  Dans un certain sens, elle a raison: le moment est, en effet, décisif!  Nous voilà plus clairement informés que jamais sur ce vers quoi nous conduit l’actuelle « Europe » à moins d’un changement de cap fondamental tant au niveau des orientations politiques que sur le plan des structures institutionnelles européennes.  C’est le moment de favoriser l’implication des citoyennes et des citoyens dans ce débat; de mettre en lumière les transformations à imposer et de proposer dans cet esprit des actions concrètes et rassembleuses.  Tel est le sens de l’initiative lancée dans toute l’Europe par le Parti de la Gauche européenne (PGE) pour la création d’un « Fonds européen de développement social et de solidarité. »

17 février 2011 at 4:43 Laisser un commentaire

ALERTE ROUGE !

Prenons bien toute la mesure de ce qui est en train de se mettre en place au sommet de l’Union européenne -plus précisément autour d’Angela Merkel,fidèlement secondée par son faire-valoir français ! S’il était possible,sur le terrain politique comme cela se pratique sur le plan climatique,d’émettre un bulletin d’alerte à destination des Européens et des Européennes pour les mettre en garde et les inviter à se mobiliser,je choisirais,en l’occurence,l’alerte rouge!En effet,il suffit de mettre en cohérence les différentes pièces du puzzle annoncées dans la dernière période de divers côtés pour s’apercevoir qu’il s’agit non seulement d’un « saut qualitatif » de la zone euro vers son intégration,comme le reconnait l’Elysée,mais d’un projet de bouleversement des systèmes sociaux et des règles démocratiques en vigueur.L’approche choisie n’est pas loin de rappeler celle des « plans d’ajustements structurels » de sinistre mémoire,imposés naguère par le Fonds Monétaire International aux pays en voie de développement.

Ainsi,le « pacte de compétitivité » annoncé par la Chancelière allemande au Conseil européen du 4 février dernier n’a-t-il rien d’anodin! Il s’agit,ni plus ni moins, que de verrouiller au sommet les politiques nationales en matière de salaires,de temps de travail,de retraites,de fiscalité sur les entreprises, de traitement de la dette publique… C’est une caricature d’harmonisation. En effet, les objectifs avancés pour justifier une telle « coordination » -stimuler les « réformes »(libérales);accroitre la « compétitivité »;assurer la « stabilité » de la zone euro; »rassurer » les marchés financiers…- suffisent à nous indiquer dans quel sens on prétend « harmoniser » nos modèles sociaux: vers le moins disant, avec en prime la mise sous tutelle, le déni de souveraineté populaire.

Madame Merkel n’a pas caché son souhait de voir les pays de la zone euro aligner leur régime de retraite sur celui en vigueur en Allemagne (67 ans)! C’est ce que vient de faire,en Espagne, M Zapatero, aussitôt félicité par la Chancelière pour avoir « fait ses devoirs »! M Sarkozy attend sans doute ses propres lauriers s’il réussit à imiter Berlin en inscrivant dans la Constitution française l’obligation de lutter contre les déficits publics…La nouvelle « Dame de fer » a, en revanche, fustigé la Belgique coupable d’indéxer les salaires sur les prix. Les vannes étant grandes ouvertes, les idées les plus saugrenues sont déclarées « pertinentes » et promises à un examen attentif pourvu qu’elles soient orientées dans le « bon » sens – y compris celle de neuf gouvernements, principalement d’Europe centrale et orientale,réclamant un assouplissement des critères concernant la dette des Etats pour les pays appliquant… »les systèmes de retraites par capitalisation (si) cruciaux pour renforcer la stabilité à long terme des finances publiques en Europe »!

Un « plan global » d’ « Union économique » nous étant annoncé pour le Conseil européen des 24 et 25 mars prochains, nous reviendrons abondamment sur ce défi de classe, sur les premières -et encourageantes- réactions qu’il suscite et les choix politiques de fond qu’il impose à la gauche européenne.

10 février 2011 at 12:00 1 commentaire

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