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ALLEMAGNE : SAHRA WAGENKNECHT JOUE AVEC LE FEU !
Les milliards dépensés par la Chancelière depuis 2015 pour accueillir des migrants « auraient permis d’aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne »; « Plus de migrants économiques signifie plus de concurrence pour décrocher des jobs dans les secteurs à bas salaires »; l’Allemagne ne dispose pas « de suffisamment de moyens pour ses citoyens les plus démunis, ses logements sociaux ou ses écoles bondées »…Nous sommes nombreux à nous être frotté les yeux, cet été, en lisant dans la presse ces citations de l’une des figures de « Die Linke », dont elle co-préside le groupe au Bundestag : Sahra Wagenknecht !
On nous dira : il y a pire ! Depuis Salvini , à l’extrême-droite, qui refuse de laisser débarquer les passagers des bateaux de sauvetage en haute mer , jusqu’au ministre de l’intérieur allemand , à la droite extrême, qui exprime sa « compréhension » du pogrom de Chemnitz contre les étrangers , en passant par le Président de la République tchèque, Milos Zeman, social-démocrate, pour qui « l’ennemi, c’est cette anti-civilisation qui s’étend de l’Afrique du Nord à l’Indonésie » ! Sahara Wagenknecht, elle, se dit en accord avec son parti pour la reconnaissance du droit d’asile ou le regroupement familial; elle ne prône pas d’expulsions massives ni ne fustige l’islam. Mais on attend beaucoup plus de la part d’une dirigeante, qui plus est très médiatisée, du seul authentique parti de gauche d’un pays comme l’Allemagne ! Or, elle est, de fait, en train -vraisemblablement à son corps défendant- de rompre l’une des dernières digues protégeant les repères « de classe » et les valeurs humanistes dans une société dangereusement menacée par un début de retour de ses vieux démons.
Nul ne lui reprocherait -au contraire !- d’ouvrir un débat serein sur les migrations dans le monde actuel et la nécessaire recherche de solutions humaines et pérennes aux problèmes dramatiques qu’une gestion à courte vue de ce phénomène durable engendre, tant dans les pays de départ que dans les pays d’accueil et d’abord pour les réfugiés eux-mêmes. Mais, comment peut-on, comme femme de gauche, accréditer l’idée que la première puissance de l’Union européenne, qui accumule 250 milliards d’euros d’excédents commerciaux par an, n’a pas « suffisamment de moyens » pour financer ses services publics et venir en aide à ses « citoyens les plus démunis » à cause des personnes migrantes ! Contribuer ainsi -en contradiction avec les batailles justes qu’elle mène par ailleurs avec son parti- à orienter le très légitime ressentiment des millions de laissés-pour-compte du modèle Schroeder-Merkel vers les migrants est la dernière chose à espérer d’une militante ou d’un militant de gauche comme Sahra Wagenknecht.
Alors, comment comprendre la raison de cette stratégie -car c’en est une, testée au congrès de juin 2018 de « Die Linke » et mise en échec sous les huées par la grande majorité des délégués- de la part d’une dirigeante intelligente, talentueuse et, par ailleurs, très engagée dans les luttes de son parti ? Elle vient de s’en expliquer elle-même : « Ce mouvement doit créer une pression sur les partis déjà existants pour que notre politique soit portée par une majorité. La transition du Parti de gauche vers la France insoumise est un peu notre modèle (…) FI parvient à atteindre un électorat beaucoup plus important que le nôtre. Nous voulons faire la même chose. » (1) Non Sahra : La fin ne justifie pas les moyens. Tu joues avec le feu !
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(1) Interview à « Midi Insoumis, Populaire et Citoyen » (7/9/2018). Lire aussi l’inquiétant entretien de Djiordje Kuzmanovic publiée sur le site de « L’Obs » et la réponse de Roger Martelli dans « Regards » (9/9/2018).
GUERRE OU PAIX : 3 GRAVES MENACES A SUIVRE EN 2018
Le monde hérite en 2018 de nombreuses zones de conflits ou susceptibles de s’embraser suite à l’irresponsabilité effarante de « dirigeants » de premier plan, au premier rang desquels figure le chef de la « puissance indispensable », Donald Trump. Trois graves menaces du point de vue de la sécurité internationale sont à suivre tout particulièrement : dans la péninsule coréenne ; en Palestine; en Ukraine .
En Corée, un espoir de détente s’est levé à l’occasion du Nouvel An, quand le leader nord-coréen a, à la surprise générale, proposé de rencontrer son homologue du Sud « pour discuter de la participation » de Pyongyang aux Jeux Olympiques qui se dérouleront à Séoul en février prochain et , plus généralement, de « l’amélioration des relations inter-coréennes ». Le « téléphone rouge » entre les deux capitales va d’ailleurs rouvrir. Le Président sud-coréen a aussitôt saisi la balle au bond en proposant de tenir ces pourparlers dès le 9 janvier et en priant Washington de suspendre les méga-manoeuvres militaires prévues sous peu -comme chaque année !- dans la péninsule . « On verra, on verra » a répondu Trump, envisageant au mieux de décaler de quelques semaines cette gigantesque provocation et non d’y renoncer comme l’y invitent depuis longtemps Pékin et Moscou ! Arrivera-t-on à empêcher la Maison Blanche de gâcher cette chance de relancer le dialogue dans la poudrière coréenne ? On aimerait entendre la France et l’Europe s’exprimer fortement sur cet enjeu crucial…
Au Proche-Orient, non content d’avoir, le mois dernier, scandaleusement encouragé les pires ultras en Israël en leur accordant sa caution sur l’annexion de Jérusalem, le pyromane de Washington vient de menacer de suspendre la contribution américaine -369 millions de dollars par an !- à l’Agence des Nations-Unies en charge des réfugiés palestiniens (l’UNRWA) si l’Autorité palestinienne… « refuse de négocier le traité de paix qui se fait attendre depuis trop longtemps avec Israël » ! La concrétisation de cette incroyable menace risquerait de pousser à bout ces 5,2 millions de Palestiniens les plus fragilisés, qui vivent, de génération en génération, depuis 1948, dans 59 camps répartis en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est, mais aussi dans les autres pays de la région. Rappelons que c’est pour suppléer au refus d’Israël d’assumer ses responsabilités de puissance occupante qu’a été créée l’UNRWA, afin d’assurer les services sociaux, la santé, l’éducation et l’aide humanitaire indispensable aux Palestiniens chassés de leur terre. Voudrait-il provoquer l’explosion du désespoir que l’inqualifiable personnage américain ne s’y prendrait pas autrement. Là encore, l’inertie de Paris et de Bruxelles est consternante.
En Ukraine enfin, on notait avec un peu d’espoir un léger bouger, le 27 décembre dernier, lorsqu’a fini par aboutir le très attendu échange massif de prisonniers, sans précédent, entre Kiev et le Donbass. Il s’agissait enfin d’un début de mise en oeuvre d’un point des accords de paix de Minsk. C’était compter sans l’incommensurable irresponsabilité de Washington qui annonça quasiment au même moment son intention de fournir des armes létales lourdes -lance-roquettes; missiles antichars…- au pouvoir ukrainien, au risque de déclencher une nouvelle escalade meurtrière dans la région. Ce à quoi Emmanuel Macron et Angela Merkel ont réagi en se contentant de rappeler, sans autre considération, « leur attachement à la mise en oeuvre intégrale des Accords de Minsk »… Voilà pourquoi il est si important que l’enjeu de la guerre ou de la paix devienne ou redevienne une grande question populaire.
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