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ITALIE : CHRONIQUE D’UN DÉSASTRE ANNONCÉ !

Longtemps profondément « européiste »,  l’opinion italienne a basculé lors de la crise de la zone euro et de sa gestion calamiteuse , tant par la « classe politique » de la péninsule que par l’UE.

2010: les « marchés » ciblent les pays les plus endettés en augmentant de plus en plus le coût des emprunts des Etats. La grèce est leur première victime, vite suivie par l’Irlande et le Portugal. L’Italie prend les devants: le très réactionnaire Berlusconi -flanqué de son allié d’extrême-droite, la Ligue du Nord- décide un premier plan d’austérité (25 milliards d’euros d’économies) pour rassurer les « investisseurs » .

2011 (Juillet) : l’Italie est attaquée à son tour. Berlusconi et ses alliés font adopter un deuxième plan d’austérité (48 milliards d’économies) censé éponger les déficits d’ici 2014. Cette purge suscite un tollé dans le pays…sans convaincre les « marchés »: les taux d’intérêt grimpent.

-2011 (5 août) : paniqués, Jean-Claude Trichet , encore président de la Banque centrale européenne (BCE) , et Mario Draghi, son successeur désigné, adressent au Chef du gouvernement italien une lettre en forme d’ultimatum d’une arrogance inouïe. Afin de « restaurer la confiance des investisseurs », ils exigent « des mesures immédiates et courageuses » (à prendre par décrets ) telles que : « la libéralisation des services publics locaux » et des « privatisations à grande échelle »; une « baisse des salaires » des fonctionnaires ; une « réforme des conventions collectives » permettant d’ « adapter les salaires et les conditions de travail »; un « passage en revue en profondeur des règles concernant embauches et licenciements »; un  « durcissement de la législation fiscale » et une réforme de l’administration publique pour la rendre plus « favorable aux entreprises » (« business friendly ») ! Berlusconi (et sa coalition) s’exécutent aussitôt en accélérant l’application des mesures déjà décidées et en en rajoutant une double couche : 20 milliards d’euros  d’économies supplémentaires en 2012 et 25 autres en 2013. Rien n’y fait : les taux d’intérêt continuent de monter, la consommation et les investissements de baisser. La récession s’installe. Berlusconi est poussé vers la sortie et remplacé en novembre 2011 par…un ex-commissaire européen, Mario Monti, qui poursuit aussitôt la fuite en avant austéritaire, avant d’être balayé à son tour aux élections de 2013, marquées par le succès de la rhétorique (alors de gauche) du mouvement « 5 étoiles » . L’année suivante, c’est Matteo Renzi qui devient le nouvel « Homme providentiel » : son parti  de « centre-gauche » recueille 40% aux élections…européennes, avant que cette nouvelle illusion ne se dissipe à son tour, laissant la place au désarroi. La « Ligue » comme les « 5 étoiles » changeront de leader et feront alliance. On connait la suite (provisoire).

De quoi faire réfléchir à une légitime « obsession » du PCF : rassembler en France et dans l’UE les forces prêtes à faire appel à l’intelligence des citoyens dans le combat décisif pour changer l’ « Europe » et notamment  les missions de la BCE, afin d’en finir avec la dictature des « marchés » et d’imposer le respect de la souveraineté des peuples, ce droit imprescriptible de choisir son destin.

7 juin 2018 at 10:29 Laisser un commentaire

NOUVELLE CRISE POUR L’EUROPE !

wurtz-l-humanite-dimancheLes deux scrutins de dimanche dernier ont abouti à des résultats très différents mais soulèvent des questions semblables. En Autriche, le cataclysme tant redouté a été, une nouvelle fois, évité : le représentant de l’extrême droite n’accèdera pas à la tête de l’ Etat ! Nous ne bouderons pas le plaisir de ne pas avoir à déplorer un désastre sans précédent dans l’histoire de la construction européenne . Pour autant, il serait irresponsable de banaliser le fait qu’un parti comme le FPÖ -partenaire du FN au Parlement européen- ait la moindre chance de parvenir au pouvoir dans un pays de l’UE ! De fait, si l’on s’en tenait au soulagement, le sursis risquerait d’être de courte durée : en Autriche, les élections législatives -bien plus décisives, dans ce pays, que le scrutin présidentiel- se tiendront en 2018…C’est dire s’il est vital d’être au clair sur les raisons profondes de cette grave anomalie démocratique afin de s’y attaquer sérieusement !

Pour certains, la réponse à cette question est toute trouvée : « c’est la crise des réfugiés ». C’est oublier que le FPÖ était à plus de 20% bien avant cette « crise » ! En vérité, par delà les spécificités historiques de ce pays, l’essentiel du terreau sur lequel prospère ce poison en Autriche est bien connu en Europe, et particulièrement en France : les reculs sociaux et la peur du déclassement; l’absence de perspective et le sentiment d’être abandonné; et surtout, dans la pratique traditionnelle des principaux partis, un effacement poussé à l’extrême de tout ce qui oppose sur le fond la droite et une gauche digne de ce nom. La situation politique en Autriche est, à cet égard, encore plus désespérante qu’en France : non seulement, la règle nationale est celle de la « grande coalition » Droite-PS, mais chacune de ces deux familles politiques a noué sans le moindre scrupule, dans deux Länder, une alliance de gouvernement avec l’extrême droite ! (1) Difficile de faire pire en matière de torpillage des repères politiques…

Quant à l’issue du référendum constitutionnel en Italie, si elle ouvre une nouvelle -et potentiellement dangereuse- crise en Europe, ce n’est pas en raison de la victoire du NON, mais du fait du champ de ruines politique laissé derrière lui par Matteo Renzi -dont les représentants au Parlement européen siègent avec les députés socialistes. Celui qu’on surnommait « le démolisseur » s’était donné « 1000 jours pour changer l’Italie ». Ce cap vient d’être franchi. Le résultat du référendum qu’il vient d’organiser -en mettant son mandat en jeu- consacre logiquement le bilan des « changements » qu’il a promus. Parmi ceux-ci, outre la réduction des dépenses publiques et et les exonérations de cotisations patronales, personne n’a oublié l’emblématique et scandaleux « Jobs Act » qui a littéralement démoli le droit du travail, facilité les licenciements abusifs, et fait exploser la précarité de l’emploi. Et évidemment, aucun des effets annoncés de cette « baisse du coût du travail » et de cette « flexibilisation du marché du travail » ne s’est avéré : la croissance est inférieure à 1% et le chômage frappe 12% de la population, dont plus d’un jeune sur trois ! Vérité en-deçà des Alpes, et vérité au-delà : en France comme en Italie, la trahison des espoirs engendre des réactions de désespoir. En Italie aujourd’hui, elles donnent des ailes aux xénophobes de la Ligue du Nord, réveille les appétits de Berlusconi et gonflent le score du démagogue qui se veut le plus « radical »: le chef du « Mouvement cinq étoiles ». Beau bilan pour le « réformateur Renzi ! Voilà qui devrait faire réfléchir sérieusement, parmi les militants et les électeurs se réclamant de la gauche en France, ceux qui continuent d’accepter -donc de couvrir- les co-responsables d’une politique qui ressemble dangereusement à celle qui vient d’échouer lamentablement en Italie.

——–
(1) Dans le Land de Haute-Autriche pour la droite; dans le Burgenland pour le PSÖ !

8 décembre 2016 at 8:00 Laisser un commentaire


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