Archive for août, 2022

EFFORTS  DIPLOMATIQUES  SUR  ZAPORIJIA : ENFIN !

Une catastrophe vient, peut-être, d’être évitée autour de la centrale nucléaire de Zaporijia ! Bien que rien ne soit encore joué à cet égard, de premières leçons peuvent sans doute être tirées de cette confrontation à hauts risques et de l’attitude des principaux protagonistes à son propos. 

La première est, de toute évidence, la gravité, chaque jour plus sensible, de la responsabilité prise par Vladimir Poutine en décidant d’envahir l’Ukraine ! Comme à chaque guerre, on assiste une fois de plus à un enchaînement infernal : l’hypothèse initiale de l’envahisseur d’une « guerre-éclair » vole en éclats; un engrenage aux rebondissements imprévisibles se met en place. Plus la situation se dégrade, plus grandit, de part et d’autre, la tentation de la fuite en avant, au prix de pertes humaines démesurées, de prises de risques inconsidérés, d’irresponsables chantages à la catastrophe . Jusqu’au jour où des « lignes rouges » seraient brusquement franchies : par exemple, une cible jugée trop emblématique pour permettre à chacun des « camps » de reculer sans perdre la face…Kaliningrad pourrait en être une, dans le cas d’un blocus de l’enclave russe dans l’UE, du fait de sa connotation historique liée à la victoire soviétique contre le nazisme; la Crimée est peut-être en train d’en devenir une autre, la charge symbolique immense que revêt pour la majorité des Russes le « retour de la province perdue » étant ébranlée par les explosions mystérieuses qui s’y produisent depuis quelques jours…Le cas de Zaporijjia était, dans ce contexte extrêmement tendu,  à analyser avec beaucoup de sang froid et d’esprit de responsabilité -deux qualités rares en temps de guerre, personne ne souhaitant paraître céder face à l’ennemi. C’est dire si la situation était (et reste) grave.

Ainsi, alors que les échanges de tirs de mortiers se multipliaient depuis le 5 août autour de la centrale, au risque de finir, par exemple, par entraîner une coupure d’alimentation des circuits de refroidissement des réacteurs, comme à Fukushima, on pouvait, certes, considérer que la responsabilité de toute cette tragédie incombe à la Russie -ce qui est fondamentalement vrai- et que, par conséquent, il fallait mettre Poutine au pied du mur, en exigeant qu’il retire ses troupes de la centrale avant toute visite approfondie du site par des experts de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Telle était , jusqu’à ces derniers jours, la position de Kiev , reprise par les dirigeants occidentaux. C’était une option qui, pour légitime qu’elle fût, comportait pour toute l’Europe -et en premier lieu pour l’Ukraine- un risque inouï, difficile à assumer. La raison l’a, à ce stade, emporté. L’AIEA devrait se rendre sur place, malgré la présence des troupes russes (une concession de Kiev), mais en passant par l’Ukraine (une concession de Moscou) . Un cessez-le-feu s’imposera de fait.  

Une fois de plus -après le précédent de l’accord sur la reprise des exportations de céréales- c’est le choix de  la diplomatie qui a permis d’éviter le pire : par la discussion avec Kiev d’abord, puis avec Moscou , le 15 août, grâce au dialogue entre le Secrétaire général de l’ONU et le ministre russe de le défense, suivi, le 19 août,  par l’échange Macron-Poutine. Il était temps !

25 août 2022 at 6:12 Laisser un commentaire

CETTE ALLÉGEANCE QUI PROSCRIT TOUT SENS CRITIQUE…

Trois faits convergents intervenus ces derniers jours sont suffisamment graves pour qu’il soit utile d’y revenir. Ils ont en commun de contribuer à installer dans le pays un climat d’intolérance en montrant du doigt quiconque exerce son sens critique sur des sujets réputés sensibles. Au nom du « Qui ne dit mot consent », ne pas réagir à ce rabougrissement du débat public pourrait être interprété comme une acceptation tacite de cette culture de l’allégeance au « camp » dominant dans chacun des domaines concernés. Parlons donc franchement.

La première de ces « affaires » est celle provoquée par -excusez du peu !- le Garde des sceaux en personne à propos du désormais fameux projet de résolution de 38 députés de la NUPES, qui condamnait « l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ». Le ministre, rappelons-le, avait, sur cette base, insidieusement accusé les députés de gauche d’antisémitisme, à l’instar de la pratique honteuse d’un Netanyahu comme de ses successeurs à l’égard de quiconque exprime une critique de fond de leur politique discriminatoire à l’égard des Palestiniens. Une chose est de désapprouver  l’usage, en l’occurrence, du terme d’apartheid : cela fait partie du débat normal en démocratie , même si, outre Amnesty International ou Human Rights Watch, la très respectée organisation israélienne B’Tselem ou la courageuse journaliste du quotidien israélien Ha’aretz, Amira Hass, entre autres, prennent cette notion à leur compte, et que la loi de 2018 sur « l’Etat-nation du peuple juif » institue officiellement la ségrégation…Ce qui est, en revanche, totalement inadmissible est de proscrire le débat de fond par le chantage à l’antisémitisme ! Tout démocrate devrait s’insurger contre cette dérive ignoble.

La deuxième affaire, également déplorable, est l’entreprise de culpabilisation menée par nombre de commentateurs contre les auteurs du rapport d’Amnesty International (A.I.) accusant l’armée ukrainienne de mettre des civils en danger, notamment en établissant des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux. Si le Président Zelensky estime que A.I. tente ainsi « d’amnistier l’Etat terroriste russe », c’est son affaire. Rien ne devrait, pour autant, altérer le débat : oui, l’Ukraine est l’agressée et la Russie l’agresseur, mais les exactions des troupes russes ne rendent pas caduque la question des pratiques éventuellement condamnables de l’armée de Kiev. La seule question qui vaille est donc de savoir si les preuves apportées par A.I. sont contestables ou non. Le débat de fond, pas l’allégeance.

Enfin, l’accusation de « reprendre les éléments de langage de Pékin » (Antoine Bondaz)  lancée contre les rares dirigeants politiques  qui ont désigné la visite de Nancy Pelosi à Taïwan en pleine crise internationale par le terme approprié (« provocation ») est, là encore, une façon de troquer le nécessaire débat de fond contre l’injonction à s’aligner sur les positions d’un « camp », en l’occurrence le camp occidental. « Ayez le culte de l’esprit critique ! » conseillait, en grand scientifique, Louis Pasteur. C’est plus vrai que jamais.

19 août 2022 at 6:29 Laisser un commentaire

L’ ARROGANCE DANS LES RELATIONS « OCCIDENT »-SUD

Qui ne se souvient de l’élégante sortie de Nicolas Sarkozy, à Dakar, le 26 juillet 2007 : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire » ! La plupart des commentateurs avaient souligné que ce type de cliché très « françafricain » contribuait à dégrader l’image de la France en Afrique. Cette évidence n’a pas empêché Emmanuel Macron de récidiver, 15 ans plus tard, jour pour jour, le 26 juillet dernier, à Yaoundé (Cameroun) en accusant « en particulier » l’Afrique d’ « hypocrisie » à propos de la guerre russo-ukrainienne, pour ne pas avoir choisi de se ranger dans le camp occidental contre la Russie. « Je ne suis pas dupe », renchérit même le Président français, en mettant le refus africain de s’aligner sur les positions occidentales sur le seul compte des « pressions diplomatiques » auxquelles l’Afrique aurait eu la faiblesse ou la naïveté de céder.

 Le Chef de l’Etat ne pouvait pourtant pas ignorer que l’Union africaine avait, dès le 25 février, condamné l’invasion russe en Ukraine et appelé à un cessez-le-feu immédiat en s’alarmant du risque de voir ce conflit dégénérer en un « conflit planétaire » .  Qu’importe, le lendemain, au Bénin, Emmanuel Macron poussera la condescendance jusqu’à vouloir éclairer ses interlocuteurs sur la nature coloniale de la Russie en des termes dignes de « Tintin au Congo » : « Quand vous les voyez poindre leur tête chez vous -déclara-t-il en bon maître d’école-  n’y voyez pas autre chose, même s’ils vous tiennent le discours inverse » ! Est-il donc si difficile aux « élites »occidentales de comprendre que c’est précisément ces marques d’arrogance qui poussent les Africains -les peuples plus que les dirigeants, d’ailleurs- , quoiqu’ils pensent de la Russie ou de la Chine, à refuser de se ranger derrière leurs anciens colonisateurs et les puissances dominantes en général ?

Sur un autre registre, mais pratiquement au même moment, outre-Atlantique, Nancy Pelosi, la Présidente démocrate de la Chambre des Représentants des Etats-Unis, annonçait son intention de se rendre à Taïwan, en pleine conscience du fait que cet acte serait vu par Pékin, dans le contexte actuel, comme une provocation suffisamment dangereuse pour inciter la Président Biden à prévenir publiquement son alliée que « les militaires (américains) pensent que ce n’est pas une bonne idée maintenant » ! Est-ce bien là , en effet, pour le Congrès américain, la priorité diplomatique du moment ? D’autant que -rappelons le- Washington, comme la quasi-totalité des gouvernements du monde, s’il s’oppose légitimement à toute tentative de « reconquête » de l’île par la force, reconnaît le principe d’ « une seule Chine », déniant toute idée d’indépendance à l’île rebelle…

Ce type d’initiative était, jusqu’ici,  réservé aux plus ultras des Républicains, toujours en quête d’aventures propres à montrer au monde que « l’Amérique » fait ce qu’elle veut, où elle veut, quand elle veut, quitte à creuser le fossé qui sépare toujours davantage des États occidentaux des pays représentant la majorité de l’humanité mais ont le grand tort de vouloir suivre une autre voie que celle balisée par la puissance actuellement dominante et ses dociles alliés. 

4 août 2022 at 4:42 Laisser un commentaire


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