Archive for août, 2010

Il faut relancer d’urgence le débat sur le climat

Durant cet été, des informations très préoccupantes concernant la lutte contre le réchauffement climatique sont passées largement inaperçues. Loin

d’avoir progressé depuis l’échec de la réunion préparatoire de Copenhague, les principaux États sont en passe de revenir sur les maigres acquis de 2009. Or, dans exactement trois mois (29 novembre), doit s’ouvrir à Cancun (Mexique) la conférence des Nations unies sur le climat, censée déboucher sur un accord global et contraignant. D’ici là, il ne reste qu’un rendez-vous intermédiaire, en octobre, en Chine. Les discussions sont pourtant bien mal engagées.

Ainsi apprenait-on, fin juillet, que le Sénat américain avait ajourné le vote du projet de loi sur l’énergie et le climat. Cela signifie que même l’engagement minimal du président Obama à Copenhague (la promesse de réduire de… 4 % d’ici à 2020 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis) risque de ne pas être ratifié par le Congrès de Washington. Cette incurie est d’autant moins acceptable qu’elle est le fait du pays dont le système économique porte, et de loin, la responsabilité la plus lourde dans la brutale augmentation des émissions, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale (de l’ordre

de 1 à 8). Les enjeux climatiques y sont au demeurant parfaitement connus : la NASA n’a-t-elle pas annoncé, durant ce même mois de juillet, que les six premiers mois de l’année ont été les plus chauds jamais enregistrés ?

Autre fait relevé cet été, qui a soulevé une

légitime colère parmi les pays du Sud, premières victimes des dérèglements climatiques qu’ils n’ont pas provoqués : le seul engagement chiffré pris à Copenhague par les pays industrialisés (verser 30 milliards de dollars aux pays en développement d’ici à 2012 dont 10 dès cette année pour les aider à « s’adapter » ) n’a pas connu, à ce jour, le moindre début d’application. Y compris de la part des États européens. Dans ce contexte, le nouvel échec de la dernière conférence sur le climat, qui s’est tenue presque en catimini à Bonn (Allemagne) début août, ne surprend guère mais inquiète beaucoup ! Sans une relance

sérieuse du débat public et de la mobilisation populaire à l’échelle nationale, européenne et internationale, il n’y a aucune chance

d’aboutir à des avancées réelles de la part des pays les plus puissants à même de débloquer les négociations globales.

« Il faudra une âpre bataille de classes pour que la logique de développement humain

durable supplante la logique capitaliste », souligne lucidement à ce propos Paul Sindic dans un ouvrage qui vient de paraître on ne peut plus opportunément (1). Ancien cadre d’une multinationale de l’énergie, l’auteur illustre, en expert rigoureux et pédagogue, l’affrontement entre ces deux logiques. Militant progressiste, il ouvre le débat, tant sur les « fausses solutions du marché » que sur les « limites de l’idéologie écologique dominante ». Réchauffement climatique ; crise environnementale ; crise énergétique… le champ couvert est vaste. On n’est naturellement pas obligé de partager toutes les analyses ou propositions de cet homme de convictions, mais il est difficile de ne pas le suivre dans son

vibrant appel à relever le défi de la « misère du Sud » ou dans sa conclusion que « nous sommes en quelque sorte obligés de dépasser le capitalisme si nous ne voulons pas que l’humanité sombre dans les guerres et la barbarie ». à lire sans attendre !

(1) « Urgences planétaires », Paul Sindic, Éditions Le Temps des cerises, 14 euros.

26 août 2010 at 8:21 Laisser un commentaire

L’internationale « brune » se retrouve à Tokyo…

Le 15 août 2010 correspond au 65e anniversaire de la capitulation du Japon à l’issue de la Secon-de Guerre mondiale. Pour ses voisins, ce jour symbolise également la fin des agressions militaires et de la domination coloniale de l’Empire nippon. Geste appréciable : cette année, pour la première fois depuis plus d’un quart de siècle, aucun ministre Japonais n’est venu visiter, en cette journée historique,le sanctuaire de Yasukuni. Le nouveau chef du gouvernement de Tokyo a même annoncé sa décision – contrairement à ses prédécesseurs – de ne pas se rendre dans ce lieu pendant toute la durée de son mandat. C’est ce que réclamaient avec force et depuis longtemps les mouvements pacifistes du pays, également très engagés dans la commémoration à la mémoire des victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, comme dans la mobilisation pour la prohibition de l’arme nucléaire.

Yasukuni est, en effet, une institution dédiée à la glorification du passé le plus exécrable du Japon : le militarisme, le nationalisme, le colonialisme et la guerre. Les 14 anciens dignitaires, condamnés à mort à la Libération par le tribunal international au procès de Tokyo (1946-1948) comme criminels de guerre « de classe A », y sont également vénérés !

Voilà où a décidé de se rendre, sans « aucun complexe », la veille de ce 15 août, Jean-Marie Le Pen, accompagné de son fidèle lieutenant – et spécialiste du… Japon, Bruno Gollnisch, par ailleurs rival de sa fille dans la bataille pour la succession ouverte au FN. Par cette nouvelle ignominie, le Front national espère sans doute reprendre la main après le lancement en haut lieu de l’entreprise de recyclage de ses thèmes favoris en France. De quoi confondre ceux qui cultivent l’illusion mortifère qu’en pillant le (bas) fonds de l’extrême droite, on tarirait sa source. L’histoire nous enseigne, au contraire, que la banalisation de cette idéologie, si l’on ne voit pas toujours où elle

commence, on sait désormais où elle peut finir.

19 août 2010 at 1:57 Laisser un commentaire

Europe : la diversité des langues en danger

Au début de l’été, le gouvernement a salué une « première » historique : la présence d’un ministre allemand (des Finances) à un Conseil des ministres français. Des observateurs perfides ont remarqué à cette occasion qu’au bout d’un demi-siècle de relations privilégiées entre les deux pays – et notamment d’une promotion volontariste de l’apprentissage réciproque de la langue du voisin –, seulement deux membres du gouvernement Fillon n’ont pas eu besoin de recourir aux services des interprètes pour comprendre leur interlocuteur d’outre-Rhin. Preuve qu’aujourd’hui l’hégémonie de l’anglais (ou du « globish » qui en tient souvent lieu et qui a peu à voir avec la langue de Shakespeare) n’est pas un problème pour les seuls Français, qui voient décliner dangereusement l’usage de leur langue, mais qu’il menace d’étouffer tout le pluralisme linguistique européen. Or, une langue, c’est bien plus qu’un mode d’expression. Elle fait vivre et rayonner une culture. Le « marché unique » peut se contenter d’un charabia unique. La culture, qui est plurielle, appelle, elle, la pluralité des langues.

Voilà bel et bien une autre bataille politique à ne pas négliger : assurer la vie – et non la survie – de toutes les langues européennes, de celles dites « minoritaires », nombreuses dans l’Europe élargie à 27 nations, aux plus parlées. Y compris – of course ! – de l’anglais authentique. Il est inacceptable d’exiger de qui que ce soit de renoncer à s’exprimer dans sa langue pour – à égalité de chances – participer à un appel d’offres ou à un concours, publier un article sur des travaux de recherche, ou soutenir une thèse. Il est encore plus scandaleux de condamner à la marginalité des pans entiers du patrimoine culturel européen sous prétexte qu’ils ne répondent pas aux canaux linguistiques dominants. Toute pratique qui favorise ces tendances doit être combattue, tout effort de créativité pour s’en émanciper mérite, à l’inverse, un soutien résolu.

Citons, à titre d’exemple, une initiative développée au début des années 2000 par l’Union des théâtres d’Europe – avec, à l’époque, le soutien de l’Union européenne. Elle consistait à traduire, à publier et à diffuser, chaque année, dans les cinq langues européennes les plus parlées, cinq pièces d’auteurs contemporains écrites dans les langues les moins répandues. Dans le même esprit a été lancé, à Orléans en 1998, un partenariat exemplaire entre huit pays européens (France, Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Hongrie, Slovaquie, Roumanie) qui a permis, en l’espace de dix ans, d’assurer la traduction, l’édition et la diffusion de quatre cents textes dramatiques bien au-delà des limites de l’Union européenne. Mais faute d’un soutien pérenne – national et européen –, de telles initiatives ne peuvent s’inscrire dans la durée.

Je me souviens que, jeune étudiant, j’avais été ébahi de voir, dans le métro de Budapest, bon nombre de voyageurs plongés… dans des recueils de poèmes hongrois. J’avais alors décidé de me lancer dans l’apprentissage des rudiments de cette langue – « minoritaire » s’il en est – pour tenter de m’approprier ces œuvres apparemment si captivantes… Aujourd’hui, les bourses Erasmus ouvrent fort heureusement des perspectives plus assurées aux jeunes Européens qui ont la chance d’en bénéficier. Cela doit devenir un droit pour tous et pour toutes ! Un proche, très investi dans ces enjeux, milite en faveur d’une initiative annuelle symbolique et médiatique du type Fête de la musique, mais appliquée aux langues et aux cultures d’Europe. Une sorte de Printemps européen des langues favorisant l’éclosion d’initiatives citoyennes sur ce thème trop délaissé. Una bellissima idea.

19 août 2010 at 1:55 1 commentaire

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