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« BREXIT »: RIEN N’EST ENCORE ÉCRIT.
Dans la démocratie britannique, ce sont donc les 160 000 adhérents du Parti conservateur (soit 0,3% de l’électorat du pays) qui viennent de choisir le Chef du gouvernement. S’adressant aux plus europhobes d’entre eux, Boris Johnson leur avait promis de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne d’ici au 31 octobre prochain, « do or die » (quoiqu’il en coûte), autrement dit y compris sans aucun accord avec les « 27 ». Or, le refus absolu d’un « No deal » est l’un des rares points sur lequel se retrouve une majorité des députés de la Chambre des Communes. Et pour cause : la moitié tant des exportations que des importations du Royaume-Uni se fait avec l’UE et aucune alternative crédible à cette relation n’existe à ce jour. Sans parler du risque, en l’absence de compromis entre Londres et Bruxelles, de voir resurgir une frontière entre l’Irlande du Nord (rattachée à la Grande-Bretagne) et la République d’Irlande (membre de l’UE), avec les dramatiques conséquences qui pourraient résulter de cette remise en cause d’un acquis stratégique de plus de vingt ans ! Mais ces considérations subalternes n’intéressent pas les ultra-brexiters. Ils veulent « sortir », un point, c’est tout. Neutraliser le Parlement de Westminster -en décidant la suspension de ses travaux- était, dès lors, un objectif déterminant aux yeux du Trump anglais.
C’était sans compter avec la détermination des députés à défendre leurs prérogatives. C’est ainsi qu’ à quelques jours de la désignation du nouveau Premier Ministre, ceux-ci ont adopté -à une majorité de 41 voix, travaillistes, libérales-démocrates et conservatrices mêlées- une disposition propre à contrecarrer toute velléité de les contraindre au silence. Ils ont, au contraire, obligé le gouvernement à leur rendre compte, tous les quinze jours, de son action en faveur du rétablissement de l’éxécutif d’Irlande du Nord (la coalition entre la droite pro-britannique du DUP et la gauche républicaine du Sinn Fein est en crise depuis deux ans). Voilà une sacrée arête plantée dans la gorge du nouveau Premier Ministre, dont le parti -très divisé- ne dispose au Parlement que d’une marge extrêmement faible et fragile. Déjà s’élèvent au sein de cette majorité étriquée un certain nombre de voix en faveur d’une nouvelle demande de report du « Brexit » afin de relancer les négociations avec l’UE. Une hypothèse que la nouvelle Présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von Leyen, ne récuse pas « s’il y a de bonnes raisons de la part de nos amis britanniques », afin de réussir « un Brexit ordonné ».
POURQUOI L’ACCORD UE-MERCOSUR PEUT ÊTRE MIS EN ÉCHEC
Aucune négociation commerciale entre l’Union européenne et un autre ensemble régional du monde n’a duré autant de temps ni ne fut aussi problématique que celle avec le Mercosur (« Marché commun du Sud » regroupant à ce jour le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay). Les premières discussions remontent…à 1995 et l’adoption d’un cadre commun pour les négociations proprement dites date de 1999 ! Cette seule anomalie nous renseigne sur l’ampleur des divergences existant entre les deux parties. Celles-ci portaient, on le sait, sur la question agricole, mais aussi sur les politiques d’investissement et de propriété intellectuelle, les appellations d’origine , l’accès aux marchés publics, les normes (sanitaires et phytosanitaires notamment)…Ces différends étaient si importants qu’ à plusieurs reprises, les négociations furent suspendues pendant plusieurs années avant que de nouvelles équipes dirigeantes ne décident de les reprendre. La dernière relance date de 2016,…l’année de l’échec du TAFTA, le tristement fameux projet de traité de libre-échange transatlantique.
C’est dans ce cadre qu’il convient de situer l’invitation du nouveau Président argentin à l’Elysée, en janvier 2018. En effet, à son retour à Bueno Aires, Mauricio Macri avait, à la surprise générale, déclaré que tout était désormais débloqué. Des observateurs avaient cru à un coup de bluff du leader latino-américain : « Le blocage agricole est connu et je vois mal un Président français céder sur ce point » avait même déclaré un spécialiste de ce dossier (1). La suite nous prouva le contraire. La Commission mit les bouchées doubles afin de conclure les négociations avant la fin de son mandat, fixée au 30 octobre prochain. Quitte à créer une situation politiquement explosive.
Syndicats et associations s’organisent en Europe; 340 ONG brésiliennes sont vent debout ! Qu’il s’agisse des filières agricoles européennes menacées ou des secteurs industriels fragiles des pays du Mercosur ou des mouvements sociaux des deux continents, aussi hostiles à la domination des multinationales ignorant les droits sociaux qu’à l’agrobusiness destructeur de l’environnement et de l’agriculture paysanne, le vent se lève. En France, il souffle jusque dans les rangs de la majorité parlementaire, fait éclater les contradictions entre le Président et ses ministres, sème la panique chez les politiciens à quelques encablures des élections municipales…Et, cerise sur le gâteau : certains passages du futur projet de traité devront être ratifiés par tous les parlements nationaux et régionaux des 27 Etats de l’UE. Que la bataille s’engage !
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(1) Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut des recherches internationales et stratégiques (IRIS). Voir RIS No 111, automne 2018.
QUE RÉVÈLE L’INEDITE BROUILLE FRANCO-ALLEMANDE ?

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