Archive for juin, 2017

APRÈS « TINTIN EN AMÉRIQUE », VOICI « JUPITER EN EUROPE » !

« L’Union européenne fait de Macron sa nouvelle étoile » titrait le très macronphile magazine « Challenges » dans son dernier numéro. De fait, rendant compte du Conseil européen des 22 et 23 juin, la presse allemande évoque avec déférence un « Macron Effekt ». La Chancelière n’a-t-elle pas elle-même donné le ton en saluant « la créativité et les nouveaux talents qui viennent de France »? En accueillant ce « progressiste » invétéré , qui fustige… « l’Europe ultralibérale  » et refuse de « continuer à faire l’Europe dans des bureaux », le Président du Conseil européen, le conservateur polonais Donald Tusk, a littéralement…fondu d’admiration et celui de la Commission, Jean-Claude Juncker, était aux anges ! Jusqu’à la référence des références de la presse britannique, l’hebdomadaire « The Economist « , qui n’exclut pas de voir dans le jeune prodige parisien « le sauveur de l’Europe ». Rien de moins. On connaissait les aventures de Tintin en Amérique; voici l’épopée de Jupiter en Europe . Et modeste, avec ça : « Pas question de s’approprier les avancées mûries avant lui sur la scène européenne » souligne le quotidien libéral « Les Echos », en louant « la modération » et « l’humilité » du nouvel homme providentiel. D’ailleurs, celui-ci convient , dans une longue interview à sept grands journaux européens qu’ « il serait présomptueux de dire dès à présent que la France exerce un nouveau leadership européen ». Que demande le peuple !

On aimerait bien pouvoir se réjouir d’un tel engouement de nos voisins et partenaires pour le représentant de notre pays. Hélas, on y regardant de plus près, on revient vite sur Terre. L’idylle Merkel-Macron ? Elle repose avant tout sur la conviction de la première de disposer avec le second d’un allié plus solide que son pâle prédécesseur : comme elle, il veut rationner les dépenses publiques, « moderniser » le droit du travail et discipliner davantage encore la zone euro. Elle et toute l’actuelle équipe dirigeante de l’UE se retrouvent également dans « L’Europe qui protège », telle que la conçoit Emmanuel Macron . A savoir avant tout « une vraie politique de défense et de sécurité commune », bref une militarisation de l’UE -voulue depuis longtemps par le Président de la Commission et à laquelle la droite allemande s’est ralliée , notamment depuis les rodomontades de Donald Trump sur le « partage du fardeau » de la défense de l’Europe. Pas vraiment de quoi se sentir rassurés… »L’Europe qui protège », ce sont également , aux yeux du Président français -et à présent également de la Chancelière allemande comme, à plus forte raison de tous les autres gouvernements dd l’UE- « des moyens pour protéger les frontières extérieures » de l’UE, car  » il faut être plus efficace face aux grandes migrations » . Quant au constat de la nouvelle étoile de l’Europe, selon lequel la mise en concurrence des travailleurs et la délocalisation d’entreprises au sein de l’UE relèvent d’ « un système (qui) ne marche pas droit », il serait de nature à inquiéter Angela Merkel et ses pairs s’il était accompagné -au-delà de la simple révision de la directive sur le « détachement », en discussion depuis des mois- d’une exigence de remise en cause des nombreuses dispositions des traités européens qui légitiment ces pratiques : mais, là-dessus, silence. (1) A ce stade, l’Olympe a accouché d’une souris.

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BOULEVERSÉ PAR LE DÉCÈS BRUTAL DE JEAN-PIERRE KAHANE, QUI ME PARLAIT ENCORE , UNE SEMAINE AUPARAVANT, AVEC SON HUMANITÉ LÉGENDAIRE , DU DEVOIR « D’AIDER LES JEUNES À DEVENIR UNE FORCE POUR S’EN SORTIR », JE VEUX RENDRE UN HOMMAGE FRATERNEL A CET « HOMME DES LUMIÈRES » QUE JE SUIS FIER D’AVOIR EU POUR AMI ET POUR CAMARADE DE PARTI.

 

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(1) Toutes les citations dans ce paragraphe sont tirées de l’interview d’Emmanuel Macron à 7 grands journaux européens (22/6/2017)

29 juin 2017 at 9:56 Laisser un commentaire

FIN DES « FRAIS D’ITINÉRANCE »: TOUT UN SYMBOLE !

Depuis le 15 juin dernier, lorsque nous nous servons de notre téléphone portable depuis un autre pays de l’Union européenne, nos appels, nos SMS ou nos MMS ne seront plus surtaxés comme c’était le cas jusqu’alors. Notre forfait national vaudra pour toute l’UE. On pourra également « naviguer sur le web » au même tarif que chez nous (dans certaines limites). C’est le résultat d’une série de votes émis entre 2007 et 2015 par le Parlement européen et le Conseil ( les représentants des 28 gouvernements des Etats membres). C’en est donc fini de ce que l’on appelle les « frais d’itinérance » ( ou « roaming » si l’on est branché ) . On ne va pas s’en plaindre. Ni non plus sauter au plafond : cela ne révolutionnera pas la vie quotidienne de nos concitoyens. Disons que cela ne laissera pas indifférents celles et ceux qui, en nombre croissant, circulent volontiers chez nos voisins et sont accros au smartphone . Tant mieux, mais il y a plus important…

Si je m’arrête néanmoins sur cette mesure, c’est qu’elle est hautement symbolique. Elle illustre à merveille le fait que, dans une Europe libérale, le « consommateur » importe beaucoup plus que le travailleur ou le citoyen. S’il faut lâcher du lest, c’est avant tout lui qu’on ciblera. Aussi, un certain nombre d’acteurs politiques européens qui, d’habitude, ne s’illustrent pas particulièrement par leur parti-pris en faveur des salariés ni par leur résistance aux pressions des grands groupes capitalistes, se sont-ils, sur ce dossier, montrés étonnamment combatifs. Y compris pour faire face aux pressions des compagnies de télécom. L’on ne peut, en l’occurrence, que s’en réjouir, mais mieux vaut être lucide sur leurs motivations.

Voilà une bataille qui dure depuis une bonne dizaine d’années. Pour une fois, députés progressistes et libéraux se sont opposés ensemble aux grands opérateurs privés, qui étaient vent debout contre toute idée de diminuer -à plus forte raison de supprimer- cette confortable rente (aujourd’hui évaluée à 1,2 milliard d’euros par an !) Mieux : la Commissaire européenne alors chargée des télécommunications, la Luxembourgeoise , chrétienne-démocrate, Viviane Reding, avait fait de cette affaire son cheval de bataille. Elle avait d’emblée compris que l’Union européenne tenait là une occasion unique de soigner son image auprès des nombreux jeunes qui voyagent et acceptent mal de devoir payer plus cher leurs conversations téléphoniques et leurs SMS à l’étranger. Elle qui avait moyennement réussi son premier mandat, comme Commissaire à la culture ( Jean-Luc Godard l’avait gratifiée d’un élégant : « Cette dame est une nullité » au Festival de Cannes de 2004…), s’est, par la suite, taillé une flatteuse réputation de championne de la lutte contre les puissants lobbies des télécom et les Etats soucieux de protéger « leurs » opérateurs. Prenant appui sur la mobilisation du Parlement européen sur la question, l’inflexible Luxembourgeoise raconte même avoir forcé la main des ministres du Conseil , en 2007, en annonçant tout de go à la presse « qu’un accord a été trouvé pour baisser les frais de roaming » : mis devant le fait accompli, les dirigeants politiques se seraient alors ralliés à sa position pour ne pas décevoir leur opinion publique ! Par la suite, les grands opérateurs brandirent la menace de la faillite , puis saisirent la Cour de Justice de l’UE , mais rien n’y fit : l’arnaque a été mise en échec. Et aucun opérateur télécom n’a déposé le bilan. Quand « l’Europe » veut, elle peut.

22 juin 2017 at 5:04 Laisser un commentaire

POUR L’UE, LA PRIORITÉ, AUJOURD’HUI, C’EST…LA DÉFENSE !

Tandis que notre attention était concentrée sur les enjeux des élections législatives -en particulier les menaces du gouvernement Macron-Philippe sur le code du travail et la protection sociale- la Commission européenne annonçait, le 7 juin dernier, un « plan d’action » sans précédent destiné à ouvrir la voie à une  » Europe de la défense « . Elle juge ses propositions tellement prioritaires qu’elle demande aux Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE de les mettre à l’ordre du jour de leur tout prochain Sommet, le 22 juin prochain.

Il s’agirait, en premier lieu, de décider la création d’un  » Fonds européen de la défense  » .(FED). Celui-ci doit servir à favoriser des coopérations entre plusieurs Etats européens -condition absolue pour bénéficier de ses subventions- en matière de recherche dans les technologies militaires : électronique; métamatériaux; logiciels cryptés; robotique… Son volume passerait de 29 millions d’euros dès cette année à 90 millions en 2020, puis 500 millions par an au-delà. Par ailleurs, ce FED cofinancerait l’achat en commun par plusieurs Etats membres d’ équipements militaires, tels que des hélicoptères « en grande quantité pour réduire le coût », précise la Commission, ou encore des investissements en commun dans la technologie des drones : 5 milliards d’euros par an seraient mobilisés pour ce type d’opération. Ce projet vise ainsi à rompre avec une doctrine aussi ancienne que la construction européenne elle-même, qui veut que le budget européen soit exclusivement à visée civile. Des prêts de la Banque européenne d’investissement iraient également aux entreprises des  » chaînes d’approvisionnement de la défense « . Enfin, la Commission se dit décidée à renforcer « les conditions propices à un marché de la défense ouvert et compétitif en Europe »…

Plus généralement, les Chefs d’Etat et de gouvernement seront invités à fixer leur niveau d’ambition pour cette  » Europe de la défense  » que Bruxelles brûle de bâtir : soit ils optent pour le statu quo ( l’UE se limiterait, comme aujourd’hui, à des interventions militaires de « gestion de crises » à l’extérieur de son territoire ); soit ils envisagent des missions de combat « de haute intensité » à nos frontières ou ailleurs ; soit enfin ils décident de s’orienter vers une armée européenne « capable de conduire des opérations de pointe contre les groupes terroristes (…), des missions navales en milieu hostile ou des plans de cyberguerre ». Précision -mais qui en douterait :  » Il n’est pas question de remplacer l’OTAN  » , indique en passant Federica Mogherini, responsable de la politique extérieure et de sécurité de l’UE.

Pourquoi ce branle-bas de combat maintenant ? Est-ce ainsi que nous comptons empêcher les attentats ? Régler la crise ukrainienne ? Certains y verraient-ils le moyen de « sécuriser nos frontières » menacées par l’afflux de « migrants illégaux » ? Ou alors, serait-ce le seul « grand dessein »qu’on ait  trouvé pour redonner au projet européen une raison d’être ? Les Français auront-ils leur mot à dire sur des choix aussi structurants ? La future Assemblée nationale en débattra-t-elle seulement ? Un sujet de plus à garder à l’esprit en choisissant nos parlementaires , dimanche prochain.

15 juin 2017 at 12:52 Laisser un commentaire

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