Archive for juillet, 2012

UN MILLION D’EUROPEENS EN CAMPAGNE !

Nous saurons d’ici le 7 septembre prochain si la Commission européenne juge recevable ou non la proposition d’ « Initiative citoyenne européenne » inspirée par le Parti de la Gauche Européenne (PGE) et d’autres forces progressistes du continent… La demande a été formellement déposée,conformément aux règles en vigueur,par un « comité de sept citoyens ou citoyennes de l’Union européenne ».En l’occurence,Pierre Laurent,secrétaire national du PCF et actuel président du PGE; Alexis Tsipras,leader de la coalition de gauche grecque Syrisa et vice-président du PGE; Marta Sanz-Pastor,écrivaine espagnole; Nico Cué,responsable syndical belge; Lidia Menapace,présidente de « l’Union des partisans » d’Italie; Heinz Birnbaum,responsable syndical allemand; et Judit Morva,intellectuelle progressiste hongroise.Chacune de ces personnalités est une figure reconnue et respectée dans son domaine,à la fois dans son pays et à l’échelle européenne.Rappelons que l’ « Initiative citoyenne européenne » est une disposition que les auteurs du traité de Lisbonne avaient,en son temps,jugé utile d’insérer dans leur texte pour faire diversion par rapport au caractère profondément antidémocratique de leur projet pris dans sa globalité.Elle permet d’obtenir la tenue d’un débat public au Parlement européen,voire un acte législatif de la Commission,sur une proposition ,dès lors que celle-ci obtient le soutien explicite d’un million de citoyennes et de citoyens de l’Union européenne.

Il va de soi que cette « ouverture » n’avait pas été décidée pour faciliter la promotion d’une idée en opposition radicale avec l’actuelle politique de l’UE !C’est pourtant le défi que lancent les sept initiateurs de cette bataille démocratique européenne sans précédent.La proposition pour laquelle ils vont solliciter le soutien d’un million de personnes vise,en effet, le coeur du contentieux de masse qui oppose aujourd’hui les peuples de l’UE aux dirigeants européens: l’austérité durable pour « rassurer les marchés financiers ».La proposition mise en débat sera donc la création d’une banque publique européenne exclusivement axée sur le financement,à taux quasi-nuls,de projets créateurs d’emplois,socialement utiles,favorisant la promotion de services publics et la défense de l’environnement.Le but de la création de cet établissement financier très spécifique est également de faire vivre une logique de solidarité envers les pays en difficulté -autrement dit d’accorder des aides d’autant plus favorables que les retards à rattrapper sont importants.Pour toutes ces raisons,cette banque d’un type nouveau ne doit pas dépendre,pour ses financements,des exigences incontrôlables des « investisseurs » sur les marchés des capitaux.Elle doit bénéficier ,pour l’essentiel,du pouvoir qu’a la Banque centrale européenne de créer de la monnaie,donc de l’argent.Ce privilège,les banques privées en profitent aujord’hui sans limite et sans aucune condition d’utilisation.On en connait les résultats! La banque publique dont nous proposons la création attribuerait,au contraire, ces fonds selon des critères précis (évoqués plus haut) et sous le contrôle d’un Conseil d’administration où les élus et les organisations syndicales auraient toute leur place.

Mettre ces enjeux politiques cruciaux entre les mains des citoyens;ouvrir un large débat sur les alternatives aux règles insoutenables qui s’imposent aujourd’hui;faire vivre une démarche européenne conquérante avec l’objectif d’arracher des résultats concrets:telle est l’ambition de ce beau projet qui débutera à la rentrée et s’étendra sur toute une année. Un million d’Européens en campagne !

26 juillet 2012 at 5:40 1 commentaire

LA DEMOCRATIE SANS LE PEUPLE

Ils pensaient avoir tout prévu…Pour permettre l’entrée en vigueur rapide du nouveau traité de discipline budgétaire et du Mécanisme européen de stabilité (MES), les principaux dirigeants de l’UE avaient adopté un dispositif censé éviter toute mauvaise surprise. D’abord,proscrire le référendum partout où c’est possible. Ensuite, prévoir une clause privant de tout droit aux prêts de secours du MES un pays qui n’aurait pas ratifié le traité de discipline budgétaire.Enfin,décider que le traité budgétaire pourrait entrer en vigueur dès que 12 Etats (sur les 17 de la zone euro) l’auraient ratifié.Le message ainsi adressé aux adversaires du traité et à sa logique de l’austérité à perpétuité et de négation de la souveraineté populaire était clair: les chiens aboient,la caravane passe!

Or,un grain de sable vient de gripper, le 10 juillet dernier,ce montage machiavélique.Et, qui plus est ,dans l’Allemagne de Madame Merkel. Hélas,il n’est pas le résultat d’une rébéllion surprise de la gauche parlementaire: celle-ci (hormis la Linke ainsi que 23 élus du SPD ) a fait chorus avec la droite du Bundestag pour approuver tous les textes.C’est de la Cour constitutionnelle,gardienne sourcilleuse de la très sacrée « Loi fondamentale »,qu’est venue la contestation. Les huit juges de Karlsruhe estiment,en effet,que ces traités risquent de rogner les prérogatives du Parlement national. Ils invitent plus généralement les responsables politiques du pays à ne pas sacrifier la démocratie sur l’autel de la crise. Naturellement,sans l’Allemagne,tout ce dispositif serait nul et non avenu. Son avenir est donc suspendu à la décision finale de ces magistrats.

Cet épisode est significatif de la profondeur de la crise de la démocratie  dans l’Union européenne. Il renforce encore la légitimité de l’exigence d’une (vraie) réorientation de cette construction qui passe par une implication des citoyennes et des citoyens tant dans l’élaboration des politiques que dans le contrôle des décisions prises et l’évaluation des résultats. Le traité de discipline budgétaire, en prenant le contre-pied des aspirations populaires, tant sur le plan social que démocratique,nous enfoncerait dans l’impasse. Il est donc primordial de s’y opposer.La position rappelée par François Hollande (pour la ratification du traité, nullement « renégocié »!) n’est  pas digne de la gauche!Quant à l’hypothèse selon laquelle -au cas où un nombre conséquent de parlementaires socialistes ou verts refuserait finalement de cautionner ce texte régressif- le PS compterait sur les voix des élus de droite pour lui permettre d’atteindre coûte que coûte la majorité requise,mesure-t-on le préjudice qui en résulterait pour l’idée même du changement qu’attend la majorité des Français!

Plus généralement, il est grand temps d’ouvrir un grand débat sur les enjeux européens où puissent être confrontées au grand jour les différentes visions de l’Europe et les options immédiates qui en résultent. Le Front de Gauche est prêt à y prendre sa place.Qu’en pensent les autres forces politiques?

22 juillet 2012 at 11:38 1 commentaire

FRANCE-ALLEMAGNE : COOPERATION OUI,DOMINATION NON

Dimanche dernier,François Hollande et Angela Merkel célébraient  le cinquantenaire du premier acte officiel de la réconciliation franco-allemande.Pourtant,entre la rencontre solennelle du Général De Gaulle avec le Chancelier Adenauer en 1962 et le rendez-vous symbolique Hollande-Merkel de 2012 ,tout a changé:le contexte historique,les rapports de force,la culture politique des dirigeants des deux pays autant que des deux peuples concernés.Au demeurant,même du vivant de De Gaulle,le simple remplacement du leader allemand par son ex-bras droit,le très atlantiste Ludwig Erhard , avait suffit à modifier le climat du « couple »: »Ce n’est pas de notre fait si les liens préférentiels contractés en dehors de nous et sans cesse ressérés par Bonn et Washington ont privé d’inspiration et de substance cet accord franco-allemand » se plaignait le Chef de l’Etat français dès 1966!

Certes,les liens entre les deux pays furent à nouveau ressérés sous les rêgnes de V. Giscard d’Estaing et de Helmut Schmitt puis de François Mitterrand et de Helmut Kohl .Du moins pendant un temps…Entre la fameuse poignée de main à Verdun en 1984 et la reconnaissance unilatérale de la Croatie par l’Allemagne en 1992 malgré la sévère mise en garde de la France contre « le piège à guérilla » que constituait selon elle le démembrement précipité de l’ex-Yougoslavie,il s’était passé l’événement fondateur de la nouvelle Allemagne,et par voie de conséquence des nouveaux rapports franco-allemands:la chute du mur de Berlin et ,dans la foulée , la réunification,porte ouverte à la « normalisation » de la République fédérale,non dépourvue d’arrogance et d’esprit de revanche de la part de sa classe dirigeante.Entamée sous le chrétien-démocrate Kohl,cette évolution s’est accentuée sous le social-démocrate Schroeder,pour s’épanouir sous Angela Merkel (encouragée par la flatteuse docilité de Nicolas Sarkozy). L’ancienne « culture de retenue » a laissé place à une affirmation sans complexe de ce que la nouvelle « élite » d’outre-Rhin estime être les « intérêts nationaux » du pays.Tous les traités européens négociés depuis vingt ans en portent la trace:depuis celui de Maastricht (statuts et missions de la Banque centrale européenne, »critères de convergence »…) jusqu’à l’actuel « Pacte budgétaire » répondant à la « philosophie de l’Allemagne » selon Merkel:discipline,stabilité,contrôle.

La crise de l’euro,en plaçant en première ligne la principale puissance financière (et principale bénéficiaire…) de la zone,n’a fait que renforcer cette tendance dominatrice.C’est non seulement l’intransigeance cruelle vis-à-vis des plus faibles (voir la Grèce!), mais la détermination à imposer son modèle à toute l’ « Union » – dont ne s’offusque nullement une partie de la classe dirigeante française. Lors de l ‘ intervention télévisée de Nicolas Sarkozy le 29 janvierdernier,un observateur a compté …21 références (fort laudatives) à l’Allemagne en 72 minutes d’émission! De son côté,Matthieu Pigasse, Directeur général d’une grande banque d’affaires et réputé proche du PS,suggérait que « le donnant-donnant avec Berlin serait d’accepter l’intégration politique et budgétaire en échange d’un délai supplémentaire pour revenir à l’équilibre des finances publiques »…

Dans ce contexte,l’alternative n’est pas de mettre fin à l’entente franco-allemande,mais d’en changer la nature: ni exclusive ni dominatrice.Simplement coopérative .On attend du nouveau président non des postures variant selon les circonstances mais l’ouverture d’un débat franc ,constructif et ancré dans les deux sociétés.

15 juillet 2012 at 4:25 2 commentaires

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