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FRANCE-ALLEMAGNE : COOPERATION OUI,DOMINATION NON
Dimanche dernier,François Hollande et Angela Merkel célébraient le cinquantenaire du premier acte officiel de la réconciliation franco-allemande.Pourtant,entre la rencontre solennelle du Général De Gaulle avec le Chancelier Adenauer en 1962 et le rendez-vous symbolique Hollande-Merkel de 2012 ,tout a changé:le contexte historique,les rapports de force,la culture politique des dirigeants des deux pays autant que des deux peuples concernés.Au demeurant,même du vivant de De Gaulle,le simple remplacement du leader allemand par son ex-bras droit,le très atlantiste Ludwig Erhard , avait suffit à modifier le climat du « couple »: »Ce n’est pas de notre fait si les liens préférentiels contractés en dehors de nous et sans cesse ressérés par Bonn et Washington ont privé d’inspiration et de substance cet accord franco-allemand » se plaignait le Chef de l’Etat français dès 1966!
Certes,les liens entre les deux pays furent à nouveau ressérés sous les rêgnes de V. Giscard d’Estaing et de Helmut Schmitt puis de François Mitterrand et de Helmut Kohl .Du moins pendant un temps…Entre la fameuse poignée de main à Verdun en 1984 et la reconnaissance unilatérale de la Croatie par l’Allemagne en 1992 malgré la sévère mise en garde de la France contre « le piège à guérilla » que constituait selon elle le démembrement précipité de l’ex-Yougoslavie,il s’était passé l’événement fondateur de la nouvelle Allemagne,et par voie de conséquence des nouveaux rapports franco-allemands:la chute du mur de Berlin et ,dans la foulée , la réunification,porte ouverte à la « normalisation » de la République fédérale,non dépourvue d’arrogance et d’esprit de revanche de la part de sa classe dirigeante.Entamée sous le chrétien-démocrate Kohl,cette évolution s’est accentuée sous le social-démocrate Schroeder,pour s’épanouir sous Angela Merkel (encouragée par la flatteuse docilité de Nicolas Sarkozy). L’ancienne « culture de retenue » a laissé place à une affirmation sans complexe de ce que la nouvelle « élite » d’outre-Rhin estime être les « intérêts nationaux » du pays.Tous les traités européens négociés depuis vingt ans en portent la trace:depuis celui de Maastricht (statuts et missions de la Banque centrale européenne, »critères de convergence »…) jusqu’à l’actuel « Pacte budgétaire » répondant à la « philosophie de l’Allemagne » selon Merkel:discipline,stabilité,contrôle.
La crise de l’euro,en plaçant en première ligne la principale puissance financière (et principale bénéficiaire…) de la zone,n’a fait que renforcer cette tendance dominatrice.C’est non seulement l’intransigeance cruelle vis-à-vis des plus faibles (voir la Grèce!), mais la détermination à imposer son modèle à toute l’ « Union » – dont ne s’offusque nullement une partie de la classe dirigeante française. Lors de l ‘ intervention télévisée de Nicolas Sarkozy le 29 janvierdernier,un observateur a compté …21 références (fort laudatives) à l’Allemagne en 72 minutes d’émission! De son côté,Matthieu Pigasse, Directeur général d’une grande banque d’affaires et réputé proche du PS,suggérait que « le donnant-donnant avec Berlin serait d’accepter l’intégration politique et budgétaire en échange d’un délai supplémentaire pour revenir à l’équilibre des finances publiques »…
Dans ce contexte,l’alternative n’est pas de mettre fin à l’entente franco-allemande,mais d’en changer la nature: ni exclusive ni dominatrice.Simplement coopérative .On attend du nouveau président non des postures variant selon les circonstances mais l’ouverture d’un débat franc ,constructif et ancré dans les deux sociétés.
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