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CES ÉVADÉS FISCAUX QUI PRÊCHAIENT L’AUSTÉRITÉ

Il n’est pas sans intérêt de s’arrêter sur le profil politique des personnalités publiques  prises la main dans le sac de l’évasion fiscale massive mise au jour par le consortium international de journalistes ICIJ . Parmi les quelques centaines de responsables épinglés dans les « Pandora Papers », arrêtons-nous sur le cas de 3 « stars » européennes de cette liste noire : Dominique Strauss-Kahn; Tony Blair et Wopke Hoekstra, actuel ministre néerlandais des finances.

Le premier s’était vu confier la direction du Fonds monétaire international, l’une des institutions financières les plus en vue sur le plan mondial. À ce titre, il avait incité les dirigeants européens à engager une transformation de l’Union européenne qui en disait long sur sa conception de l’émancipation sociale et de la démocratie : « Quand l’ordre du jour est fixé par le centre, les choses avancent » souligna ainsi DSK en 2010 en appelant à la « création d’une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante que la Banque centrale européenne, fixant les orientations budgétaires de chaque pays membre ». C’est à ce pouvoir totalement inaccessible aux citoyens -le rêve !- que devait incomber « la responsabilité du maintien de la discipline budgétaire et des réformes structurelles » ! Certains économistes voyaient à l’époque dans ces propositions choc « un système plus transparent »…On en sait un peu plus, aujourd’hui, sur l’idée que se fait l’intéressé, pour lui-même, de la « discipline » et de la « transparence ».

Quant à l’ex-Premier ministre de sa gracieuse Majesté, lui aussi éclaboussé par ce nouveau scandale de la « finance offshore », il mérite tout autant qu’on rappelle ses orientations publiques passées. Présenté en son temps comme le champion de la modernisation de la gauche en Europe , le fringant fondateur du « New Labour » avait, d’emblée, affiché sa vision d’une « société décente », qui, selon lui, « n’est pas fondée sur des droits (mais) sur des devoirs ». Illustrant concrètement ce principe quelque peu déroutant, il avait précisé qu’il était temps de mettre fin à la dépendance « engendrée par les aides sociales »; que les étudiants devaient payer  une partie de leurs études; que les « filles mères » (sic) devaient « chercher du travail plutôt qu’attendre le chèque » de l’Etat; ou encore que, dans la société de « partenariat » qu’il appelait de ses vœux, il n’y avait « pas de place pour du militantisme syndical » ! 
 
Le troisième larron cité est, lui, toujours en fonction. En sa qualité de grand argentier du gouvernement des Pays-Bas, il est notamment chargé de la lutte contre l’évasion fiscale : une espèce de Cahuzac batave, en quelque sorte. Se présentant volontiers comme l’impitoyable redresseur de torts des pays du Sud de l’Europe, coupables de mauvaise gestion financière, il s’était illustré, en mars 2020, en plein ravage de la Covid-19, en demandant à la Commission européenne -avant toute mesure de solidarité envers les Italiens, les Espagnols ou les Portugais, pris à la gorge- d’enquêter sur la gestion budgétaire des pays en question ! 
Puisse cette nouvelle leçon de choses réveiller les hésitants ! Comme écrit La Fontaine dans « Les frelons et les mouches à miel » : « À l’œuvre on connaît l’artisan ».

14 octobre 2021 at 11:03 Laisser un commentaire

PALESTINE : C’EST L’HEURE DU SURSAUT !

NETANYAHOU avait-il anticipé la levée de boucliers, d’une ampleur sans précédent depuis des décennies,  provoquée par son projet d’annexion de 30% de la Cisjordanie ?

En Israël même, il n’y a pas que les forces de paix -communistes en tête- à manifester leur rejet du plan d’annexion. La liste est longue, jusque dans le camp opposé, des voix qui s’élèvent pour s’inquiéter de savoir « Comment le monde va réagir ? » Tel cet ex-ministre des finances de Nétanyahou, passé à l’opposition, Yair Lapid, qui dit craindre les « grands dommages » pour l’Etat d’Israël et les « réactions sévères » de la part des Palestiniens, des Jordaniens, de l’éventuel successeur démocrate de Trump et « bien sûr des Européens » que susciterait la réalisation du coup de force annoncé. Ou cet ex-haut responsable du Mossad, Ephraïm Halévy, qui attire l’attention publique sur « la colère des Européens » de l’UE, « premier partenaire commercial d’Israël » . Selon lui, « les dommages économiques qu’ Israël subira dépassent de loin tout ce qu’on peut imaginer aujourd’hui, même si les Européens mettent simplement en suspens les accords » (bilatéraux). Ou bien, le chef de l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales, Nimrod Goren, pour qui « Israël doit s’attendre à un recul important de pays comme la France, l’Allemagne et la Jordanie » (l’un des rares pays arabes ayant signé un Traité de paix avec Israël en 1994). Ou encore cet ancien porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Ygal Palmor, qui rappelle aux dirigeants de son pays qu’ « ignorer les avertissements n’est pas une bonne politique » et qu’au contraire, « ces signes publics de ressentiment doivent (…) être soigneusement pesés contre toute mesure prévue ».

Et voilà que se surajoute aux critiques arabes ou européennes une lettre-ouverte signée par 189 Représentants démocrates, parmi les plus pro-israéliens du Congrès américain, demandant au gouvernement de renoncer à « l’annexion unilatérale (qui) pourrait créer de sérieux problèmes pour Israël avec ses amis européens et d’autres partenaires dans le monde » !

De fait, jour après  jour, les réactions pleuvent comme jamais : la commission des Affaires étrangères du Parlement belge demande à son gouvernement de reconnaître l’Etat palestinien et de « prendre des initiatives aux niveaux européen et multilatéral afin de prévenir l’annexion par Israël de territoires palestiniens » . Plus de 1000 parlementaires de pays européens appellent à « une action décisive » contre l’annexion. 50 anciens ministres, Premiers Ministres ou Commissaires européens -et non des moindres-appellent l’UE à « contrer la menace d’annexion » en allant jusqu’à parler d’ « apartheid » (une « première à ce niveau) ! Paris note (prudemment) que « l’annexion aura un coût pour Israël » et Berlin évoque une « ligne rouge »…Reste , au-delà des mises en gardes verbales, à passer, cette-fois, à l’acte . Chacun est devant ses responsabilités. C’est l’heure du sursaut.

2 juillet 2020 at 10:29 1 commentaire

UN « SEMESTRE ALLEMAND » À SUIVRE DE PRÈS !

Pour la première fois depuis 2007 -autant dire une autre époque- l’Allemagne va prendre, le 1er Juillet prochain, la présidence de l’Union européenne pour une durée de six mois. Depuis 2009, le Conseil européen dispose d’un Président ou d’une Présidente permanent.e (Actuellement, l’ancien Premier Ministre belge, Charles Michel), ce qui relativise le rôle des présidences tournantes de chaque État membre : qui sait, par exemple, que l’UE est présidée depuis le 1er Janvier dernier par la Croatie ? Il en va tout différemment quand c’est un pays comme l’Allemagne qui prend les rênes des « 27 » . C’est que, dans l’UE, tous les Etats membres sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres…La première puissance européenne va même étendre son influence sur les deux semestres suivants, dont la présidence sera assurée par la Slovénie puis le Portugal : ce « trio » dominé par l’Allemagne coopérera, en fait, étroitement jusqu’à la fin 2021. C’est une première raison de suivre avec une particulière attention les débats qui auront lieu et les décisions qui seront prises durant cette période. Mais c’est surtout l’accumulation d’enjeux, plus lourds les uns que les autres, durant les mois qui viennent, qui appelle, plus que jamais, de notre part une vigilance de tous les instants. 

Récapitulons quelques points prévisibles de l’agenda européen d’ici la fin de l’année : les implications financières, économiques, sociales et politiques du « Fonds de relance » de 750 milliards d’euros qui dépendront des décisions des Etats membres et du Parlement de Strasbourg ; la finalisation des négociations sur le « Brexit » -dont dépendra notamment l’implantation (ou non) , à nos portes, d’un champion du « dumping » social, fiscal ou/et environnemental-; l’adoption du budget européen pluriannuel 2021-2027, susceptible de se traduire (ou non) par une diminution sensible des aides aux agriculteurs et aux pays et régions défavorisés ; le respect (ou non) des engagements pris en matière de lutte contre le dérèglement climatique, que la pandémie a relégué au second plan depuis mars dernier ; le contenu concret de la « priorité au numérique » annoncée, en termes d’emplois, de qualifications, de services publics, de taxation des multinationales, de réduction de la dépendance aux géants américains du Web…; l’évolution du projet de « défense (dite) européenne », qui se traduit jusqu’ici -outre l’allégeance à l’OTAN- par une gabegie indécente d’achats d’armements (dont pour plus de 100 milliards d’euros à l’industrie aéronautique…d’outre-Atlantique) ; ou, plus généralement, les choix stratégiques  qu’appellent de la part de l’UE les aventures irresponsables du clown triste de la Maison-Blanche , qu’il s’agisse de la ruineuse guerre économique lancée tous azimuts ou des tensions internationales meurtrières, alimentées en particulier au Moyen-Orient.
Quelle attitude adoptera la France sur chacun de ces points, et bien d’autres ? Le débat politique national doit impérativement se saisir de cette question.

25 juin 2020 at 3:37 Laisser un commentaire

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