Archive for juillet, 2013

QUEL PROJET EUROPEEN ? A VOS PLUMES !

wurtz-l-humanite-dimanche    Le Parti communiste français vient d’annoncer la tenue, à la mi-novembre, d’une « convention nationale » sur le thème : « Quel projet européen? « Le Parti socialiste avait fait de même à la mi-juin. « De même »?  Ces deux événements promettent, en fait, de se différencier sensiblement, tant sur le fond que dans la forme.

Au PS, l’objectif était -en vue des élections européennes de mai 2014- de produire un texte reprenant un certain nombre d’aspirations du « peuple de gauche » tout en cautionnant la politique européenne du Président de la République: un exercice difficile par les temps qui courent…La motion adoptée traduit cette contradiction fondamentale: les constats d’évidence (« L’Europe connait une crise économique et sociale d’une ampleur inédite ») ou les voeux pieux (« Les socialistes européens doivent porter un modèle de développement nouveau, porteur de croissance économique pérenne, de progrès social et respectueux de l’environnement ») y côtoient les silences assourdissants sur des transformations indispensables à un projet réellement nouveau ( Pas un mot, par exemple, sur la Banque centrale européenne !). Dès lors, aucun débat libre et public n’était possible sur ce document: la direction toléra tout juste l’intégration de quelques amendements durement négociés avec les représentants de son aile gauche. On peut légitimement douter, dans le contexte actuel, que les citoyens de gauche , y compris parmi celles et ceux qui se reconnaissent habituellement dans le Parti socialiste, se satisfassent d’un tel projet, dont les débats à venir feront apparaitre le manque de cohérence, de crédibilité et d’ambition.

D’où l’importance de l’existence d’une autre « offre » à gauche! En particulier pour ces pans entiers de la gauche de plus en plus pressés de tourner la page de l’actuelle Europe. Ce que se propose d’élaborer la Convention du PCF, c’est toute une stratégie de « refondation » de la construction européenne. Non une alternative utopique, abstraite et inaccessible. Non un nouveau « Grand soir », dangereusement illusoire. La volonté est d’aider à orienter les débats et le combat vers les ruptures concrètes à opérer progressivement avec les orientations et les structures actuelles; à populariser des propositions réellement transformatrices; à construire des rassemblements suffisamment larges -y compris en coopération avec d’autres forces progressistes européennes- pour faire bouger les rapports de force, dans les consciences comme sur le terrain, seul moyen de rendre effectivement possible le changement radical de cap auquel nous aspirons en grand nombre.

Le mode de préparation de cette convention- là est en rapport avec sa finalité. Ses organisateurs ont décidé de publier dès maintenant une liste indicative de questions que se posent nos concitoyens, militants politiques ou non, y compris les « questions qui fâchent », afin d’encourager sans attendre les confrontations d’idées . Ils ont même lancé un « Appel à contribution » pour alimenter l’échange d’opinions sur les enjeux en question. Début octobre, un projet de texte, apportant des propositions de réponses à ces questions sera mis en circulation et en débat pour préparer les assises de la mi-novembre. Voilà une démarche à saluer! Naturellement, le PCF s’adresse ainsi prioritairement à ses adhérents et sympathisants. Gageons cependant que tous les apports d’amis du Front de gauche dans son ensemble, et même de la gauche en général, seront les bienvenus.
A vos plumes!

25 juillet 2013 at 5:50 1 commentaire

LA TRIPLE LEÇON D’ILAN HALEVI

wurtz-l-humanite-dimanche            Notre ami Ilan Halevi vient de nous quitter, lui, le décrypteur si éclairant de l’ « Orient compliqué », alors que la région est secouée par d’inextricables bouleversements qui risquent d’émousser des repères essentiels à la compréhension des enjeux. La tragédie syrienne, le fiasco irakien, le jeu pervers des monarchies du Golfe, les espoirs et les craintes liés à la révolution égyptienne, les interrogations sur une possible nouvelle donne en Iran…retiennent toute l’attention internationale. C’est compréhensible et légitime. Pour autant, il serait dangereux de laisser reléguer au second plan le problème palestinien et, par là même, dissiper la responsabilité centrale des dirigeants israéliens dans la déstabilisation du Moyen Orient. Il faut donc s’efforcer de remettre cet enjeu, structurant s’il en est, à la place qui lui revient sur l’agenda international. Les progressistes peuvent y contribuer dans le débat d’idées en cours.

C’est dans cet esprit que je crois pertinent de saluer la mémoire d’Ilan Halevi en rappelant une triple leçon très actuelle que j’ai personnellement retenue de mes rencontres avec ce militant infatigable, qui fut,en même temps, un intellectuel très raffiné.

D’abord, n’analysons jamais le conflit israélo-palestinien en termes religieux, mais politiques,  soulignait celui qui se disait à la fois « 100% juif et 100% arabe » ! Le problème à résoudre ne relève ni d’une confession ni d’une « ethnie », mais du droit international: mettre fin à l’occupation et à la colonisation. Tout le reste n’est qu’échappatoire.

Une autre idée sur laquelle insistait celui qui fut,trente ans durant, un conseiller de Yasser Arafat, est la nécessité de reconstituer une unité nationale palestinienne, afin d’organiser des élections légitimes, de « partager démocratiquement le pouvoir » et de constituer un interlocuteur international reconnu. Ce choix stratégique relève naturellement des Palestiniens eux-mêmes. Notons cependant que ce sont les dirigeants américains et européens qui, obéissant aux consignes de Tel Aviv, ont fait capoter en 2006 le seul gouvernement d’unité nationale qui ait pu voir le jour , en refusant de le reconnaitre malgré l’insistance du Président Abbas. Aussi faut-il mettre en garde contre toute reproduction d’une pareille faute si une nouvelle opportunité d’unité nationale palestinienne devait se présenter dans un avenir proche.

Cela nous conduit à une troisième idée chère à Ilan: que l’Union européenne (UE) « rompe avec sa complaisance » à l’égard des dirigeants israéliens tant qu’ils torpillent toute chance de solution juste et durable au conflit.O utre que c’est un devoir élémentaire de l’UE de défendre la stricte légalité internationale (des dizaines de résolutions des Nations Unies sont bafouées par Israël), sa pratique de l’impunité à l’égard de l’occupant des territoires palestiniens voue durablement à l’échec ses propres tentatives répétées de mettre sur pieds une « Union euro-méditerranéenne ».

Une bonne voie à suivre pour relancer le débat et le combat pour les droits du peuple palestinien est de mobiliser l’opinion en faveur de la libération des prisonniers palestiniens en Israël, et particulièrement du plus emblématique d’entre eux, Marwan Barghouti. Ilan Halevi comptait, il y a peu,  se rendre à Jérusalem dans ce but. La maladie l’en a empêché.  Continuons son engagement!

18 juillet 2013 at 5:29 Laisser un commentaire

UNE EUROPE AMERICAINE ?

wurtz-l-humanite-dimanche    Les révélations effarantes de l’ex-collaborateur de l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA), Edward Snowden, au sujet du programme de surveillance d’internet,PRISM, des activités de surveillance de tous les moyens de communication à travers l’Europe et de la mise sur écoute de dirigeants et de diplomates de nombre de nations « amies » nous donnent l’occasion de nous rappeler la copieuse série de scandales de ce type -mais chaque fois plus graves- qui émaillent l’histoire récente des relations USA-Union européenne.

En 1999 (donc avant l’attentat du 11 septembre 2001, toujours invoqué pour justifier la paranoïa américaine en matière de « renseignement »), on découvre l’existence du réseau de surveillance planétaire Echelon sous l’égide , déjà, de la NSA. Plus exactement, on apprend alors que ce système, mis en place aux temps de la guerre froide pour espionner « l’ennemi commun de l’Occident », a été, par la suite, réaffecté à la surveillance …des Alliés! Le Parlement européen (PE) se saisit de l’affaire, enquête, consulte, mais les (timides) conclusions de son rapport publié en…mai 2001 disparaissent, quatre mois après, dans les ruines du World Trade Center.

En 2004, l’UE négocie avec Washington un accord au terme duquel les données personnelles des passagers (appelées PNR) à destination des Etats-Unis ou prévoyant de survoler leur territoire seront transmises aux autorités américaines. Le problème est qu’ outre -Atlantique, la législation est notoirement moins protectrice que dans l’UE pour les données personnelles. Qu’à cela ne tienne: la Commission assure que le niveau de protection obtenu des Américains est « adéquat ». Aussitôt saisie par le PE, la Cour européenne de Justice annulera cet accord -fait rare- en 2006 ! Un accord , un peu plus protecteur, sera conclu en 2007 pour sept ans.

En 2006, nouveau scandale: on apprend, stupéfaits, que les Etats-Unis disposent depuis cinq ans des données bancaires des citoyens européens, dans le cadre de leurs enquêtes internationales sur le financement du terrorisme. Là encore, le PE adopte , en 2007, une directive acceptant cette pratique mais visant à l’ « encadrer ». Il tente d’améliorer le texte en 2010, mais, de l’aveu même du Contrôleur européen des données, Peter Hustinx, « Cet accord permet de transmettre (au Trésor américain) beaucoup plus d’informations que nécessaire »!

Le double point commun à toutes ces affaires est l’affirmation sans scrupule de la suprématie américaine et la confirmation sans vergogne de la soumission européenne.  » Susan Rice, la conseillère à la sécurité du Président Obama, vient tout juste de rappeler au monde que son pays est « le plus puissant, le plus influent, le plus important, la plus grande économie, la plus grande puissance militaire » sans oublier ses « valeurs », of course ! Alors,pourquoi se gêner? D’autant que, en Europe, ne manquent ni les « chevaux de Troy » qui s’assument -Grande-Bretagne (ouvertement co-organisatrice du système d’espionnage!); Autriche;  pays d’Europe de l’Est…- ni les « indignés » d’un jour qui finissent toujours par s’aligner (suivez mon regard…) Même l’Allemagne ne s’est pas offusquée plus que cela d’être classée par la NSA « partenaire de troisième zone » ni d’apprendre que sa Chancelière était sur écoute ! Il est vrai que la Stratégie européenne de sécurité stipule depuis 2003 que : « En agissant ensemble, les Etats-Unis et l’Union européenne peuvent représenter une formidable force au service du bien dans le monde. « Ben voyons!

11 juillet 2013 at 7:19 Laisser un commentaire

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