Archive for avril, 2017

GARE AUX VRAIS…ET AUX FAUX « FAKE NEWS » SUR L’EUROPE !

De nombreuses informations trompeuses ou carrément fausses ont circulé pendant la campagne du premier tour de l’élection présidentielle. C’est ce qu’on appelle, dans les milieux branchés, les « fake news ». Un certain nombre d’entre elles ont pollué le débat sur « l’Europe ». Pour autant, il ne faudrait pas, à l’inverse -sous prétexte de combattre les caricatures europhobes- considérer comme des « fake news » toutes les affirmations qui contestent légitimement « l’ordre européen » actuel ! C’est pourtant ce à quoi se sont adonnés un certain nombre de commentateurs jusqu’aux derniers moments de la campagne, précisément quand bien des hésitants cherchent à affiner leurs opinions. « La Commission assiste, impuissante, au déferlement de « fake news » à la française » pouvait-on, ainsi, lire dans un grand quotidien économique à trois jours du scrutin. Et de citer plusieurs exemples de ces prétendues « fausses informations » (1). Précisions.

Premier exemple : « La PAC ruinerait les petits agriculteurs ! » Faux ? Hélas, non ! En cause : non la PAC en elle-même, mais sa gestion libérale . On organise le démantèlement de ce qui reste de la régulation des marchés, quitte à faire chuter les cours, et, par là-même, les revenus des paysans, qui ne couvrent souvent même plus les coûts de production. (Souvenons-nous des conséquences de la suppression des quotas laitiers) .

Deuxième exemple : « Les recommandations économiques de la Commission (sont) assimilées à des injonctions » . Faux ? Encore non ! Le journaliste fait ici allusion à l’un des documents au style comminatoire adressés chaque année par « Bruxelles » ( le Conseil, sur proposition de la Commission ) à chaque Etat membre, pour « évaluer » la politique économique suivie par le gouvernement et indiquer les « réformes » à promouvoir pour respecter les « grandes orientations » adoptées par les « 28 ». Alors, quel est le poids réel de ces « recommandations »? Officiellement, il s’agit d’ « incitations (…) à adopter un comportement particulier » mais, dans les faits, il faut y voir beaucoup plus que cela ! Au point que, selon les propres termes d’un organe officiel français,  » la Cour de Justice de l’Union européenne, consciente de l’importance des recommandations, estime que les juges nationaux sont tenus de les prendre en considération ». (2)

Troisième exemple : « la prétendue impossibilité d’avancer en matière d’harmonisation fiscale » dans l’UE. Faux ? Non, si on considère l’extrême timidité des « avancées » par rapport aux attentes. Le projet de taxe sur les transactions financières né après la crise financière ? Un serpent de mer aujourd’hui limité à 10 pays sur 28 et…reporté d’année en année ! L’impôt sur les sociétés (IS) ? Un taux identique partout , il n’en est pas question. Les traités imposent sur ce point que la totalité des Etats soient d’accord . Alors, a-t-on au moins décidé une « assiette commune » pour le calcul de l’IS dans toute l’UE (des règles identiques partout pour calculer les bénéfices) ? Un projet de ce type circule …depuis six ans ! La seule avancée positive est la série de sanctions financières imposées par la Commission à des multinationales qui ont précisément enfreint les règles de concurrence en bénéficiant d’avantages fiscaux éhontés de la part de certains Etats membres : c’est positif. Mais, « l’harmonisation », c’est autre chose !

J’assimilerai, en revanche, à une fausse information le fait d’écrire que « le traité de Lisbonne reprend quelques dispositions » du projet de traité constitutionnel (le TCE rejeté par une majorité de Français en 2005) quand c’est, en vérité, la totalité du TCE qui a été reprise, à l’exception de quelques dispositions ! (3) Décidément, il faut ouvrir les yeux !

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(1) Les Échos du 20/4/2017
(2) Vie publique -Direction de l’information légale et administrative (1/7/2013)
(3) Le Monde du 20/4/2017

28 avril 2017 at 11:55 Laisser un commentaire

D’ISRAEL À LA TURQUIE : SOLIDARITÉ AVEC LES PRISONNIERS !

Ce 15 avril 2017, cela a fait quinze ans que Marwan  Barghouti, cette figure de la résistance palestinienne, est en prison ! Responsable du Fatah ( le parti de Yasser Arafat ) en Cisjordanie et membre du Parlement, il avait été enlevé à Ramallah par l’armée d’occupation et incarcéré depuis lors en Israël. Un simulacre de procès l’avait condamné à plusieurs peines de perpétuité ! Depuis sa cellule, il vient de lancer un mouvement de protestation de grande portée puisqu’il s’agit d’une grève de la faim illimitée, observée tant à l’intérieur des prisons, par les résistants détenus, qu’à l’extérieur par nombre de proches de ces 6500 hommes, femmes et enfants, profondément respectés par leur peuple pour leur lourd tribut au combat pour la liberté et la dignité de tous les Palestiniens. Barghouti a choisi de prendre cette initiative difficile et courageuse un 17 avril, c’est-dire à l’occasion de la journée internationale de solidarité avec les prisonniers palestiniens. L’objectif de cette mobilisation exceptionnelle est de briser l’isolement dans lequel l’occupant entend maintenir les prisonniers vis-à-vis de leur famille et , plus généralement, de leur peuple .

Quiconque suit la lutte du peuple palestinien mesure l’importance cruciale de la question des prisonniers. Aussi, le meilleur soutien à lui apporter est aujourd’hui de relancer partout la campagne pour leur libération et, en particulier, pour celle du plus emblématique d’entre eux, Marwan Barghouti, en qui beaucoup d’observateurs voient un « Mandela palestinien ». À la fois militant résolu contre l’occupation et opposant absolu aux attentats aveugles ou à « l’intifada des couteaux », il est, aujourd’hui, l’un des rares leaders capables, tout à la fois d’incarner le sentiment de révolte d’un peuple exaspéré et de rassembler celui-ci autour d’une stratégie réaliste et responsable de libération nationale, fondée sur la lutte politique, la recherche du soutien international, la négociation et la recherche d’une paix juste avec Israël. Si les dirigeants français et européens veulent effectivement œuvrer pour une « solution à deux Etats dans les frontières de 1967 », conformément aux résolutions des Nations-Unies, comme ils le prétendent, alors un clair engagement en faveur de la libération de Marwan Barghouti s’impose ! Rappelons-le maintenant !
Israël n’est malheureusement pas le seul pays où l’existence de prisonniers politiques en nombre effrayant bloque toute issue à une crise dramatique. Comment, à cet égard, ne pas penser, particulièrement maintenant, à la Turquie ! Et comment, là encore, ne pas s’insurger contre l’insupportable complaisance dont bénéficie en « Occident », un pouvoir qui piétine  avec une infinie brutalité, les valeurs dont se réclament pourtant nos dirigeants ? « France, où est ta voix ? » lance avec une légitime indignation Can Dündar , l’ancien rédacteur en chef du principal quotidien turc, « Cumhuriyet » ( « La République » ), contraint à l’exil tandis que son pays est entré dans l’une des périodes les plus noires de son histoire (1). Ici aussi, la question des prisonniers politiques constitue un enjeu essentiel de la tragédie qui se joue sous nos yeux. Et ici encore, le sort de certains prisonniers emblématiques s’avère particulièrement crucial et appelle, pour cette raison, des initiatives urgentes. C’est le cas du leader historique des Kurdes, Abdullah  Öcalan, emprisonné depuis 18 ans, -et dont les efforts pour résoudre pacifiquement le problème kurde étaient, naguère, reconnus par Erdogan lui-même ! Et c’est le cas de Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, les deux co-présidents du parti HDP, la troisième force politique du pays , dont l’émergence spectaculaire aux élections de juin 2015 annonçait une démocratisation prometteuse de la Turquie. Comme le dit avec justesse Can Dündar : « La victoire sera notre victoire à tous et la défaite notre commune défaite ».
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(1) « Le Monde » 15/4/2017

20 avril 2017 at 11:43 1 commentaire

EUROPE : RIEN NE REMPLACE UN VRAI DÉBAT CITOYEN !

« Faut-il modifier les traités pour pouvoir changer les règles européennes? »; « La Banque Centrale Européenne (BCE) ne pourrait-elle pas, grâce à la « planche à billets », contribuer à régler le problème de la dette? »; « Face au chantage financier des dirigeants européens pour faire plier la Grèce, la gauche n’a pas été capable de se mobiliser pour changer les rapports de force ! »; « Le règlement du problème de la dette passe aussi par la lutte sur le terrain de la fiscalité ! »; « Les rapports de force nécessaires pour transformer l’Europe doivent être créés à grande échelle : cela pose la question des liens à développer avec les forces progressistes européennes »; « La concurrence folle organisée entre les peuples européens existe dès aujourd’hui, avec les travailleurs détachés et la concurrence fiscale : qu’est ce qui changerait avec la sortie de l’UE à cet égard? »; « On ne peut pas attendre que tous les Etats membres soient d’accord pour faire de l’Europe une force de paix à l’Est du continent ou au Proche-Orient : je ne vois pas comment on pourra éviter une « Europe à plusieurs vitesses » ! » ; « L’impasse principale, c’est l’Allemagne : elle profite des conditions très favorables que lui offre la zone euro; acceptera-t-elle qu’on change l’Europe ? »…

Voilà quelques unes des questions abordées lors d’un débat parmi d’autres , dans une ville parmi d’autres, par des citoyen.ne.s parmi d’autres : en l’occurence les participants à la soirée organisée le 6 avril dernier à Manosque , dans les Alpes de Haute-Provence, par le parti communiste français. Deux jours auparavant, le débat télévisé entre les onze candidats à l’élection présidentielle avait également abordé les enjeux européens…Sur ce point, entre ces deux moments de démocratie, franchement, « il n’y avait pas photo » !
Certes, des réflexions justes avaient été faites dans cette émission par Jean-Luc Mélenchon (exemple : « le travailleur détaché, ce n’est pas la personne qui est en cause, ce n’est pas sa nationalité qui compte ») et par Benoît Hamon (comme : « Il manque un point à ce débat : que se passe-t-il si nous sortons de l’Europe ? »), mais les problèmes européens se prêtent décidément mal au système des répliques à la mode anglo-saxonne, en 90 secondes, imposé par les médias ! Rien ne remplacera jamais, en la matière, les échanges vivants, sérieux, et approfondis avec des citoyens !

L’exemple du débat de Manosque l’a, une nouvelle fois, illustré : intéresser les Français aux affaires européennes, c’est possible ! Susciter une confrontation d’idées sur le fond , sans invectives ni caricatures , c’est possible ! Donner envie de s’investir dans un projet européen novateur et constructif, c’est possible ! A condition de faire appel à l’intelligence et à la réflexion de nos interlocuteurs , en bannissant résolument les slogans simplistes censés plaire à l’auditoire. En proposant aussi des repères simples permettant la convergence des sensibilités progressistes. C’est le cas de la question sociale et écologique (ainsi que des leviers permettant d’orienter les moyens financiers dans cette nouvelle direction, en particulier un changement radical des missions de la BCE). C’est également le cas de la question démocratique : chaque peuple doit pouvoir participer au choix des projets à faire vivre en commun avec ses partenaires européens , puis à l’élaboration des grandes orientations  correspondant à ces choix. Enfin, une Europe nouvelle doit se montrer solidaire avec les autres peuples du monde en usant de son poids pour agir avec le plus d’alliés possibles pour faire émerger des règles plus justes et plus pacifiques dans les relations internationales. Ce débat ne sera pas clot le 7 mai prochain !

13 avril 2017 at 8:28 Laisser un commentaire

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