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PALESTINE : C’EST L’HEURE DU SURSAUT !

NETANYAHOU avait-il anticipé la levée de boucliers, d’une ampleur sans précédent depuis des décennies, provoquée par son projet d’annexion de 30% de la Cisjordanie ?
En Israël même, il n’y a pas que les forces de paix -communistes en tête- à manifester leur rejet du plan d’annexion. La liste est longue, jusque dans le camp opposé, des voix qui s’élèvent pour s’inquiéter de savoir « Comment le monde va réagir ? » Tel cet ex-ministre des finances de Nétanyahou, passé à l’opposition, Yair Lapid, qui dit craindre les « grands dommages » pour l’Etat d’Israël et les « réactions sévères » de la part des Palestiniens, des Jordaniens, de l’éventuel successeur démocrate de Trump et « bien sûr des Européens » que susciterait la réalisation du coup de force annoncé. Ou cet ex-haut responsable du Mossad, Ephraïm Halévy, qui attire l’attention publique sur « la colère des Européens » de l’UE, « premier partenaire commercial d’Israël » . Selon lui, « les dommages économiques qu’ Israël subira dépassent de loin tout ce qu’on peut imaginer aujourd’hui, même si les Européens mettent simplement en suspens les accords » (bilatéraux). Ou bien, le chef de l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales, Nimrod Goren, pour qui « Israël doit s’attendre à un recul important de pays comme la France, l’Allemagne et la Jordanie » (l’un des rares pays arabes ayant signé un Traité de paix avec Israël en 1994). Ou encore cet ancien porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Ygal Palmor, qui rappelle aux dirigeants de son pays qu’ « ignorer les avertissements n’est pas une bonne politique » et qu’au contraire, « ces signes publics de ressentiment doivent (…) être soigneusement pesés contre toute mesure prévue ».
Et voilà que se surajoute aux critiques arabes ou européennes une lettre-ouverte signée par 189 Représentants démocrates, parmi les plus pro-israéliens du Congrès américain, demandant au gouvernement de renoncer à « l’annexion unilatérale (qui) pourrait créer de sérieux problèmes pour Israël avec ses amis européens et d’autres partenaires dans le monde » !
De fait, jour après jour, les réactions pleuvent comme jamais : la commission des Affaires étrangères du Parlement belge demande à son gouvernement de reconnaître l’Etat palestinien et de « prendre des initiatives aux niveaux européen et multilatéral afin de prévenir l’annexion par Israël de territoires palestiniens » . Plus de 1000 parlementaires de pays européens appellent à « une action décisive » contre l’annexion. 50 anciens ministres, Premiers Ministres ou Commissaires européens -et non des moindres-appellent l’UE à « contrer la menace d’annexion » en allant jusqu’à parler d’ « apartheid » (une « première à ce niveau) ! Paris note (prudemment) que « l’annexion aura un coût pour Israël » et Berlin évoque une « ligne rouge »…Reste , au-delà des mises en gardes verbales, à passer, cette-fois, à l’acte . Chacun est devant ses responsabilités. C’est l’heure du sursaut.
QUAND L’UE RANIME LE DÉBAT SUR LA CAUSE PALESTINIENNE !

« LETTRE À UN AMI DE GAZA » : UN CRI SALUTAIRE
On ne peut que se réjouir de telles initiatives dans le contexte actuel : le Théâtre de la Ville, à deux pas du Palais de l’Elysée, a invité le réalisateur israélien Amos Gitaï (Kadosh, À l’ouest du Jourdain…) à présenter à Paris sa « Lettre à un ami de Gaza ». Tandis que, désormais épaulé par le sinistre locataire de la Maison-Blanche, Nétanyahou fait de son acharnement contre le peuple de Gaza un argument électoral, sans susciter de la part de nos dirigeants un quelconque sursaut, ce spectacle, atypique à tous égards, est un cri poétique, une interpellation artistique, salutaires.
Pendant que défilent, en toile de fond, les images du « mur » si emblématique du blocus imposé aux Gazaouis, ou celles d’un hélicoptère militaire survolant un territoire palestinien dévasté par les chars israéliens, ou encore celles de jeunes résistants palestiniens se défendant avec une fronde contre les fusils des occupants, des comédiens lisent en Hébreu et en Arabe des textes poignants (surtitrés en Français).
« Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
pense aux autres.
(N’oublie pas le grain aux colombes.)
Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres.
(N’oublie pas ceux qui réclament la paix.)
Quand tu règles la facture d’eau, pense aux autres.
(Qui tètent les nuages.)
Quand tu rentres à la maison, ta maison,
pense aux autres.
(N’oublie pas le peuple des tentes.)
Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
pense aux autres.
(Certains n’ont pas le loisir de rêver) »…
Ou bien cet extrait d’un roman de l’écrivain israélien S.Yizahr qui relate et fustige l’expulsion des habitants d’un village arabe par l’armée israélienne à l’époque de la « Nakba », en 1948. Les ordres des militaires y claquent comme des fouets : « Brûlez ! Dynamitez! Capturez ! Embarquez ! Expulsez ! »
Ou encore cette épreuve de vérité venant de la « génération d’après », imaginée par la courageuse journaliste israélienne, Amira Hass, fille de deux communistes rescapés des camps de la mort : « Comment avez-vous pu détruire des villages -demandera leur fille ? »; « Je n’ai fait que suivre les ordres »; « comme si tout était normal… »
Pour ce grand moment de dignité humaine et de réveil des consciences, merci à Amos Gitaï, qui signe là une belle œuvre, et à Emmanuel Demarcy-Mota, le directeur du Théâtre de la Ville, à l’origine de cette initiative plus que bienvenue .
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