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« HUMANISER LES RELATIONS INTERNATIONALES ! »
La guerre fait rage en Ukraine ainsi que, hélas, dans bien d’autres pays du monde; l’occupation de la Palestine embrase à nouveau le Proche-Orient; l’humanité subit de multiples formes de violences hors de contrôle ! C’est dans ce contexte qu’une passionnante et émouvante rencontre vient de se tenir au Palais du Luxembourg, à Paris, sur le thème : « Promouvoir les sécurités humaines au service de la paix » (1).
Expert.es, responsables politiques, actrices et acteurs de terrain y ont fait vivre leur expérience de régions touchées par des conflits et ouvert des pistes pour répondre à la désorganisation du monde. « Humaniser les relations internationales (devrait être) la grande ambition de notre génération », et pour ce faire, « il faut tout changer dans les politiques internationales », avança d’emblée Bertrand Badie, grand spécialiste de la question. L’une des idées centrales qui traversèrent l’ensemble des interventions fut que l’intérêt global -tel que la sécurité alimentaire, sanitaire, environnementale et climatique, culturelle, etc…, indissociablement- doit l’emporter sur ce que chaque État estime être son intérêt national. Il est temps, fut-il souligné, de réaliser que, dans ce monde devenu interdépendant, où l’imaginaire lui-même s’est mondialisé, l’humanité n’existe que par la solidarité entre les humains. Aussi faut-il en finir avec les illusions de la « puissance » qui, si elle conserve malheureusement des capacités de nuire , a perdu toute maîtrise des enjeux de notre époque. Comme le révèle l’observation des grands événements internationaux, on assiste bien plutôt à la revanche du social sur la puissance (voir en ce moment même le soulèvement populaire, et notamment celui des femmes, en Iran !). Ce poids sans précédent des sociétés dans le jeu international doit être reconnu, et la diversité de celles-ci respectée : « la science de la reconnaissance de l’autre est la clé d’entrée dans ce nouveau monde de la sécurité globale », selon la belle formule de Bertrand Badie.
Parmi les propositions les plus concrètes formulées, on retiendra celle de rendre obligatoires les contributions des 80 « pays à hauts revenus » à l’aide humanitaire et à en confier davantage la gestion aux acteurs locaux ; ou celle d’agir pour que 5% du produit intérieur brut mondial (4000 à 5000 milliards de dollars) par an soient consacrés à l’enclenchement de la transition écologique, et autant pour répondre aux besoins humains essentiels -et ce grâce à deux outils : la fiscalité sur les bénéfices des multinationales et les plus hauts revenus, ainsi que la création monétaire des banques centrales. Ou encore de revaloriser les institutions les plus universelles et les plus légitimes, telles que le Conseil économique et social des Nations unies, aujourd’hui marginalisé, et d’élargir les compétences du Conseil de sécurité de l’ONU à la sécurité…humaine ! Dans ses conclusions, Pierre Laurent, vice-président du Sénat insista sur la nécessité de « hausser le niveau du débat politique sur les grands enjeux de l’émancipation humaine ». Une proposition plus que pertinente, en effet .
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(1) Rencontre-débats, 21/1/2023 à l’invitation de Pierre Laurent, vice-président du Sénat et de Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences-Po.
PALESTINE : C’EST L’HEURE DU SURSAUT !

NETANYAHOU avait-il anticipé la levée de boucliers, d’une ampleur sans précédent depuis des décennies, provoquée par son projet d’annexion de 30% de la Cisjordanie ?
En Israël même, il n’y a pas que les forces de paix -communistes en tête- à manifester leur rejet du plan d’annexion. La liste est longue, jusque dans le camp opposé, des voix qui s’élèvent pour s’inquiéter de savoir « Comment le monde va réagir ? » Tel cet ex-ministre des finances de Nétanyahou, passé à l’opposition, Yair Lapid, qui dit craindre les « grands dommages » pour l’Etat d’Israël et les « réactions sévères » de la part des Palestiniens, des Jordaniens, de l’éventuel successeur démocrate de Trump et « bien sûr des Européens » que susciterait la réalisation du coup de force annoncé. Ou cet ex-haut responsable du Mossad, Ephraïm Halévy, qui attire l’attention publique sur « la colère des Européens » de l’UE, « premier partenaire commercial d’Israël » . Selon lui, « les dommages économiques qu’ Israël subira dépassent de loin tout ce qu’on peut imaginer aujourd’hui, même si les Européens mettent simplement en suspens les accords » (bilatéraux). Ou bien, le chef de l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales, Nimrod Goren, pour qui « Israël doit s’attendre à un recul important de pays comme la France, l’Allemagne et la Jordanie » (l’un des rares pays arabes ayant signé un Traité de paix avec Israël en 1994). Ou encore cet ancien porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Ygal Palmor, qui rappelle aux dirigeants de son pays qu’ « ignorer les avertissements n’est pas une bonne politique » et qu’au contraire, « ces signes publics de ressentiment doivent (…) être soigneusement pesés contre toute mesure prévue ».
Et voilà que se surajoute aux critiques arabes ou européennes une lettre-ouverte signée par 189 Représentants démocrates, parmi les plus pro-israéliens du Congrès américain, demandant au gouvernement de renoncer à « l’annexion unilatérale (qui) pourrait créer de sérieux problèmes pour Israël avec ses amis européens et d’autres partenaires dans le monde » !
De fait, jour après jour, les réactions pleuvent comme jamais : la commission des Affaires étrangères du Parlement belge demande à son gouvernement de reconnaître l’Etat palestinien et de « prendre des initiatives aux niveaux européen et multilatéral afin de prévenir l’annexion par Israël de territoires palestiniens » . Plus de 1000 parlementaires de pays européens appellent à « une action décisive » contre l’annexion. 50 anciens ministres, Premiers Ministres ou Commissaires européens -et non des moindres-appellent l’UE à « contrer la menace d’annexion » en allant jusqu’à parler d’ « apartheid » (une « première à ce niveau) ! Paris note (prudemment) que « l’annexion aura un coût pour Israël » et Berlin évoque une « ligne rouge »…Reste , au-delà des mises en gardes verbales, à passer, cette-fois, à l’acte . Chacun est devant ses responsabilités. C’est l’heure du sursaut.
QUAND L’UE RANIME LE DÉBAT SUR LA CAUSE PALESTINIENNE !

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