Archive for octobre, 2011

BCE: EFFRAYANT « TESTAMENT » DE J-C. TRICHET !

Le Président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, achève son mandat de huit ans ces jours-ci. Avant de tirer sa révérence, le « patron » de la plus puissante institution européenne a voulu prononcer son « testament politique ». Il avait saisi, dès juin dernier, l’occasion de la cérémonie où lui avait été décerné en grande pompe le « Prix Charlemagne » (cela ne s’invente pas…) à Aix-la-Chapelle (Allemagne) pour dresser le bilan de son action et présenter sa vision de l’avenir de la construction européenne. Effrayant. Or, étant donné le prestige dont il jouit dans la « classe dirigeante » européenne, ses idées « personnelles » risquent fort d’être retenues comme paroles d’évangile par des « élites » en plein désarroi face à l’emballement de la crise d’un système qui leur échappe chaque jour un peu plus. Mieux vaut donc y voir de plus près. Petit retour en arrière éloquent.

Son appréciation de son propre bilan est simple à résumer: il est indiscutable!  « L’UEM (Union économique et monétaire) a apporté la  croissance (…), a été bénéfique à l’emploi (…), a apporté la stabilité des prix (…) et la stabilité monétaire. L’Euro est une monnaie forte et crédible à laquelle nos concitoyens, les investisseurs et les épargnants accordent toute leur confiance ».  Fermez le ban! Sachez donc, mes chers « concitoyens » lecteurs, que vous avez « confiance » dans la gestion actuelle de l’euro et dans ses bienfaits sur l’emploi, les prix et l’économie elle-même  Voilà pour le présent.

Mais quelles leçons propose-t-il aux leaders européens de tirer, pour l’avenir, de la catastrophe dans laquelle s’enfonce « son » Europe?  « Il conviendrait de prévoir à moyen terme deux étapes pour les pays en difficulté.  Bien évidemment cela impliquerait de modifier le Traité » avance M. Trichet.  La « première étape » reviendrait à faire comme aujourd’hui: exiger des pays bénéficiant d’une « assistance financière » qu’ils procèdent eux-mêmes à un « ajustement structurel de l’économie »…Mais, si par la suite, un pays n’atteint pas « les résultats attendus », la deuxième étape « devra être d’une toute autre nature »: il reviendrait alors aux « autorités européennes » de prendre, à la place des responsables et élus nationaux, les « décisions de politique économique nationale », en particulier en ce qui concerne le budget et « les facteurs déterminants pour la compétitivité du pays ».  Une mise sous tutelle pure et simple qu’un ancien commissaire européen italien, Mario Monti, pourtant lui-même très libéral, n’a pas hésité à comparer à celle que, sous le fascisme des années 20, dans son pays, le « podestat » était chargé d’exercer dans chaque ville à la place des organes démocratiques !

Voilà le type de dérive ultra-centraliste et autoritaire que cache la rhétorique sur l’urgence d’un « saut fédéral ». Il est vital de l’enrayer. Problème: à ce jour, entre les pressions des marchés financiers et l’intervention des peuples, le déséquilibre est patent. Certes, les mobilisations populaires en Grèce sont impressionnantes; certes, de puissantes luttes sociales ont lieu au Portugal; certes, le mouvement des « indignés » fait tâche d’huile. C’est la dimension politique, celle d’un… front  de gauche, porteur d’un projet alternatif pour l’Europe, dans lequel des millions d’Européens puissent se reconnaître, qui fait encore défaut. Un pas décisif dans cette voie peut être franchi en 2012.

27 octobre 2011 at 2:41 Laisser un commentaire

BONNES NOUVELLES AU SUD DE LA MEDITERRANEE

Le témoignage d’un communiste brillamment élu, avec d’autres authentiques progressistes, à … Tel Aviv; un récit enthousiasmant sur une expérience citoyenne sans précédent en Tunisie où la société, en dehors de toute structure étatique, s’organise pour préparer le scrutin du 23 octobre d’où sortira une Assemblée constituante; le tout en présence du Président, communiste, de l’Assemblée territoriale de Corse (encore une « première »), Dominique Bucchini: il y avait de quoi se pincer pour s’assurer de ne pas rêver, la semaine dernière, près d’Ajaccio, où se déroulait – heureuse initiative – une journée d’échanges et de formation d’ « élus des deux rives de la Méditerranée », sous l’égide du CIDEFE et du réseau REALPE [1].  Il ne s’agit évidemment pas ici de résumer les travaux en question, mais d’en livrer quelques éléments d’information qui méritent de circuler plus largement.  Puissent-ils inspirer nos réflexions sur la force et la diversité des exigences de changements qui, un peu partout, cherchent à se frayer un chemin en bousculant un ordre établi qui a fait son temps mais refuse avec acharnement de laisser la place.

Tel Aviv, tout d’abord, fait de plus en plus la « contre-actualité » en Israël.  On se souvient qu’en 2008, un jeune député communiste, Dov Khenin, réputé pour son opposition farouche à l’occupation des territoires palestiniens, s’était présenté contre le maire travailliste, ancien pilote de chasse réputé pour son conservatisme, et avait créé la surprise en réunissant 33% des suffrages!  « Une hirondelle ne fait pas le printemps » avaient minimisé certains observateurs.  Or l’année suivante, c’est toute une liste progressiste (rouge-verte) qui a fait bondir la participation électorale et conquis la première place parmi les groupes politiques du Conseil municipal!  L’un de ces élus, lui aussi communiste, Yoav Goldring, compte à présent parmi les animateurs des « indignés » de Tel Aviv, d’où est parti le gigantesque mouvement social qui a déjà bousculé Nétanyahou.  Prochaine étape: une « grève générale de la population », avec la participation des syndicats mais aussi des étudiants et des parents, le 1er novembre prochain…

Quant à la société tunisienne, Mohieddine Cherbib, du comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme nous en a révélé les ressorts civiques malgré la longue absence d’expérience démocratique.  Une refondation totale des institutions est en cours dans le pays.  L’Union générale des travailleurs tunisiens, d’innombrables associations, des intellectuels, des magistrats, tous les « partis de la Résistance » coopèrent à créer les conditions d’un choix libre et souverain des citoyens tunisiens: refonte des listes électorales, organisation des inscriptions, préparation de 10 000 bureaux de vote…  Une haute instance composée de personnalités indépendantes et respectées est chargée de veiller au respect des règles, parmi lesquelles la parité hommes-femmes.  Des dizaines de milliers de personnes ont pu se former à l’accomplissement de leur responsabilité dans ce processus inédit.  Naturellement, rien de tout cela ne préjuge des résultats du vote – qui risquent d’être en partie la rançon de la dictature passée.  Mais des jalons de la démocratie sont posés: « Dans toute la société, on discute politique » note avec émotion Mohiéddine.  C’est sur ce terreau fertile que les forces de progrès pourront semer.  Dominique Bucchini s’est aussitôt dit disponible pour partager son expérience avec nos futurs partenaires.  Il y avait plein de soleil, la semaine dernière, à Ajaccio.  Dans le ciel et dans nos cœurs…


[1] CIDEFE: Centre d’Information, de Documentation, d’Etudes et de Formation des Elus.

REALPE: Réseau d’élus et d’autorités locales progressistes européens.

20 octobre 2011 at 5:50 Laisser un commentaire

MENACES SUR CHYPRE

On ne le rappellera jamais assez: il existe encore un pays de l’Union européenne dont près de 40% du territoire sont occupés militairement par une puissance étrangère!  Le pays occupé, c’est Chypre.  La puissance occupante, c’est la Turquie, par ailleurs membre de l’OTAN et candidate à l’entrée dans l’UE.  La raison invoquée il y a 37 ans par la Turquie pour justifier l’invasion de la partie nord de l’île était le coup d’Etat fasciste perpétré par le régime des colonels grecs avec le concours de l’extrême-droite nationaliste chypriote-grecque.  Ankara disait vouloir protéger la communauté chypriote-turque, alors effectivement menacée (tout comme les démocrates chypriotes-grecs, particulièrement les communistes).  Il va sans dire que ces justifications n’ont plus aucun sens aujourd’hui!  L’actuel Président de la République de Chypre, Demetris Christofias, leader du parti AKEL (communiste – 33% des suffrages au premier tour) est même une figure emblématique du combat pour une réunification du pays fondée sur l’égalité politique entre les deux communautés et le partage équitable du pouvoir. 

Pourtant, l’obstination des dirigeants turcs bloque toute perspective se solution.  Pire, le Premier Ministre, Erdogan, se montre de plus en plus arrogant et même menaçant vis-à-vis de Chypre et, plus généralement, de quiconque a l’outrecuidance de traiter normalement avec cet Etat souverain.  Bousculé comme tant d’autres par le « printemps arabe », il a tourné le dos à ses anciens amis devenus encombrants, pour se présenter en leader du Moyen-Orient, allié privilégié du peuple palestinien.  Fort de cette posture avantageuse, il redouble d’agressivité vis-à-vis de Chypre.

Ainsi menace-t-il directement le gouvernement de Nicosie, sans exclure un conflit, si celui-ci ne fait pas stopper les explorations de gaz offshore dans la zone économique chypriote!  Les explorations en question ont pourtant lieu au sud de Chypre, face à Israël ou au Liban, et non au nord, près de la Turquie.  En outre, les autorités chypriotes avaient, d’emblée, précisé que les éventuelles retombées de ces recherches profiteraient à l’ensemble des Chypriotes – tant Turcs que Grecs.  Il n’empêche: Ankara ne reconnaissant pas la République de Chypre et n’ayant pas signé la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (entrée en vigueur en 1994) s’octroie le pouvoir d’envoyer ses propres navires dans la zone, escortés de torpilleurs, de frégates, de F16!  Sur sa lancée, le gouvernement turc va jusqu’à annoncer que « ses relations avec l’Union européenne prendraient brutalement fin » si la République de Chypre était appelée – comme le prévoit naturellement le calendrier des rotations semestrielles – à exercer la présidence tournante de l’UE à partir du 1er juillet 2012…

C’est dans ce contexte international tendu que le Président chypriote doit faire face, à l’intérieur du pays, tout à la fois à de sérieux problèmes économiques (effet de la crise sur l’activité touristique, exposition des banques à la dette grecque; mise hors service d’une centrale électrique stratégique suite à l’explosion dramatique d’un dépôt d’armes, etc.) et à une grave crise politique: tout ce que le pays compte de forces hostiles à l’accession d’un communiste aux responsabilités suprême se ligue pour tenter de le faire chuter, quitte à laisser le champ libre à la stratégie d’Erdogan, grosse d’une dangereuse crise en Méditerranée orientale.  C’est dire si nos amis chypriotes ont besoin de solidarité.  Ils la méritent.

13 octobre 2011 at 3:07 3 commentaires

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