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LETTRE OUVERTE À QUI APPRÉCIE IAN BROSSAT
« LE PCF vise la barre des 5% , le score minimum pour envoyer des députés à Strasbourg. Une mission pas impossible » : pour la première fois, le 17 mai dernier, le journal « Libération » reconnaissait que l’élection de Ian Brossat et des trois autres candidats et candidates placés en tête de la liste présentée par le Parti communiste français -Marie-Hélène Bourlard, Patrick Le Hyaric et Marie-Pierre Vieu- était envisageable. Pourquoi maintenant enfin ? « Parfois, en politique -explique le journal de Laurent Joffrin- certaines histoires s’emballent à grande vitesse. Un détail et tout s’accélère. Par exemple, Ian Brossat. Après un débat télévisé convaincant, la tête de liste du PCF aux européennes est une tendance qui ne cesse d’être en hausse » (1). Rendant compte du grand meeting réussi de la veille, à Paris, le quotidien « Le Monde » évoque, à son tour, « les bonnes ondes » qui « redonnent de l’espoir au parti de la place du Colonel Fabien ». (2) Pour « Le Parisien », Ian Brossat, « c’est l’une des révélations de cette campagne », qui « préfère la démonstration à la polémique, le débat à l’anathème » (3). Même son de cloche sur les réseaux sociaux et dans les conversations avec des gens de toutes les familles de la gauche, sans exception.
Pour avoir beaucoup côtoyé la tête de liste du PCF dans cette campagne, je vois bien la place que prendra très vite ce futur jeune député tant au sein de l’hémicycle de Strasbourg et de Bruxelles que sur le terrain, parmi les gens. Une chose est sûre : dans ces institutions si particulières, sa capacité à se montrer à la fois ferme et courtois, politique et concret, fort de son expérience sociale mais étranger à toute prétention, fera merveille. Il saura se faire respecter, y compris de nos adversaires et de la Commission européenne. Il aura tôt fait de nouer des liens avec les autres composantes de notre groupe de la « Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique » , et au-delà, avec tous les alliés potentiels sur tel ou tel sujet d’importance. Il y sera un porte-parole créatif et moderne de notre peuple, pour toutes les avancées sociales, écologiques et de solidarité qu’il a développées tout au long de sa brillante campagne. Dans les institutions comme dans les territoires, il contribuera à redonner des lettres de noblesse aux idéaux et aux meilleures traditions de la gauche, dont il souhaite avec raison qu’elle « retrouve le chemin du rassemblement ». Nous serons nombreuses et nombreux à être fiers de lui et de ses camarades parlementaires.
Mais cette perspective si proche et si enthousiasmante ne deviendra réalité qu’à une double condition . D’abord, que chacune et chacun qui apprécie Ian Brossat et ses co-listières et co-listiers concrétise, dimanche prochain, cette légitime sympathie par son vote ! Et, dans le même temps, que nous utilisions toutes et tous les heures décisives qui nous séparent du verdict des urnes pour nous demander qui, dans notre entourage ou nos relations, gagnerait à partager notre conviction et notre acte électoral. Ne prenons pas le risque de regretter dimanche soir de ne pas avoir apporté notre pierre à l’édifice : ouvrir la porte du Parlement européen à Ian Brossat, Marie-Hélène Bourlard, Patrick Le Hyaric et Marie-Pierre Vieu !
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(1) Libération (17 mai 2019)
(2) Le Monde (17 mai 2019)
(3) Le Parisien (7 mai 2019)
LE COÛT HUMAIN ET ÉCOLOGIQUE DE LA COURSE AU PROFIT
Il y a des coïncidences parlantes : le 6 mai dernier s’est ouvert le procès « France Télécom » qui doit juger une entreprise du CAC 40 et sept de ses anciens dirigeants pour « harcèlement moral » ayant poussé à bout nombre de salariés jusqu’à conduire à une consternante vague de suicides ; le même jour, le Sommet mondial de la biodiversité lançait, depuis Paris, son appel solennel à éviter la première extinction de masse des espèces causée par les humains ! Qu’est-ce qui rapproche ces deux événements ? La course au profit à n’importe quel prix ! Dans le premier cas, l’ancien patron, Didier Lombard, a notamment évoqué « l’agressivité de la concurrence » pour justifier les « transformations pas agréables imposées à l’entreprise », au prix d’une déstabilisation organisée des salariés destinée à pousser 22 000 personnes vers la sortie… »d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte », selon l’élégante formule du PDG en 2007. « Management par la terreur » écrira un technicien avant de se donner la mort ! L’enjeu du « crash programme » de l’ex-direction ? Confirmer la pleine réussite de la privatisation de l’ex-service public en dégageant « sept milliards de cash flow », selon le directeur dit « des ressources humaines » ! Insoutenable.
La même logique prédatrice et irresponsable conduit à ce que « la santé des écosystèmes dont nous dépendons (…) se dégrade plus vite que jamais » car « nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », selon l’avertissement du président du « GIEC de la biodiversité », Robert Watson. Agriculture intensive et agro-business ; sur-pêche; déforestation massive; marchandisation du vivant; croissance non soutenable; pollutions non contrôlées… sont autant de pratiques relevant de différentes formes de « néolibéralisation de la nature ».
Et l’Europe dans tout cela ? La tragédie de France Télécom a directement à voir avec le grand virage libéral de « l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre » engagé dans les années 90. En matière de biodiversité, la réalité européenne est plus contradictoire : l’Union européenne dispose d’une politique en ce domaine depuis plusieurs décennies, le problème réside dans le manque de volonté des Etats membres d’aller au bout de l’ambition affichée, précisément parce que celle-ci se heurte à la logique néolibérale en vigueur. En 2011, elle a adopté une nouvelle stratégie sur 10 ans pour la préservation de la biodiversité, conformément aux engagements pris lors de la Convention internationale de Nagoya (Japon) (1). Problème -illustré spectaculairement par l’affaire du glyphosate où la Commission a épousé les thèses de Monsanto contre l’avis de l’Organisation mondiale de la santé !- : la politique européenne en matière de biodiversité « constitue un exemple classique de politique qui ne tient pas ses promesses (…) bien qu’elle ait parfaitement cerné les problèmes ». (2)Pour le social comme pour l’écologie, la rupture avec la logique libérale est la condition du changement.
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(1) Voir Chronique de F. WURTZ (Humanité-Dimanche du 4/11/2011)
(2) CESE (septembre 2016)
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