Archive for août, 2012

LA GAUCHE FACE A LA CRISE DE L’EURO

Plus un jour ne se passe sans que ne se produise un nouveau craquement annonciateur d’un possible éclatement de la zone euro.A la mi-août, un ministre finlandais révélait que son gouvernement, « au même titre que tous les autres »,avait « élaboré une sorte de plan opérationnel pour faire face à toute éventualité »,telle que « la possibilité d’un éclatement de l’euro ».Puis ce fut le tour du vice-Chancelier autrichien de demander que l’on trouve « les moyens nous permettant d’éjecter de la zone euro les pays qui ne respectent pas leurs engagements ».Il insinua même que les dirigeants allemands,luxembourgeois,finlandais et néerlandais pensaient comme lui.De son côté,le président de l’eurogroupe (qui réunit les 17 ministres des finances de la zone),a abondé dans le même sens,en déclarant que la Grèce,première cible des pays-modèles, »joue sa dernière chance » et que son éventuelle sortie de l’euro serait « gérable ».Bref,le navire prend l’eau de toutes parts.

Voilà qui confirme nos analyses  depuis le traité de Maastricht en 1992 et qui conforte notre volonté de mener le combat pour rompre avec les logiques et les structures malfaisantes qui sont au coeur de ce système.Nous ne saurions pourtant nous réjouir de cette situation!Car nous n’oublions pas que les peuples directement visés payeraient au prix fort le fait que leurs pays soient livrés  aux spéculateurs et qu’ils se lanceraient dans une surenchère de concurrence économique,de dévaluations « compétitives » et de dumping salarial, dans l’espoir de remonter la pente et de « regagner la confiance des marchés »,fût-ce en enfonçant le voisin.Nous sommes également conscients du fait qu’aucun peuple ne profiterait de cette déliquessence de l’euro.Les pays qui échapperaient à l’effet-domino des expulsions seraient poussés à s’intégrer dans une sorte de club des pays « vertueux » (au sens que donnent à ce mot les marchés financiers) sous la houlette de la classe dirigeante allemande.Enfin,il tombe sous le sens que ce contexte de crise aggravée serait un terreau fertile pour les nationalismes,les populismes,la xénophobie: un climat à l’évidence peu propice à la pensée critique,à l’intervention citoyenne ou à l’action solidaire!Miser sur cet échec retentissant d’une construction libérale dans l’espoir qu’il sonnerait l’heure de l’alternative progressiste serait donc,à mes yeux, une grave erreur.

La responsabilité historique de la gauche dans de telles circonstances me parait être,au contraire,de parer sans attendre à l’énorme risque de division des victimes du système,de confusion dans les esprits et de desespérance que génèrent toutes les crises.Le devoir de la gauche n’est-il pas,dès lors,de viser coûte que coûte -parallèlement à une intense bataille d’idées faisant appel à l’intelligence- à rassembler,très au-delà de nos familles politiques,quiconque se reconnaisse dans quelques grands axes à portée transformatrice,tels que: « stop à l’austérité et priorité au développement social »; « stop à la toute-puissance des marchés financiers et changer les missions de la Banque centrale européenne pour financer le développement social et permettre le rattrappage des retards de productivité dans une optique de solidarité »; « stop à la mise à l’écart des citoyens et restauration de la démocratie et de la souveraineté populaire. »En un mot:il s’agit d’engager,au coeur de la vie des gens et avec les citoyens eux-mêmes,un combat constructif pour changer l’Europe.L’étape immédiate à franchir est celle de la clarification des enjeux explosifs liés au traité budgétaire européen que le gouvernement s’apprête à faire ratifier en catimini par des parlementaires scandaleusement dociles. Sans oublier l’indispensable dimension européenne de nos initiatives,en particulier la grande innovation du « Million d’Européens en campagne ».

30 août 2012 at 10:26 1 commentaire

LE TRAITE BUDGETAIRE, BOITE DE PANDORE

En organisant le passage en force de la ratification du traité budgétaire européen,François Hollande et le parti socialiste prennent une lourde responsabilité dont la gauche risque,tôt ou tard,de payer le prix.D’abord,en raison des effets directs de ce texte,qui sont,tant sur le plan social qu’en matière de démocratie,aux antipodes des espoirs de changement de la majorité des Françaises et des Français.Ensuite,parce que ce traité est une boîte de Pandore:sa ratification doperait des tendances lourdes dont nul ne sait jusqu’à quelles extrémités elles nous entraineraient.Enfin,du fait du caractère subreptice, »cachotier »,sinon manipulateur,de toute cette opération.Chacun de ces aspects mérite qu’on s’y arrête.

Le contenu du traité justifie en lui-même son rejet catégorique par toute la gauche.Alors que l’UE s’enfonce dans le chômage et la récession,le traité vise à instituer durablement la stratégie de l’austérité budgétaire.On le sait: il stipule,afin de garantir le respect de cette tajectoire restrictive,non seulement que le budget de la nation soit soumis au contrôle préalable de la Commission et du Conseil,mais qu’un  « mécanisme de correction sera déclenché automatiquement » pour remettre dans la bonne voie tout pays qui s’en écarterait.Un éventail de sanctions est prévu à cet effet.Enfin,la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire doit faire l’objet de « dispositions contraignantes » et « permanentes » dont « le plein respect et la stricte observance tout au long des processus budgétaires nationaux » doivent être dûment garantis sous le contrôle de la Cour de Justice européenne ! Ainsi,nos parlementaires sont-ils appelés à adopter un texte qui les privera de fait de leur prérogative essentielle:l’exercice de la souveraineté budgétaire.Quant aux parlementaires socialistes,il leur est demandé de céder à des instances européennes dominées par des intégristes du libéralisme le choix des orientations économiques et sociales de la France. Inouï !

Mais l’offensive des ultra qui ont inspiré ce traité ne s’arrêterait pas là.Une fois franchie cette étape sonnerait l’heure de la suivante.Leur feuille de route n’est pas un secret.Mario Draghi,le président de la Banque centrale européenne,avait annoncé la couleur dès février dernier: »Le traité budgétaire,c’est le début » avait-il déclaré au Wall Street Journal.Ironisant sur l’époque où certains considéraient que « les Européens pouvaient se permettre de payer tout le monde pour ne pas travailler »,il avait martelé: »Ce temps-là est révolu ». « Le modèle social européen est mort » avait-il souligné.C’est au nom de cette « vision » de l’Europe que le même Draghi juge « inévitable » une « union financière,budgétaire et politique (qui) conduira à la création de nouvelles entités supranationales »(Le Monde 22/7/2012).Ce processus de centralisation des leviers du pouvoir à l’abri des citoyens est naturellement promu au nom de la lutte contre la crise.Comme le dit non sans cynisme le président du Conseil européen,M.Van Rompuy: »La crise de la dette souveraine constitue une formidable opportunité pour un véritable bond en avant de l’intégration économique ».Un document traçant les grandes lignes de ce « bond » étalé sur une dizaine d’années sera même discuté avant la fin 2012…

De tout cela,nos dirigeants ne disent mot.Ce silence,tout comme la posture mystificatrice sur la « renégociation » du traité budgétaire et finalement la mise à l’écart des citoyens de choix aussi structurants appelle une sérieuse confrontation d’idées parmi celles et ceux pour qui « le changement » n’est pas qu’un slogan.

23 août 2012 at 9:05 Laisser un commentaire

L’OCCUPATION ET LA COLONISATION RÉCOMPENSÉES

A première vue, le gouvernement israélien est actuellement dans le collimateur des dirigeants occidentaux. La preuve : les responsables américains se bousculent en ce moment à Jérusalem (Ouest) : le sous-secrétaire d’État, le Conseiller à la sécurité nationale, le Secrétaire à la défense et Hillary Clinton en personne s’y sont succédé en l’espace de trois semaines ! Malheureusement, ce n’est pas le sort des Palestiniens qui est au menu de leurs entretiens. Il s’agit pour eux d’empêcher les aventuriers actuellement au pouvoir en Israël  de déclencher un cataclysme aux conséquences incalculables en bombardant l’Iran. En tout cas, les émissaires de Washington veulent à tout prix éviter le pire… d’ici l’élection présidentielle aux États-Unis. Sans rien exclure pour la suite ,a  précisé le chef du Pentagone,Monsieur Panetta, afin de « rassurer »  ses interlocuteurs obsédés par « l’option militaire » tous azimuts.

Qu’en est-il à présent du côté des croisés des droits de l’homme européens ? « Le processus de paix au Proche-Orient ne peut pas devenir un orphelin du printemps arabe » ! a osé lancer l’un d’eux à l’adresse de Monsieur Netanyahou, par ailleurs fermement appelé à créer les conditions de la « reprise » des négociations avec les Palestiniens. Ces mâles admonestations sont celles du président de la Commission européenne himself ! C’était le 9 juillet dernier à Bruxelles. Le Premier Ministre israélien venait tout juste de franchir une nouvelle étape dans sa stratégie visant à rendre irréversible l’occupation, voire l’annexion, des territoires palestiniens en confiant à trois « juristes » le soin de légaliser la colonisation de la Cisjordanie (voir HD de la semaine dernière). Alors, assisterions-nous enfin à un sursaut salutaire des dirigeants européens ? Hélas, il n’en est rien. Car,au même moment,ceux-ci étaient en train de finaliser ni plus ni moins qu’un accord invraisemblable avec le même Nétanyahou, conduisant à…approfondir la coopération privilégiée avec Israël ! Et ce dans soixante secteurs, qui vont du Marché intérieur aux mouvements de personnes, de l’agriculture au tourisme, de la justice à la police, du transport à l’énergie, de la santé publique à l’environnement, des communications, de la science à la technologie… Mais, rassurez-vous :  » ce n’est en aucun cas le « rehaussement » annoncé (mais provisoirement gelé) des relations bilatérales…

Précisons que cette décision insolente intervient après plusieurs rapports très explicites des Chefs de mission diplomatique européens dans les territoires palestiniens alertant sur la destruction des bases d’un futur État palestinien par la colonisation systématique de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Elle intervient aussi après l’adoption, le 14 mai dernier, d’une résolution très ferme du Parlement européen qui insistait « pour que l’engagement pris par Israël de respecter ses obligations au titre du droit international en matière de droits de l’homme et du droit humanitaire international à l’égard de la population palestinienne soit pris pleinement en considération dans les relations bilatérales de l’UE avec ce pays. »

On attend les explications des autorités françaises. On espère aussi que Paris, qui exerce pour deux mois la présidence du Conseil de sécurité des Nations Unies, saura  prendre ses responsabilités sur ce conflit central du monde actuel.

16 août 2012 at 10:37 Laisser un commentaire

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