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PALESTINIENS, KURDES : PEUPLES MARTYRS !
« Lors du discours qu’il a prononcé à La Tribune des Nations-Unies en novembre 1974, Yasser Arafat a successivement proposé d’établir un « mini-Etat » en Cisjordanie et Gaza, de procéder à une reconnaissance réciproque et simultanée entre Israël et l’OLP, de négocier avec les représentants de l’Etat juif dans le cadre d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU et des grandes puissances (…) Début 1983, il reçut personnellement à Tunis certaines personnalités (israéliennes, sionistes mais favorables à une solution bi-étatique), en compagnie desquelles il s’est fait photographier, défiant ainsi plusieurs organisations de fédayins (…) Dans tout autre conflit, de telles dispositions auraient été suffisantes pour aboutir à un règlement ». Là, il n’en fut rien.
Cette longue citation d’un ancien journaliste du « Monde » et grand connaisseur du Moyen-Orient, date de 1984 (1). Cette terrible injustice, ce spécialiste reconnu de la question en attribuait « une part de responsabilité particulièrement lourde » aux Etats-Unis, dont il fustigeait l’hypocrisie : « admettre dans son principe le droit à l’autodétermination des peuples, tout en le niant aux Palestiniens sous divers prétextes ». 35 ans après, ce constat lucide conserve toute son actualité, à cette différence près que tant la sauvagerie de l’occupant que la complicité de son parrain américain ont décuplé, tandis que les dirigeants européens s’illustrent bien plus qu’à l’époque par leur démission politique et éthique en continuant d’assurer l’impunité à Israël , quel que soit le degré de violation du droit international perpétré par son chef et son armée. Puisse la prise de conscience de cet énorme scandale toucher les futures générations d’Européens et les conduire à prendre , aussi longtemps que cela s’avérera nécessaire, le relai de leurs aînés dans l’emblématique combat pour la solidarité avec le peuple palestinien.
Cet engagement ne peut être séparé de celui qu’appelle, pour des raisons très proches -y compris la part de responsabilité de Washington et l’impuissance des Européens- , le sort imposé au peuple kurde, autre peuple martyr ! Ce devoir de solidarité s’impose à tout observateur un tant soit peu humain comme une évidence, particulièrement depuis que le dictateur turc s’acharne avec une violence sans précédent tant contre les citoyens kurdes de son propre pays que, désormais, contre ceux du voisin syrien. En poussant cette fois l’agression jusqu’à occuper militairement un territoire étranger, à pratiquer un véritable nettoyage ethnique dans la région occupée, à persécuter ceux-là même que le monde entier reconnaissait -depuis Kobanê- comme les combattants et combattantes les plus farouches contre Daech, au prix de la vie de milliers d’entre elles et d’entre eux, le maître d’Ankara défie la communauté internationale. Laisser passer un tel crime sans réagir reviendrait à encourager ce dictateur mégalomane à pousser toujours plus loin son aventure guerrière. Les Kurdes demandent tout à la fois des mesures répondant aux besoins humanitaires et de protection de la population ainsi qu’une intervention politique et judiciaire, dans le cadre de l’ONU, à même d’arrêter le bras de l’envahisseur et d’assurer aux Kurdes de Syrie la place qu’il leur revient dans le processus de résolution de la crise de leur pays. Il faut les entendre.
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(1) Eric Rouleau dans « Les Palestiniens, d’une guerre à l’autre » (La Découverte, 1984)
CONTRE LA GUERRE : STOP ERDOGAN !
La première chose à rappeler à propos de l’offensive militaire turque contre la région de Syrie tenue par les Kurdes, c’est qu’il s’agit d’une « violation flagrante des principes du droit international » et d’un « acte d’agression pour lequel Erdogan et d’autres fonctionnaires de l’Etat (turc) devraient être tenus pénalement responsables » (1)
Circonstance aggravante: elle n’est pas le résultat d’une crise conjoncturelle, mais s’inscrit dans un projet stratégique affirmé du Président turc : empêcher à tout prix, dans cette région kurde du nord de la Syrie, la jonction de l’enclave d’Afrin (500 000 civils dont un grand nombre de réfugiés d’autres régions syriennes) avec les deux autres districts peuplés majoritairement de Kurdes, Kobané et Qamishli. L’émergence d’une entité autonome gérée par les Kurdes du Parti PYD, proche du PKK , à proximité de la Turquie, est le cauchemar d’Erdogan.
Ces combattants -que les Etats-Unis eux-mêmes considèrent être le meilleur rempart contre les « djihadistes » de Daesh, au point de vouloir les intégrer dans une force de 30 000 hommes chargés d’empêcher le retour de « l’Etat islamique »-, le dictateur d’Ankara n’y voit qu’une « armée de terroristes » qu’il s’est juré de « tuer dans l’œuf ».
En outre, tout opposant à cette guerre en Turquie-même subira le même sort : « Nous écraserons quiconque se dressera contre nous dans cette lutte nationale » avait prévenu Erdogan ! De fait, nombre de « traitres à la patrie » sont arrêtés, tandis que des « recommandations » sont transmises à la presse pour qu’elle livre à l’opinion un « journalisme patriotique »…Un vent de folie ultra-nationaliste et militariste souffle sur tout le pays.
Mais le maître d’Ankara ne limite pas ses menaces à ses compatriotes : « Si la France ou un autre pays porte l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie considèrera qu’elle prend parti pour une organisation terroriste et agira en conséquence », a-t-il froidement asséné à l’adresse de la communauté internationale, pourtant, à ce jour, fort mesurée dans ses critiques.
Ajoutons que cette aventure sanglante , non seulement perturbe la poursuite des combats anti-Daesh en Syrie -les Kurdes défendant désormais prioritairement leur propre territoire contre l’armée turque et ses supplétifs-, mais risque de compromettre les tentatives de négociations (dites d’Astana) en vue d’une transition politique entre Damas, les rebelles et les puissances engagées dans la tragédie syrienne. « Des zones de désescalade redeviennent des zones de conflits. Donc, naturellement, cela pose un problème au processus d’Astana » affirme le Général Trinquand, ancien chef de mission militaire de la délégation française à l’ONU.
Un dernier rappel s’impose: la France et l’Allemagne comptent parmi les pourvoyeurs d’armes du sinistre promoteur de l’opération « rameau d’olivier » ! Comme l’a souligné , non sans courage, un quotidien turc : pour les Occidentaux, « Les armes et l’argent sont prioritaires. Si l’on rappelle des principes politiques du bout des lèvres, c’est uniquement pour sauver les apparences ». (2) Assez d’hypocrisie ! Stop Erdogan !
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(1) Déclaration de l’Association internationale des juristes démocrates.
(2) Hürriyet Daily News 8/1/2018
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