Archive for août, 2021

AFGHANISTAN : APRÈS LA SIDÉRATION, LES QUESTIONS !


Le monde entier a été sidéré par la foudroyante victoire des talibans dans tout l’Afghanistan avant même que les derniers soldats américains n’aient tourné les talons ! Cette (nouvelle) débâcle militaire et politique de la première puissance du monde mérite réflexion. 
On est avant tout révulsé à l’idée que tous ceux, et à plus forte raison toutes celles, qui, dans ce pays meurtri, avaient commencé à entrevoir une vie plus libre, retombent à nouveau sous la coupe moyenâgeuse des fondamentalistes. Et d’autant plus indigné devant le cynisme d’un Biden face au triste sort que son manque d’anticipation réserve aux anciens protégés des Occidentaux, tout comme devant l’insupportable hypocrisie d’un Macron annonçant, après force références à « nos valeurs », vouloir faire barrage aux « flux migratoires irréguliers » en provenance d’Afghanistan ! La solidarité active avec ces innombrables victimes est naturellement notre priorité. 
L’heure est, cependant, aussi aux enseignements à tirer de cette lamentable expérience. Nous étions nombreux à partager de longue date la conviction que la « guerre libératrice » déclenchée il y a vingt ans par les Etats-Unis en Afghanistan et le déploiement de la force internationale de l’OTAN dans ce pays ne pouvaient aboutir, tôt ou tard, qu’à un fiasco.
Qui n’a gardé à l’esprit l’issue désastreuse des aventures militaires occidentales qui se sont succédé au cours du demi-siècle écoulé -de la guerre du Vietnam à celle d’Irak- , tout comme l’impasse dramatique de l’intervention soviétique à Kaboul ?
S’ajoute cette fois-ci l’extraordinaire rapidité de l’effondrement final de ce « grand dessein » aux proportions hors normes : la construction, de l’extérieur et par une débauche d’armes et de dollars, d’un État démocratique et d’une société progressiste en Afghanistan . 
C’est que l’ambitieux projet vendu à foison par les « libérateurs » à l’opinion internationale n’était qu’un château de cartes. Dès 2004, la « démocratie » importée était censée éclore en pleine guerre et dans un pays occupé, grâce à l’organisation d’une élection présidentielle au suffrage universel ! Quant à l’armée afghane, dès lors qu’elle était abondamment armée et généreusement financée par ses parrains, elle prendrait tout naturellement le relai des forces étrangères…La société afghane, si complexe à travers ses 34 provinces, aux traditions si profondément ancrées, si divisée entre influences rivales, elle, passait au second plan dans les évaluations des stratèges du Pentagone et de l’OTAN. À la soif de sécurité et de paix, comme au besoin d’un État au service de la population ont répondu les effets ravageurs d’une guerre sans fin, de l’omniprésence de l’armada occidentale, de ses innombrables « bavures » et humiliations,  du choc brutal des cultures et, par-dessus tout, de l’incommensurable corruption des nouvelles « élites »…
Toutes ces évidences laissaient peu de doute sur la déroute finale.
Cette leçon de vaut pas que pour l’Afghanistan ni pour les seuls Américains.

26 août 2021 at 6:13 Laisser un commentaire

125 MILLIONS D’EUROPÉENS  PRIVÉS DE VACANCES !


En plein chassé-croisé entre « juillettistes » et « aoûtiens », la Confédération Européenne des Syndicats (CES) a publié une étude édifiante sur les Européens et Européennes privés de vacances en 2021 . « L’Humanité » lui avait consacré à juste titre une large place. On y apprenait que près de 30 %  des citoyennes et citoyens de l’UE -soit quelque 125 millions de personnes !- n’ont pas les moyens de passer une semaine de vacances en dehors de chez eux. Circonstance aggravante pour le système économique en vigueur dans l’UE : nombre de ces victimes travaillent, mais leur salaire de misère ne leur permet pas de s’offrir une escapade de quelques jours, par exemple dans la famille ou chez des amis ! L’enquête de la CES précisait que cette discrimination particulièrement révoltante touchait la grande majorité -35 millions !- des travailleurs et travailleuses dont le revenu est inférieur au « seuil de risque de pauvreté »(1) .
Arrêtons-nous sur le cas de ces derniers.
Si les travailleurs pauvres privés de vacances sont particulièrement nombreux dans les pays d’Europe centrale et orientale, cette cruelle injustice est présente, voire s’accentue, dans chacun des 27 États membres de l’Union européenne.
La situation la plus dramatique est, sans surprise, celle de la Grèce -saignée à blanc par ses créanciers de « l’euro-groupe- , mais elle est également alarmante dans un grand pays fondateur de l’UE comme l’Italie, où 7 millions de travailleurs pauvres sont concernées !
Même la riche Allemagne, avec 4,3 millions de victimes, et la France, où elles sont au nombre de  3,6 millions, ne font pas exception à cette règle maudite ! Voilà une réalité concrète à opposer aux laudateurs immodestes du « modèle social européen »…qui sont souvent ceux ou celles qui voient dans les restes de cet héritage des « 30 glorieuses » un boulet dans il est urgent de se libérer à l’heure de la mondialisation néolibérale et du pouvoir triomphant des marchés financiers.
Rappelons-nous, à cet égard, le fameux « théorème Merkel » : « L’Europe représente aujourd’hui à peine plus de 7% de la population mondiale, produit environ 25% du produit intérieur brut (PIB) mondial et doit financer 50% des dépenses sociales mondiales », se lamentait la Chancelière en 2012 dans les colonnes du bien nommé Financial Times. La même année, Mario Draghi, alors Président de la Banque centrale européenne, rassurait les « investisseurs » dans le Wall Street Journal, autre bible de la finance internationale, en soulignant que « Le modèle social européen est mort ». Si ni l’une ni l’autre n’ont pu pousser jusqu’au bout le démantèlement des conquêtes sociales d’une partie des pays européens par rapport à d’autres régions du monde, les inégalités les plus révoltantes s’accroissent sous nos yeux .
« L’Europe sociale » est un combat.

———-(1) Le seuil dit de « risque de pauvreté » est fixé dans les statistiques de l’UE à 60 % du revenu médian (« revenu médian » signifie que la moitié des habitants du pays concerné a un revenu supérieur à ce montant , l’autre moitié un revenu inférieur). 

20 août 2021 at 5:45 Laisser un commentaire

RETOUR SUR DES NOTES D’ESPOIR DANS LE MONDE EN 2021


Dans le monde inhumain que façonne sous nos yeux la domination capitaliste, faire la lumière sur les notes d’espoir est indispensable aux luttes pour un autre avenir. Un regard rétrospectif sur les six derniers mois est édifiant à cet égard. 
Premier constat frappant : la remontada de la gauche en Amérique latine, sur la base de mobilisations populaires plus impressionnantes les unes que les autres !
Au Chili, portée par l’exigence de dignité et d’égalité des droits, l’élection des membres de la Convention chargée de réécrire la Constitution héritée de Pinochet s’est traduite par un camouflet historique pour le pouvoir politiquement conservateur et économiquement ultra-libéral.
Au Pérou, un Président progressiste issu du peuple -une première- vient de battre une figure de « l’élite » réactionnaire, liée à Washington.
Au Brésil, les manifestations à répétition pour la destitution de Bolsonaro et le retour en force de Lula, fort de sa victoire judiciaire et de sa popularité, changent la donne dans la première puissance de la région.  
En Argentine, le nouveau Président veut en finir avec l’austérité et tient tête au Fonds monétaire international. Si les obstacles au changement restent nombreux dans la région, on peut en tout  cas parler de retournement de tendance.
Il n’en va malheureusement pas de même partout. Pourtant, même au Proche Orient -véritable région martyre- l’actualité récente offre des encouragements, comme la chute de Netanyahou, ou la décision de la Cour pénale internationale de se déclarer compétente pour enquêter sur les crimes de guerre d’Israël dans les territoires palestiniens occupés. Sans oublier les nombreuses marques  de solidarité avec le peuple palestinien de la part d’écrivains, d’acteurs ou de sportifs. On peut dire la même chose à l’égard du peuple kurde ou pour la reconnaissance du génocide arménien. 
Aux Etats-Unis, si la politique de Joe Biden est pleine de contradictions, elle comporte indubitablement des avancées positives qui sont le reflet des nouveaux rapports de forces dans le pays qu’illustre l’influence acquise par un homme comme Bernie Sanders.
Ce recul de l’idéologie néolibérale dans la première puissance capitaliste est tout sauf un changement anodin pour tout le monde occidental.
En Europe, on retiendra que le Parlement de Strasbourg s’est prononcé en faveur de la levée des brevets sur les vaccins anti-covid; que la justice britannique a refusé d’extrader le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, vers les Etats-Unis ; que la Belgique s’est engagée à son tour à restituer les œuvres pillées pendant la colonisation. Nous nous réjouissons également de l’élection d’un maire issu d’une coalition de la gauche et des écologistes à Zagreb, arrachant la tête de la capitale de la Croatie aux ultra-nationalistes ! 
Concluons par un triple point d’appui de portée mondiale : l’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires ; la tenue du premier Forum syndical international à l’initiative de la CGT et l’explosion des actions judiciaires liées à la défense du climat contre des multinationales et des États. Tout n’est décidément pas noir en 2021.

5 août 2021 at 6:22 Laisser un commentaire


Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire à ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par courriel.

Rejoignez les 5 287 autres abonnés

Chronique européenne dans l’Humanité Dimanche

Intervention au Parlement européen (vidéo)

GUE/NGL : vidéo

août 2021
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
3031  

Archives

Catégories

Pages

Pages