125 MILLIONS D’EUROPÉENS PRIVÉS DE VACANCES !
20 août 2021 at 5:45 Laisser un commentaire
En plein chassé-croisé entre « juillettistes » et « aoûtiens », la Confédération Européenne des Syndicats (CES) a publié une étude édifiante sur les Européens et Européennes privés de vacances en 2021 . « L’Humanité » lui avait consacré à juste titre une large place. On y apprenait que près de 30 % des citoyennes et citoyens de l’UE -soit quelque 125 millions de personnes !- n’ont pas les moyens de passer une semaine de vacances en dehors de chez eux. Circonstance aggravante pour le système économique en vigueur dans l’UE : nombre de ces victimes travaillent, mais leur salaire de misère ne leur permet pas de s’offrir une escapade de quelques jours, par exemple dans la famille ou chez des amis ! L’enquête de la CES précisait que cette discrimination particulièrement révoltante touchait la grande majorité -35 millions !- des travailleurs et travailleuses dont le revenu est inférieur au « seuil de risque de pauvreté »(1) .
Arrêtons-nous sur le cas de ces derniers.
Si les travailleurs pauvres privés de vacances sont particulièrement nombreux dans les pays d’Europe centrale et orientale, cette cruelle injustice est présente, voire s’accentue, dans chacun des 27 États membres de l’Union européenne.
La situation la plus dramatique est, sans surprise, celle de la Grèce -saignée à blanc par ses créanciers de « l’euro-groupe- , mais elle est également alarmante dans un grand pays fondateur de l’UE comme l’Italie, où 7 millions de travailleurs pauvres sont concernées !
Même la riche Allemagne, avec 4,3 millions de victimes, et la France, où elles sont au nombre de 3,6 millions, ne font pas exception à cette règle maudite ! Voilà une réalité concrète à opposer aux laudateurs immodestes du « modèle social européen »…qui sont souvent ceux ou celles qui voient dans les restes de cet héritage des « 30 glorieuses » un boulet dans il est urgent de se libérer à l’heure de la mondialisation néolibérale et du pouvoir triomphant des marchés financiers.
Rappelons-nous, à cet égard, le fameux « théorème Merkel » : « L’Europe représente aujourd’hui à peine plus de 7% de la population mondiale, produit environ 25% du produit intérieur brut (PIB) mondial et doit financer 50% des dépenses sociales mondiales », se lamentait la Chancelière en 2012 dans les colonnes du bien nommé Financial Times. La même année, Mario Draghi, alors Président de la Banque centrale européenne, rassurait les « investisseurs » dans le Wall Street Journal, autre bible de la finance internationale, en soulignant que « Le modèle social européen est mort ». Si ni l’une ni l’autre n’ont pu pousser jusqu’au bout le démantèlement des conquêtes sociales d’une partie des pays européens par rapport à d’autres régions du monde, les inégalités les plus révoltantes s’accroissent sous nos yeux .
« L’Europe sociale » est un combat.
———-(1) Le seuil dit de « risque de pauvreté » est fixé dans les statistiques de l’UE à 60 % du revenu médian (« revenu médian » signifie que la moitié des habitants du pays concerné a un revenu supérieur à ce montant , l’autre moitié un revenu inférieur).
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