AFGHANISTAN : APRÈS LA SIDÉRATION, LES QUESTIONS !
26 août 2021 at 6:13 Laisser un commentaire
Le monde entier a été sidéré par la foudroyante victoire des talibans dans tout l’Afghanistan avant même que les derniers soldats américains n’aient tourné les talons ! Cette (nouvelle) débâcle militaire et politique de la première puissance du monde mérite réflexion.
On est avant tout révulsé à l’idée que tous ceux, et à plus forte raison toutes celles, qui, dans ce pays meurtri, avaient commencé à entrevoir une vie plus libre, retombent à nouveau sous la coupe moyenâgeuse des fondamentalistes. Et d’autant plus indigné devant le cynisme d’un Biden face au triste sort que son manque d’anticipation réserve aux anciens protégés des Occidentaux, tout comme devant l’insupportable hypocrisie d’un Macron annonçant, après force références à « nos valeurs », vouloir faire barrage aux « flux migratoires irréguliers » en provenance d’Afghanistan ! La solidarité active avec ces innombrables victimes est naturellement notre priorité.
L’heure est, cependant, aussi aux enseignements à tirer de cette lamentable expérience. Nous étions nombreux à partager de longue date la conviction que la « guerre libératrice » déclenchée il y a vingt ans par les Etats-Unis en Afghanistan et le déploiement de la force internationale de l’OTAN dans ce pays ne pouvaient aboutir, tôt ou tard, qu’à un fiasco.
Qui n’a gardé à l’esprit l’issue désastreuse des aventures militaires occidentales qui se sont succédé au cours du demi-siècle écoulé -de la guerre du Vietnam à celle d’Irak- , tout comme l’impasse dramatique de l’intervention soviétique à Kaboul ?
S’ajoute cette fois-ci l’extraordinaire rapidité de l’effondrement final de ce « grand dessein » aux proportions hors normes : la construction, de l’extérieur et par une débauche d’armes et de dollars, d’un État démocratique et d’une société progressiste en Afghanistan .
C’est que l’ambitieux projet vendu à foison par les « libérateurs » à l’opinion internationale n’était qu’un château de cartes. Dès 2004, la « démocratie » importée était censée éclore en pleine guerre et dans un pays occupé, grâce à l’organisation d’une élection présidentielle au suffrage universel ! Quant à l’armée afghane, dès lors qu’elle était abondamment armée et généreusement financée par ses parrains, elle prendrait tout naturellement le relai des forces étrangères…La société afghane, si complexe à travers ses 34 provinces, aux traditions si profondément ancrées, si divisée entre influences rivales, elle, passait au second plan dans les évaluations des stratèges du Pentagone et de l’OTAN. À la soif de sécurité et de paix, comme au besoin d’un État au service de la population ont répondu les effets ravageurs d’une guerre sans fin, de l’omniprésence de l’armada occidentale, de ses innombrables « bavures » et humiliations, du choc brutal des cultures et, par-dessus tout, de l’incommensurable corruption des nouvelles « élites »…
Toutes ces évidences laissaient peu de doute sur la déroute finale.
Cette leçon de vaut pas que pour l’Afghanistan ni pour les seuls Américains.
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