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UNE EXPÉRIENCE EUROPÉENNE A MÉDITER

Pour illustrer concrètement la façon dont s’élaborent les législations européennes -non seulement dans les institutions mais sur le terrain- arrêtons-nous sur un « dossier » emblématique en cours de négociation : à savoir l’ensemble de textes appelés à réviser les règles du transport routier (de marchandises), ce qu’on appelle, dans le jargon de l’UE, le « paquet mobilité ».

Les parlementaires européens qui ont été -et restent- en pointe dans cette bataille acharnée en retiennent avant tout l’ampleur du mouvement social qu’elle a occasionné dans de nombreux pays de l’UE : rassemblements unitaires devant le Parlement européen ; actions de sensibilisation des populations ; blocages d’aéroports pour faire pression sur les gouvernements…C’est que l’ enjeu -on ne peut plus européen puisque les poids lourds circulent librement dans toute l’UE- est hautement sensible à plus d’un titre . Social : le secteur en question fait travailler 5 millions de personnes dont quelque deux millions de chauffeurs routiers, victimes de la concurrence sauvage imposée par le « libre marché ». Écologique : cette activité représente à elle seule 20% des émissions totales de l’Union européenne . Politique : des divergences opposent les pays d’Europe centrale et orientale aux États d’Europe occidentale sur le niveau d’exigence des règlementations à mettre en place. En matière de sécurité, enfin : plus il y a de camions mal équipés ou de conducteurs surexploités sur les routes, plus l’ensemble des usagers courent de risques.

S’il est aujourd’hui possible d’espérer pouvoir aboutir à quelques avancées dans les prochaines semaines, c’est précisément dû à l’interaction permanente -depuis plus d’un an- entre des travailleurs combatifs et rassemblés, s’appuyant sur des organisations syndicales coordonnées à l’échelle européenne comme la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) et des parlementaires européens déterminés à jouer leur rôle au service d’ « une Europe des gens, pas de l’argent ».

Un simple coup d’œil sur la liste, non exhaustive, de mesures négociées dans ces conditions entre le Parlement européen et le Conseil (les représentants des gouvernements) nous donne une idée du bras de fer que cela représente : règlementer les conditions d’accès à la profession , s’agissant de véhicules utilitaires opérant à l’international; limiter strictement le rythme de travail et le repos en cabine des chauffeurs; encadrer la pratique du cabotage (chargement et livraison sur le territoire d’un autre État que celui de la société de transports); faire obligation à l’employeur d’accorder des jours de carence entre deux périodes de cabotage et de prévoir un retour au domicile du chauffeur toutes les trois ou quatre semaines; imposer la rémunération du conducteur aux conditions du pays qu’il traverse; équiper les véhicules de taquygraphes « intelligents » permettant de renforcer le contrôle du respect des règles; empêcher la prolifération de sociétés-« boîte-aux-lettres » ; faire obligation aux constructeurs d’introduire de nouveaux dispositifs de sécurité dans les véhicules , notamment pour le freinage d’urgence…Une expérience à méditer à l’heure des choix à venir.

28 février 2019 at 10:40 Laisser un commentaire

CLIMAT : 7 ENJEUX-CLÉS A SUIVRE DE PRÈS !

La 23ème Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques termine ses travaux à Bonn (Allemagne) ce 17 novembre. L’objectif était de faire le point des mesures déjà prises et de celles qu’il reste à prendre de toute urgence pour espérer tenir les engagements de la « COP 21 », l’Accord de Paris de 2015. Où en sommes-nous à cet égard ? L’on peut  s’en faire une idée à partir d’un rapide coup de projecteur sur 7 enjeux-clés mis en lumière dans la dernière période.

Tout d’abord, le cri d’alarme de l’ONU : à moins d’un changement de braquet dans la réduction des émissions de CO2 de la part des grands pollueurs en retard sur leurs engagements (USA, Union européenne, Japon, Canada…), il ne sera bientôt plus possible d’atteindre l’objectif de limitation à 2 degrés, en moyenne, du réchauffement climatique. Un ultime sursis à mettre à profit pour agir !

C’est le moment choisi par Donald Trump pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Heureusement, de grands Etats américains comme la Californie, de grandes villes et même de grandes entreprises des USA ont annoncé le maintien voire l’accroissement de leurs efforts.
L’Union européenne, troisième émettrice de CO2, manque elle-même d’ambition en la matière : 40% de baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990). Il faudrait une diminution de 50% ou plus pour respecter l’Accord de Paris. Or, à ce stade, même l’objectif de 40% est compromis. L’Autriche, la Belgique, le Luxembourg et l’Irlande sont particulièrement en faute. Il est temps de placer leurs dirigeants devant leurs responsabilités.
Le « marché du carbone » instauré il y a plus de dix ans dans l’UE pour inciter l’industrie à  réduire ses émissions a prouvé son inefficacité : les entreprises concernées reçoivent des sortes de « permis à polluer » dans certaines limites (correspondant en principe à l’objectif de réduction des émissions de CO2). Si elles restent en deçà de ces limites, elles peuvent vendre leurs quotas à des entreprises qui les dépassent. Cette « régulation » n’a pas fonctionné. A revoir !
Le cas de l’Allemagne est à relever : avec la Pologne, elle concentre la moitié des émissions provenant des 300 centrales à charbon d’Europe. Sans la fermeture à court terme des 20 centrales les plus polluantes outre-Rhin, Berlin ne pourra pas respecter ses engagements vis à vis de l’Accord de Paris. Une expérience qui a dû peser dans la décision annoncée par Nicolas Hulot de reporter la fermeture de centrales nucléaires en France.
On n’entend guère parler d’un engagement majeur de l’Accord de Paris : celui des pays les plus industrialisés (premiers responsables du réchauffement climatique) de verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement (premières victimes de ce phénomène) pour contribuer à leurs dépenses indispensables pour se protéger et s’adapter. Un débat à relancer !
La Banque mondiale estime (en plus de cette « aide ») que « des milliers de milliards de dollars » (!) d’investissements liés au climat sont nécessaires dans les pays du sud d’ici 2030. Les secteurs concernés sont l’agriculture et l’agroalimentaire; l’adduction d’eau et l’assainissement; le bâtiment; les transports urbains; les énergies renouvelables. Un immense chantier de coopérations à suivre !
La bataille du climat : en enjeu de civilisation !
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En apprenant sa disparition, j’ai revu Jack Ralite, comme un poisson dans l’eau, au milieu de la plus extraordinaire manifestation culturelle et démocratique qu’il m’ait été donné de connaître : « Chile crea » à Santiago, en juillet 1988, où des intellectuels et des artistes par milliers s’étaient donné rendez-vous pour crier avec leurs mots un puissant NO à Pinochet !

16 novembre 2017 at 4:47 Laisser un commentaire

EUROPE : LES DOSSIERS CHAUDS DE LA RENTRÉE

wurtz-l-humanite-dimancheLa sidération et les traumatismes provoqués par les attentats sur notre société ont tendance à occulter aux yeux de nos concitoyens des enjeux politiques que nous ne saurions pourtant négliger. C’est le cas de nombre de « dossiers » européens qui vont se rappeler à nous sans tarder. Bref état des lieux à la veille d’une rentrée chargée.

Premier exemple : la crise agricole. Le 2 septembre prochain se tiendra à Chambord un sommet européen des 28 ministres de l’agriculture . Ce sera le moment de faire le bilan des effets désastreux des réformes libérales successives de la politique agricole commune , telle la suppression des aides à la production ou celle des quotas laitiers.

Autre exemple : le débat en cours jusqu’au sein de la Commission européenne au sujet des politiques d’austérité. Les ayatollahs de la « discipline budgétaire » n’ont, semble-t-il, pas digéré que ni l’Espagne ni le Portugal n’ait été sanctionné cet été pour « déficits excessifs » ! Un transfuge de la « tour de contrôle » bruxelloise chargée de surveiller les « dérapages budgétaires » des Etats membres de la zone euro vient ainsi de révéler bruyamment l’exacerbation des tensions dans l’exécutif européen à ce propos . C’est le moment de se faire entendre !
Cela nous conduit à nous rappeler un autre « front » à tenir : la Grèce ! Ce pays meurtri par six années de sacrifices et d’humiliations va devoir affronter un nouveau round de « négociations » avec ses créanciers cet automne . Objectifs : d’une part, débloquer la dernière tranche des prêts accordés -le couteau sous la gorge- en échange de « réformes » ultra-libérales à répétition, mais surtout arracher enfin une discussion sérieuse sur l’allègement de la dette, à l’évidence insoutenable, comme le Fonds Monétaire International lui-même en convient. Un défi énorme qui appelle un grand élan de solidarité !

Autre exemple de dossiers brûlants à ne pas laisser avancer sans bruit dans le sens que l’on imagine : Le TAFTA ( Grand marché UE-USA ) tout comme le marchepied vers celui-ci , le CETA ( Grand marché UE-Canada, pays lui-même étroitement lié par un accord de libre-échange aux Etats-Unis ) . Or, si les négociations sur le TAFTA sont  loin d’avoir abouti à ce jour, celles sur le CETA sont, en revanche, achevées : les pressions en faveur de la signature officielle du traité UE-Canada , voire de son « application provisoire » ( avant même sa ratification par les différents parlements nationaux ) sont de plus en plus fortes, notamment du côté des milieux d’affaires. Une date est même avancée pour ce coup de force : le 26 octobre prochain, lors d’un sommet UE-Canada. C’est dire qu’il n’y a pas de temps à perdre pour relancer l’action !

Et puis, il y a les problèmes prétendument réglés, mais susceptibles d’éclater de plus belle à tout moment, au premier rang desquels celui de l’accueil des réfugiés ! L’accord calamiteux avec la Turquie est en suspens et offre à Erdogan un moyen de chantage rêvé sur l’UE. Plus de cent réfugiés venus de Turquie accostent chaque jour en Grèce, s’ajoutant aux quelque 60 000 bloqués dans le pays le plus éprouvé de l’UE . À partir d’octobre, tout devient possible, la plupart des autres gouvernements restant sourds aux appels à la responsabilité collective.

  1. Reste le Brexit… Mais , aux dernières nouvelles, Londres se hâte de plus en plus lentement dans la réalisation de son projet. Désormais, on parle de…2019. Le combat pour une autre Europe, lui, ne peut pas attendre.

25 août 2016 at 9:14 Laisser un commentaire

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