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LE PIÈGE DES « VALEURS COMMUNES » TRANSATLANTIQUES.

« Je ne vois aucune équivalence entre ceux qui ont des opinions (sic) fascistes et ceux qui s’y opposent. Je pense qu’il est important que tous ceux qui occupent des postes de responsabilité condamnent les positions d’extrême droite partout où ils les entendent » : la très conservatrice Première Ministre britannique s’est sentie contrainte de réagir aux scandaleux propos de Donald Trump après les violences criminelles des néo-nazis à Charlottesville . Et pour cause : elle s’était précipitée à Washington au lendemain de l’arrivée du milliardaire raciste à la Maison Blanche pour célébrer la « spécial relationship » à établir entre les deux pays à l’issue du « Brexit ». Theresa May n’est, cependant, pas seule parmi les dirigeants européens à se sentir gênée aux entournures face au spectacle hideux qu’offre au monde une partie de « l’Amérique », encouragée par le Président en personne. C’est que le mythe des « valeurs communes » entre l’Union européenne et les Etats-Unis était jusqu’il y a peu , à Bruxelles, une composante incontournable des discours officiels, quels que soient les circonstances et les interlocuteurs.

Ainsi, il a suffit que MM Barroso (pour la Commission) et Van Rompuy (pour le Conseil européen) rendent-compte à la presse , avec le Président Obama, de leurs discussions sur le très prosaïque dossier du traité de libre-échange TAFTA pour qu’aussitôt les journalistes constatent  que « les trois hommes ont constamment rappelé les valeurs communes des Européens et des Américains »(1) . C’était en 2014. Comme on sait, M. Barroso partit ensuite défendre ses valeurs à la direction de Goldman-Sachs. Avant lui , Romano Prodi adressant ses « chaleureuses félicitations » à George W. Bush pour sa réélection ne put s’empêcher d’insister, comme il se devait, sur « les valeurs partagées ». Des valeurs qui résistaient manifestement jusqu’ici à toutes les épreuves puisque la « Stratégie européenne de sécurité », publiée par l’Union européenne au lendemain de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, versait carrément dans le lyrisme en proclamant : « En agissant ensemble, l’Union européenne et les Etats-Unis peuvent constituer une formidable force au service du bien dans le monde » !
Avec l’infréquentable Trump, cela se complique. Lors de sa première visite à Bruxelles, il a eu droit au rappel de « la plus grande tâche » commune aux Etats-Unis et à l’UE, à savoir… « la consolidation du monde libre » autour des « valeurs fondamentales occidentales » (2). C’est, apparemment mal parti. Au-delà de ces formulations quelque peu « vintage », les dirigeants européens auront désormais du mal à échapper plus longtemps à une révision déchirante de la nature des relations transatlantiques . En commençant par sortir du piège de nos prétendues « valeurs communes ».

Cela vaut au demeurant pour les 27 ou 28 Etats membres de l’UE eux-mêmes ! On attend qu’on nous détaille les valeurs que nous partagerions avec les politiciens nationalistes et xénophobes au pouvoir en Pologne et en Hongrie (entre autres) tout comme avec des dirigeants de Lettonie qui autorisent à défiler à Riga, chaque 16 mars, des vétérans et des sympathisants de la « légion lettone » qui a combattu dans les rangs de la Waffen SS contre l’armée soviétique pendant la seconde guerre mondiale (3) ! La grande manifestation anti-raciste de Boston tout comme les récentes  mobilisations anti-nationalistes a Budapest et à Varsovie nous le rappellent : le lieu ne change rien à l’affaire ; construire une communauté de valeurs, c’est un combat.

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(1) RTBF 26/3/2014
(2) Donald Tusk, Président du Conseil européen, 25/5/2017.
(3) Le Parisien 16/3/2014

24 août 2017 at 5:22 Laisser un commentaire

L’APPEL DES DÉPUTÉS PALESTINIENS ET KURDES EMPRISONNÉS

Alors que nous nous apprêtons à voter et à faire voter pour les femmes et les hommes que nous jugeons les plus dignes de nous représenter dans la future Assemblée Nationale, il y a , en Israël et en Turquie, des députés bénéficiant d’un large soutien de leur peuple qui sont en prison . Les uns et les autres ont adressé à leurs collègues parlementaires du monde entier -et, plus généralement, à tous les démocrates- un vibrant appel à la solidarité . Rappelons qu’il y a actuellement  6500 prisonniers politiques palestiniens en Israël et presqu’autant de démocrates kurdes détenus en Turquie ! Nous ne les oublions pas .

Le premier de ces appels émane de Marwan Barghouthi, figure de premier plan du mouvement palestinien. Cela fait un mois déjà  (!) ce 17 mai qu’à son initiative, plus de mille prisonniers observent une grève de la faim pour arracher des conditions de détention moins inhumaines. Face à cette action courageuse intitulée « Liberté et Dignité », le gouvernement Nétanyahou a choisi la politique du pire. « Nous entrons dans une période extrêmement critique » vient de déclarer le président du Club des prisonniers. Juste avant d’être placé en isolement absolu, celui que les autorités israéliennes savent être aujourd’hui le leader le plus populaire dans toutes les couches de la société palestinienne, avait réussi à faire connaître cette interpellation publique de tous les parlementaires du monde sensibles aux « droits humains fondamentaux tels qu’ils sont garantis par le droit international ». Alors que la santé de tous ces grévistes de la faim se détériore de jour en jour, retour sur ce poignant témoignage : « Je fus le premier parlementaire à être arrêté, en 2002. Depuis, Israël a arrêté 70 parlementaires -plus de la moitié du Conseil législatif, le Parlement palestinien- et 13 d’entre eux restent détenus à ce jour (…) Le sort infligé aux parlementaires palestiniens reflète le sort du peuple qu’ils représentent (…) Aux yeux d’Israël, nous sommes tous coupables et l’accusation non déclarée, c’est notre désir de liberté, notre soif de liberté, notre sacrifice pour la liberté (…) J’en appelle à vous (…) Je vous demande de soutenir la liberté et la dignité du peuple palestinien afin que la paix puisse prévaloir. »

Presqu’au même moment, un autre appel nous parvenait, de parlementaires de Turquie cette fois . Il est lancé par le HDP , le grand parti progressiste , devenu la troisième force politique du pays en 2015 et soumis, depuis lors, à une répression féroce du régime Erdogan. Rassemblés face à la Cour des Droits de l’Homme, à Strasbourg, un groupe de député.e.s et de proches du HDP, s’est, là aussi, adressé, ce 16 mai, aux élus et aux forces démocratiques, notamment d’Europe, pour demander leur soutien. Il est à noter que là encore, les premiers visés par le pouvoir sont celles et ceux qui bénéficient de la confiance la plus large de leur peuple . Comme on le sait, neuf députés de ce parti sont détenus, parmi lesquels ses deux premiers dirigeants : Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag . 27 présidents de district, 85 présidents de province , près de 750 autres responsables et plusieurs milliers de militants ou proches du HDP partagent leur sort ! C’est l’honneur de la gauche d’entendre ces messages et de se montrer à la hauteur du courage admirable de celles et de ceux qui nous les ont adressés. Ce sont des êtres humains. Ils n’ont ni voulu ni cherché à être des héros, mais comme l’avait noté , dans sa grande sagesse, Nelson Mandela : « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ».

18 Mai 2017 at 9:28 Laisser un commentaire

CE QUE LES PRÉSIDENTIELLES ONT CHANGÉ SUR L’EUROPE

La bataille d’idées sur les enjeux européens en général et l’euro en particulier ne sera plus tout à fait la même après ces élections présidentielles qu’avant cette campagne.

D’abord, les thèses présentant la sortie de l’euro ou de l’UE comme une solution possible, voire souhaitable, aux problèmes de notre société ont désormais du plomb dans l’aile. « L’Europe, on la change »…mais pas question de la quitter, aux yeux d’une majorité -de plus en plus large- de Français (1). C’est là un acquis des débats de tous ces derniers mois. Les défenseurs du retour au Franc en ont pris acte en battant en retraite. Et ce ne sont pas les élucubrations de Madame Le Pen sur le sujet lors du débat télévisé du second tour qui auront apporté à ces thèses la crédibilité qui leur fait défaut aux yeux du plus grand nombre. L’approfondissement des réflexions sur une stratégie réaliste et efficace de transformation sociale et démocratique de l’actuelle Union européenne n’en devient que plus crucial.

Or, à l’opposé de cette aspiration, le nouveau Président français est aussi néolibéral dans ses orientations européennes que dans sa politique nationale . Ne s’est-il pas engagé à gagner la confiance d’Angela Merkel en respectant scrupuleusement ses deux obsessions : la discipline budgétaire et les « réformes structurelles » ? Si on lui laissait le champ libre, il irait encore plus loin que son prédécesseur : en témoigne son idée d’aller vers une zone euro de type fédéral , comprenant, en particulier, la création d’un poste de « ministre européen des finances » . Cette forme de tutelle renvoie à un projet hyper-dangereux du pire membre de l’équipe de la Chancelière, Wolfgang Schäuble : le nouveau grand argentier de la zone euro disposerait, en effet, d’un droit de veto sur les décisions budgétaires des parlements nationaux qui dévieraient de la « ligne » austéritaire ! Rudes batailles en perspective ! Cet état de fait va rendre plus vital que jamais le rassemblement des progressistes favorables à une inversion du cours de l’actuelle construction européenne.

Dernier changement généré par ces présidentielles sur le terrain de l’Europe -et non des moindres : Emmanuel Macron a appris des échecs de François Hollande, comme de ceux de Nicolas Sarkozy avant lui, dans leur tentative laborieuse d’adopter une posture de « réformateurs » de l’Europe. Il sait, quant à lui, jouer de sa « modernité » pour affiner sa communication ! Il se dit « sans complaisance » vis-à-vis de Bruxelles et conscient de ce que « près de la moitié de ce pays est en colère contre l’idée européenne ». Il prévient que « si rien ne bouge, il n’y aura plus de zone euro dans dix ans ». Il préconise « une nouvelle Union européenne, qui protège nos citoyens et règlemente la mondialisation ». Il se paye même le luxe de reprendre à son compte (en l’adaptant…) une proposition-phare des communistes depuis 2012 : l’organisation « de sortes d’Etats généraux » permettant aux citoyens d’exprimer leurs attentes en matière d’Europe ! On le voit : il va falloir aiguiser sérieusement le débat pour aider nos concitoyens à démêler le vrai du faux, à mettre le doigt sur les contradictions , à pousser dans le sens des avancées souhaitables comme des ruptures nécessaires -bref, à s’investir en connaissance de cause dans ce débat central pour notre avenir à tous. Un défi motivant !

JE VEUX ICI RENDRE HOMMAGE A NOTRE AMI JACQUES LE DAUPHIN, INFATIGABLE MILITANT DE LA PAIX, DEVENU UN EXPERT ECOUTÉ ET RESPECTÉ SUR LES ENJEUX DE SÉCURITÉ COLLECTIVE, QUI VIENT DE NOUS QUITTER.

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(1) Début mars 2017 (sondage Elabe), 72% des personnes interrogées se sont déclarées opposées à la sortie de l’euro -tout en étant 37% à estimer que l’UE actuelle présente plus d’inconvénients que d’avantages ! : Changer l’Europe, oui ! La quitter, non !

11 Mai 2017 at 9:47 Laisser un commentaire

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