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AU POETE DE LA FRANCE REBELLE

J’étais en train de réfléchir à ma chronique de la semaine.  Je comptais proposer de l’intituler: « Nous sommes tous des Grecs! » – tant l’orage qui s’abat sur ce peuple cher doit non seulement nous émouvoir, mais nous alerter sur le gros temps que porte la nuée au-dessus de nos propres têtes.  C’est alors qu’en allumant la radio à l’heure des infos, j’entendis en guise de titre, la chaude voix de Jean Ferrat.  Je compris aussitôt que le poète de « ma France, la belle, la rebelle » venait de nous quitter… 

         Tristesse: le mot est bien trop faible et trop banal pour décrire ce que ressent en ce moment quiconque a été nourri, au fil des étapes de son propre engagement, par ses accents de générosité et son insatiable goût du combat pour « un monde où l’on n’est pas toujours du côté du plus fort ».  Instantanément nous reviennent des passages chantés avec une telle sincérité et une telle justesse qu’ils sont gravés dans notre mémoire comme autant de marqueurs de l’identité humaniste qu’il incarnait à merveille: « On vit l’Espagne rouge de sang crier dans un monde immobile »; « Marin, ne tire pas sur un autre marin »; « Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux »; « Ah, Monsieur D’Ormesson, vous osiez affirmer qu’un air de liberté flottait sur Saigon! », et aussi « Camarades, que venez-vous faire ici? », à Prague… 

         A mesurer l’intensité de l’émotion suscitée par la disparition de cet éveilleur de consciences, qui « ne chantait pas pour passer le temps » mais pour exprimer une saine révolte contre l’injustice et l’oppression et s’engager, au milieu des humbles, au service de l’émancipation humaine, on ne peut qu’être conforté dans l’idée que cette éthique, si étrangère au culte du « gagneur » dont on nous abreuve, – de même que le choix d’une vie pleine de pudeur et de retenue si opposé à l’exacerbation des ego qui peuplent notre univers – continuent de répondre à une attente profonde en France et au-delà.  C’est le magnifique message d’espoir que nous lègue Jean Ferrat. 

« Cet air de liberté au-delà des frontières

Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige

         Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige

         Elle répond toujours du nom de Robespierre

         Ma France »

20 mars 2010 at 10:38 Laisser un commentaire


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