Archive for octobre, 2012

SCHRÖDER : UNE REFERENCE ?

Pressé de dire si « la baisse du coût du travail (était) sortie du radar » du gouvernement, Pierre Moscovici vient de lâcher: « Il y aura un véritable agenda de compétitivité dans les tout prochains mois.Ce n’est pas long!Gerhard Schröder a attendu quatre ans. »Déjà,le 27 septembre dernier,sur France 2, le Premier Ministre lui-même a eu cette sortie plutôt insolite: « Schröder a eu besoin de deux mandats pour faire ses réformes,nous le ferons dès maintenant! ». Le dé-constructeur de l’Etat social allemand serait-il devenu une référence,même partielle,du gouvernement?Sur un sujet aussi sensible,l’ambiguité n’est pas permise.

Rappelons donc,une fois de plus,quelques uns des ingrédients de l’ « Agenda 2010 » lancé outre-Rhin,il y a une dizaine d’années,par le précurseur du « choc de compétitivité ».

D’abord,à propos des retraites: l’âge légal y est porté progressivement à 67 ans. Les cotisations augmentent et les pensions diminuent (à 46% du salaire!).A côté du régime de base,par répartition,est crée un fonds d’épargne-retraite par capitalisation.Un certain nombre d’avantages fiscaux des retraités sont rabotés.

Dans le même temps,le marché du travail subit les coups de massue des « lois Hartz ».En vertu de ces  » réformes « ,un chômeur doit accepter tout poste qui lui est proposé par l’agence pour l’emploi,fût-ce avec un salaire inférieur à son indemnité-chômage.Des « mini-jobs » sont institués,ultra-précaires et  payés moins de 400€ par mois ,les entreprises concernées étant,en outre,éxonérées de cotisations sociales  sur ces « emplois ».Quant aux travailleurs âgés,ils sont particulièrement dans le collimateur : chômeurs,ils n’ont droit à une allocation qu’à la condition d’avoir travaillé durant un an au cours des deux dernières années écoulées.La durée du versement de l’allocation- chômage passe,elle,de 32 à 12 mois.Passé ce délai,les chômeurs de longue durée,à la place des 57% du dernier salaire qui leur étaient accordés jusqu’alors,ne perçoivent plus qu’une sorte de RMI de 345€ -cette allocation de survie pouvant être réduite si le conjoint travaille,si le patrimoine excède 13000€ ou si la famille proche a des économies…

Inutile de dire que,si le nombre des chômeurs reconnus a sensiblement baissé depuis la mise en oeuvre de cette purge,la précarité et la pauvreté,elles,ont explosé dans l’ « économie la plus compétitive d’Europe »!L’Office allemand des statistiques chiffre à un quart de la population du pays (!) le nombre de personnes menacées de pauvreté avant transferts sociaux .Il situe même à 36% la proportion de retraités exposés au même risque! Même les enfants ne sont pas épargnés:à Berlin,un sur trois vit dans la pauvreté.Avoir un emploi ne suffit plus pour se libérer de cette oppression: ils sont officiellement plus de 20% parmi les salariés des entreprises de plus de dix employés à être classés parmi les pauvres.2,5 millions d’entre eux cumulent deux postes de travail pour vivre.En 2010,un salarié sur quatre gagnait en Allemagne moins que le SMIC horaire français; 1,4 millions d’entre eux touchaient moins de…5€ par heure. Certes,tous les Allemands ne partagent pas ce sort: les 10% les plus fortunés d’entre eux se partagent nettement plus de la moitié des richesses du pays,tandisque les 50% les plus pauvres en détiennent 1%,soit quatre fois moins qu’avant l’ouragan Schröder.

Aussi ne peut-on qu’attendre d’un gouvernement de gauche qu’il cesse franchement et définitivement de voir dans une telle hécatombe des droits sociaux la moindre source d’inspiration.

29 octobre 2012 at 9:36 Laisser un commentaire

LES « OUBLIS » DU COMITE NOBEL

Les membres du Comité du Prix Nobel de la Paix,qui ont décerné leur prestigieuse distinction à l’Union européenne ont délibérément ignoré le bilan des « 27 » dans le domaine qui les concernait.Trois exemples significatifs suffiront à illustrer combien la politique extérieure et de sécurité de l’UE et de ses Etats membres  tourne le dos à un engagement en faveur d’une Europe et d’un monde de paix.

Premier exemple: la guerre d’Irak en mars 2003.La majorité du Conseil de sécurité des Nations-Unies;les inspecteurs de l’ONU sur le terrain;le Chef de l’Etat français et le Chancelier allemand ; ainsi que 10 millions de manifestants dans les rues le 15 février, s’opposent à la guerre.Huit autres Etats de l’UE se rangent derrière Washington en feignant de croire au mensonge d’Etat de Colin Powell à l’ONU. Ce sont eux qui donneront le ton ,par la suite,à l’UE.Ainsi,dès le mois de juin suivant ,l’UE dans sa totalité adoptera un texte fixant la « stratégie européenne de sécurité » (toujours en vigueur!) qui sera présentée à George W. Bush avant même son adoption définitive et qui empruntera au chef de guerre américain nombre de ses concepts dangereux,allant jusqu’à qualifier la coopération militaire USA-UE de « formidable force au service du bien dans le monde » ! On en aura une illustration en Afghanistan…

Deuxième exemple:le Proche-Orient où l’impunité accordée aux dirigeants israéliens et l’abandon politique du peuple palestinien constituent l’une des sources essentielles de l’insécurité du monde .En décembre 2005,les chefs des missions diplomatiques des Etats de l’UE à Jérusalem-Est adressent au Conseil européen un rapport circonstancié et alarmant sur toutes les pratiques illégales des autorités israéliennes visant à rendre impossible l’établissement futur d’un Etat palestinien.Ils recommandent toute une série d’initiatives politiques aux dirigeants européens,conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU. Ce rapport ne sera ni publié ni suivi du moindre effet,tout comme les autres rapports qui suivront au fil des ans.Bien au contraire,l’UE vient de récompenser les fauteurs de guerre en renforçant spectaculairement les relations bilatérales UE-Israël dans 60 domaines,allant de l’énergie aux communications electroniques en passant par la coopération policière.La  dimension symbolique,donc politique, de ces « gestes » n’échappe à personne. Elle ne sert pas la paix mais banalise l’occupation,la colonisation,l’humiliation,et la guerre.

Troisième exemple:la sécurité du continent européen lui-même. En juin 2008,le tout nouveau président russe Medvedev cherche à imprimer sa marque. Il propose aux Etats de l’UE et à l’Occident en général l’ouverture d’une négociation pour l’élaboration collective d’un « Traité paneuropéen de sécurité ».Celui-ci devait intégrer toutes les questions de sécurité du continent,le contrôle des armements et le désarmement.Seule condition:que l’OTAN arrête son élargissement vers l’Est . »La préoccupation de base qui anime M. Medvedev,celle d’une Europe coupée en deux (…) apparait pertinente » juge alors Fabio Liberti, de l’Institut des Relations internationales (IRIS), dans le « Monde Diplomatique ».L’Union européenne,elle,ne daignera même pas entamer des discussions exploratoires sur ce projet.Elle préfèrera donner le feu vert à l’installation du « bouclier antimissiles » sur le sol européen,quitte à accroitre les tensions,voire à relancer la course aux armements.

Voilà qui donne une idée des changements à opérer dans l’UE et ses Etats membres pour qu’ils puissent vraiment mériter un jour le Prix Nobel de la Paix.

20 octobre 2012 at 5:16 Laisser un commentaire

LA « FEUILLE DE ROUTE » DE M. VAN ROMPUY

Pendant que les députés et les sénateurs de la majorité gouvernementale sont fermement invités à ratifier le traité budgétaire puis à voter la « loi organique » garantissant le strict respect de la « règle d’or » (l’équilibre des comptes publics quel qu’en soit le prix),le Président de la République prépare l’étape suivante,dont il s’est bien gardé,jusqu’ici,d’évoquer publiquement les enjeux. Je veux parler de la « Feuille de route » dont les Chefs d’État et de gouvernement examineront les grandes lignes dès les 18 et19 octobre prochains,avant de l’adopter en décembre.

Rappelons ici de quoi il s’agit. C’est le 23 mai dernier qu’a été décidée la mise en place d’un groupe de travail de haut niveau,composé -excusez du peu…- de Mario Draghi,président de la Banque centrale européenne,de Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe (réunissant les ministres des finances de la zone euro),de José-Manuel Barroso,président de la Commission européenne et de M. Van Rompuy, président du Conseil européen.Ces quatre sommités ont été invités à rédiger un rapport précisant les « éléments essentiels » des transformations à opérer pour consolider durablement la zone euro.

Puis,fin juin ,lors du sommet européen « historique » qui adopta le « pacte de croissance » (et a ainsi tenu lieu de « renégociation » du traité budgétaire pour François Hollande),il y eut un autre point à l’ordre du jour, moins médiatisé que le précédent: la présentation ,par M. Van Rompuy, de la synthèse des réflexions de son groupe de travail sur les changements à apporter,selon les quatre dirigeants en question,à la construction européenne,une fois le traité budgétaire adopté.

Une phrase résume l’esprit de ce document de 7 pages: »Progresser vers une plus grande intégration des prises de décisions budgétaires et économiques entre les pays ».Ainsi, »les instances au niveau de la zone euro seront aptes à exiger le changement des enveloppes budgétaires », ou encore,il serait créé « un cadre pour une coordination des politiques plus contraignantes » pour éviter « les politiques inadaptées » et « pour s’assurer de la capacité de s’adapter aux chocs et de pouvoir être compétitifs dans une économie mondialisée ». Invité à préciser sa pensée par un journal allemand,M. Van Rompuy répondait : »On peut engager tous les 27 pays à réformer leur système de retraite dans un temps déterminé,en lien avec l’espérance de vie (…). Pas seulement avec des recommandations pour qu’après chacun fasse ce qu’il veut,mais plutôt de manière contraignante »! (1)

Enfin,conscients de ce que ces « décisions au niveau européen  » risquent d’avoir « un impact fort sur la vie quotidienne des citoyens »,nos grands démocrates centralisés ont senti la nécessité de… »construire un soutien populaire » (à leurs décisions) grâce à une « implication étroite du Parlement européen et des parlements nationaux »,dans le cadre des modalités prévues dans le traité de Lisbonne.C’est dire l’audace de leur innovation démocratique.

« C’est très contraignant dans le sens de l’austérité.On renforce l’Europe uniquement dans le sens libéral », commenta aussitôt un ministre socialiste…belge,Paul Magnette. On attend toujours le point de vue du gouvernement français.Le Conseil européen des 18 et 19 octobre devrait nous en apprendre davantage.

———
(1) « Welt am Sonntag » cité par l’AFP 24/6/2012

15 octobre 2012 at 8:43 Laisser un commentaire

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