Archive for janvier, 2023
MACRON, BORRELL, BIDEN…: ENCORE UN EFFORT !
On est abasourdi devant la difficulté récurrente des dirigeants occidentaux, habituellement si prompts à s’auto-instituer chevaliers blancs des droits humains, à appeler un chat un chat dès lors que c’est un de leurs alliés stratégiques qui est pris la main dans le sac ! À cet égard, la nouvelle année commence comme a fini l’ancienne.
Le premier exemple est particulièrement stupéfiant, tant il est incompréhensible pour tout esprit libre puisqu’il concerne le nouveau gouvernement Netanyahu, quasi-universellement reconnu comme « le plus à (l’extrême) droite de l’histoire d’Israël ». On apprenait ainsi, il y a quelques jours, que Tel Aviv allait prélever des millions d’euros sur les revenus douaniers dus à l’Autorité palestinienne et, en prime, limiter encore plus les droits des responsables palestiniens de sortir de la Cisjordanie occupée ou d’y revenir ! La raison de ces représailles ? L’adoption, à l’initiative des Palestiniens, d’une résolution à l’Assemblée générale des Nations unies qui demande à la Cour internationale de Justice de condamner l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens ! Là où le bât blesse, en l’occurrence, c’est que nombre de pays occidentaux ont voté…contre cette résolution de bon sens (notamment : Etats-Unis, Canada, Australie, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Autriche, Hongrie, République tchèque, Croatie, Roumanie, Estonie, Lituanie), d’autres se réfugiant courageusement derrière l’abstention (en particulier : France, Pays-Bas, Espagne, Grèce, Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Slovaquie, Bulgarie, Lettonie ). On attend toujours le début d’une justification d’une telle lâcheté ! Il est vrai que le Président américain avait donné le ton en déclarant, la veille de l’adoption de ladite résolution qu’il était « impatient de travailler avec Benjamin Netanyahu, qui est mon ami depuis des décennies »…
Autre cas qui laisse pantois : les propos tenus par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrel, à Rabat, le 6 janvier dernier : « Dans l’UE, nous considérons le Maroc comme un partenaire fiable. C’est notre allié le plus dynamique et le plus proche ». Rappelons que ce satisfecit a été accordé au Maroc aux lendemains du scandale de corruption qui secoue le Parlement européen, dans lequel le Maroc est, pourtant, présumé impliqué autant sinon plus que le Qatar ! Curieuse application du principe de « Tolérance zéro » affiché à propos de cette sombre affaire…
Quant à l’incroyable glorification de l’ex-allié du IIIème reich, Stepan Bandera, le 1er janvier, par le chef des forces armées ukrainiennes, le Général Valery Zaluzhny, depuis le Parlement de Kiev, elle n’a, sauf erreur, suscité de protestation officielle que de la part du seul Premier Ministre…polonais ! « Il ne peut y avoir aucune nuance ici », avait aussitôt déclaré M.Morawiecki, pourtant proche allié de l’Ukraine, insistant sur le fait qu’il faut, à ses yeux, être « très, très clair à ce sujet » et refuser toute « clémence »pour ceux qui, comme cet ex-chef de « l’Organisation des nationalistes ukrainiens »(OUN) durant la seconde guerre mondiale, couvrent les « terribles crimes ukrainiens » et en particulier le « terrible génocide ».
Macron, Borrell, Biden…: encore un effort !
LIBERALISATION DE L’ÉNERGIE : RETOUR SUR UN FIASCO
Les factures d’énergie explosent; les fournisseurs privés mangent la laine sur le dos d’EDF; le prix de l’électricité décarbonée est indexée sur celui des énergies fossiles … Mais à qui et à quoi devons-nous cette pagaille insensée dans un secteur aussi crucial que l’énergie ? Le mal en question tient en quelques mots : « la libéralisation du marché de l’énergie ». Les responsables en sont clairement identifiés : ce sont les deux co-législateurs européens, autrement dit, les gouvernements européens successifs depuis une bonne vingtaine d’années ainsi que les majorités successives au Parlement européen, durant la même période. Retour sur un fiasco.
La première directive européenne sur ce dossier remonte à 1996. Elle instaura le principe de concurrence et entra en vigueur en France en 2000. Un autre moment-clé de ce calendrier diabolique fut le Sommet européen de Barcelone, en mars 2002. Bravant une impressionnante marée humaine, venue manifester son opposition au projet néolibéral, les Chefs d’Etat et de gouvernement y ont lané « la phase finale de l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz ». Les plus ultra furent l’Espagnol Aznar, l’Italien Berlusconi et le Britannique Blair. Les deux leaders français présents, Jacques Chirac et Lionel Jospin, tous deux en pleine campagne électorale concurrente, et donc gênés aux entournures, firent assaut de précautions oratoires à usage national : « Nous sommes favorables à l’ouverture, mais pas au détriment de nos services publics, qui constituent un fondement de notre pacte républicain », osa, sans rire, le Président de la République. Compréhensifs, ses collègues rappelèrent leur attachement au « modèle social européen »…Puis on passa aux choses sérieuses. Avec, au cœur de tout le processus, une obsession : supprimer par étapes les obstacles à la concurrence, dans chaque pays de l’UE comme au niveau européen.
Dans le cas de la France, cela signifiait en particulier faire en sorte que des entreprises privées -même non productrices d’énergie- puissent concurrencer EDF (ainsi que Gaz de France, qui était encore, à l’époque, une entreprise publique). De ce principe découlera, en particulier, la mise en place, en France, de « l’accès régulé à l’electricité nucléaire historique » (ARENH) en 2011 : EDF étant jugé en position de force et difficile à concurrencer par les « investisseurs » privés, il a fallu l’affaiblir artificiellement en l’obligeant à vendre à prix cassé (et fixe) une part considérable de sa production d’électricité à ses concurrents privés, afin d’aider ceux-ci à gagner des « clients » au détriment de l’entreprise publique ! (En 2022, Paris alourdit même à sa propre initiative cette ponction scandaleuse du privé sur EDF !) En outre, les prix de l’électricité sont désormais fixés, non en fonction de ses coûts de production mais de l’état du marché de l’ensemble des sources d’énergie. Dès lors, il suffit d’une crise du gaz pour faire s’emballer les prix de l’électricité ! Faut-il que les aberrations des sacro-saintes « lois du marché » dans un domaine comme celui de l’électricité soient devenues évidentes pour que , depuis la Présidente de la Commission européenne jusqu’au Chef de l’Etat français, des néolibéraux patentés en arrivent à reconnaitre la nécessité de remettre le « marché européen de l’énergie » sur le métier ! A suivre de près…
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