Archive for novembre, 2012

LE « NOBEL DE LA PAIX »

En septembre 2011,le Président Mahmoud Abbas annonça sa décision de demander l’adhésion « à part entière » de la Palestine à l’ONU,en pleine conformité avec le droit international.Aussitôt,les Etats-Unis et l’Union européenne dépêchèrent des émissaires à Ramallah pour dissuader le leader palestinien de concrétiser son projet. Les premiers menacèrent d’user de leur droit de veto au Conseil de sécurité, si nécessaire ,pour bloquer la réalisation de la requête en question. La seconde argua de l’opposition de plusieurs de ses Etats membres -l’Italie,les Pays-Bas,la République tchèque,la Pologne…- et des lourdes hésitations de nombre d’autres,dont l’Allemagne et la France (qui,finalement,se ravisa) face à ce qui apparaitrait comme un grave camouflet diplomatique à l’encontre du gouvernement israélien pour arracher le renoncement du Président palestinien à sa démarche. Ce dernier ne céda pas.Les puissants champions des droits de l’homme repoussèrent donc majoritairement sa demande au Conseil de sécurité.

Un an -et une nouvelle offensive militaire meurtrière contre Gaza,un nouvel assassinat ciblé ainsi qu’une nouvelle poussée de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem Est- plus tard,Mahmoud Abbas relance son projet,mais en visant cette fois le statut d’ « Etat non membre » (dont dispose par exemple le Vatican) qui ne nécessite pas l’accord des 15 membres du Conseil de sécurité mais celui de la majorité des 193 Etats de l’Assemblée générale de l’ONU.Cette fois,pas de veto des « grands » possible.C’est toute la « communauté internationale » qui a le dernier mot.Certes,en cas de succès,l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) n’aura pas de droit de vote dans cette enceinte,mais elle pourra demander à siéger dans les nombreuses agences des Nations Unies (pour la santé,l’enfance,l’alimentation,le développement,la culture…).Elle aura même ,si elle le souhaite, la faculté de porter plainte contre des dirigeants de l’Etat occupant auprès de la Cour pénale internationale.La perspective de ce sérieux coup de canif dans le régime d’impunité absolue, dont bénéficie jusqu’à aujourd’hui tout responsable israélien de la part des Etats-Unis comme de l’Union européenne, alimente un vent de panique dans nombre de chancelleries occidentales.On imagine déjà les pressions préventives en cours sur l’Autorité palestinienne!

L’attitude des pays européens lors de ce vote et de ses suites est donc lourde de signification politique.Ce 29 novembre coïncide avec le 65ème anniversaire d’une décision historique des Nations Unies: l’adoption,en 1947, du Plan de partage de la Palestine en deux Etats,celui d’Israël,proclamé dans la foulée,et celui de Palestine…qui attend toujours de voir le jour,sur un territoire représentant 22% de la Palestine historique.

L’Union européenne a,pendant toute cette période d’intenses tractations, brillé par sa discrétion sur le sujet.Pourtant,dès le 24 octobre dernier,le très extremiste ministre israélien des Affaires étrangères,Lieberman,avait,lors d’une rencontre avec la « Haute Représentante de l’Union européennes pour les Affaires étrangères et la sécurité »,Catherine Ashton,prévenu que si la Palestine obtenait ce statut à l’ONU,Israël « ferait en sorte que l’Autorité palestinienne s’effondre ».Ces propos,aussi irresponsables qu’inadmissibles,il a fallu que les media israéliens les révèlent pour en avoir connaissance.Bruxelles n’y a pas réagi,encore moins assuré l’institution palestinienne de la pérénité de son soutien.Ce 29 novembre,journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien,offre à l’Union européenne une occasion de mériter un tant soit peu son « Prix Nobel de la Paix »,ou de perdre toute légitimité de s’en prévaloir.

30 novembre 2012 at 3:24 1 commentaire

CHANTAGE IGNOBLE SUR CHYPRE

Je me suis rappelé une récente et fort hasardeuse prédiction de François Hollande -« la sortie de la crise de la zone euro,nous en sommes près,tout près »-  à l’occasion d’une visite à Chypre,la semaine dernière.Ce pays,membre de la zone euro,et en prise directe avec la crise grecque,risque fort,en effet,d’être la prochaine victime de la « troïka »(Commission européenne,Banque centrale européenne,Fonds monétaire international).Ces derniers s’acharnent d’autant plus sur ce petit Etat qu’avec une population représentant de l’ordre de 1% de celle de l’Allemagne,et un poids économique (PIB) pesant 0,2% de celui de la zone euro,ils se sentent en position de force.Ah,les « valeurs européennes » vantées par M. Barroso!
Le mandat du Président de la République de Chypre,Demetris  Christofias,personnalité communiste, charismatique, de l’île,avait bien commencé,en février 2008.A la tête d’un parti -AKEL-  influent et respecté,mais néanmoins minoritaire,dans un pays plongé de longue date dans un bain économique libéral à l’anglo-saxonne,il a bataillé dur contre un parlement hostile,des lobbys agressifs,une hiérarchie de l’Eglise orthodoxe très conservatrice et des média privés déchainés,pour faire passer des mesures progressistes.
Ainsi,si l’opposition parlementaire a pu faire échec à son projet de taxation des plus riches et des profits,il a eu gain de cause sur des points marquants,tels que l’augmentation des pensions de 30%, celle du salaire minimum de 20% par an pendant trois ans,et,d’une façon générale,la progression sensible des dépenses sociales.
Malheureusement,cette dynamique a été brisée par les répercussions de la crise grecque.Les banques de l’île avaient 23 milliards d’euros (soit plus de 120% du PIB du pays!) de créances sur la Grèce,dont la restructuration de la dette a coûté à l’île l’équivalent de…50% du budget national! Une catastrophe aussitôt sanctionnée sur les marchés financiers par une hausse insoutenable des taux d’intérêt.
C’est ainsi qu’en juin dernier,l’Etat chypriote a dû se résoudre à demander à ses partenaires européens une aide de plusieurs milliards d’euros,à la fois pour recapitaliser ses deux plus grandes banques et honorer ses échéances financières. Les vautours ont aussitôt posé leurs conditions d’un éventuel « sauvetage »:réduction de 15% du traitement des fonctionnaires,suppression de l’indexation des salaires,réforme du système des retraites,réduction des prestations sociales de 10%,augmentation de la TVA,privatisations,date-butoir rapprochée (fin 2015) pour la réduction exigée des déficits publics,etc…Devant le refus des autorités chypriotes de céder à ce chantage,la troïka est repartie et ,depuis,les dirigeants européens font le mort. Un officiel allemand a même annoncé à la cantonnade que le dossier chypriote n’allait plus être examiné avant l’année prochaine,alors même que,sans aide extérieure,le pays risque la cessation de paiements …à la fin de ce mois! Finalement,il semblerait que l’impitoyable « troïka » accepte de reprendre les « négociations » dès à présent,mais à quelles conditions…?
Mais pourquoi les Chypriotes se feraient-ils du souci,puisque François Hollande nous assure que la crise de l’euro est presque finie?..

16 novembre 2012 at 9:11 1 commentaire

SOS PALESTINE !

 Deux événements consternants viennent,coup sur coup,de révéler au grand jour l’urgence d’une remobilisation des Français et des Européens en général ,attachés au droit international,sur le problème palestinien.Le premier est la visite officielle de  Nétanyahou à Paris et les propos tenus par le Président de la République à cette occasion.Le second concerne le rapport circonstancié publié par 22 ONG et validé par un ancien commissaire européen -pourtant politiquement très modéré- qui apporte la preuve que l’Union européenne,loin de combattre la colonisation ,la renforce dans les faits,en important…quinze fois plus de produits des colonies israéliennes installées dans les territoires occupés que de marchandises vendues par les Palestiniens eux-mêmes!

Arrêtons-nous d’abord sur l’accueil de Nétanyahou.Quel sens donner à cet honneur,fait au plus réactionnaire des dirigeants de toute l’histoire de l’Etat d’Israël?Qui plus est,en pleine campagne électorale dans ce pays,provoquée par le Premier ministre pour asseoir son pouvoir! Ce cadeau royal  à l’adversaire le plus impitoyable des Palestiniens a-t-il,à tout le moins,été accompagné d’une initiative marquante de la France en faveur du respect du droit international (qui,en l’occurence,renvoie notamment  aux frontières de 1967 et à la restitution de Jérusalem-Est)?Au contraire.Au-delà de quelques phrases formelles sans la moindre portée,François Hollande a apporté sa caution à une thèse particulièrement perverse de la droite israélienne: « pour des négociations sans conditions ».Il s’agit de contraindre les dirigeants palestiniens -sous peine d’être accusés d’être responsables du blocage- de discuter « du processus de paix » (?) avec un pouvoir qui,fort de sa supériorité écrasante et de l’impunité absolue dont il bénéficie de toute part ,n’a cesse d’étendre la colonisation et jure qu’il ne rendra jamais Jérusalem!Et en prime,le Président français a fait la leçon à l’Autorité palestinienne,coupable,en désespoir de cause, »d’aller chercher devant l’Assemblée générale des Nations Unies ce qu’elle n’obtient pas dans la négociation ».Trop,c’est trop.Des initiatives s’imposent pour réaffirmer la primauté du droit sur la force en Palestine autant que n’importe où dans le monde.

La même exigence doit s’exprimer vis-à-vis de l’UE .Il est loin,le temps où un commissaire européen rappelait que « la communauté  condamne l’occupation de la rive occidentale du Jourdain et de Gaza en violation du droit international », marquait « l’émotion de la Commission devant les souffrances infligées aux jeunes qui manifestent spontanément contre l’action des forces israéliennes de sécurité. » et « déplorait la gravité des mesures prises par les autorités d’occupation ». C’était en 1987 ,six ans avant les Accords d’Oslo,alors que débutait la première « révolution des pierres ». Le Commissaire en question,Claude Cheysson (qui nous a récemment quittés) était français et socialiste.

Cinq ans plus tôt,alors ministre des relations extérieures de François Mitterrand,le même rappelait déjà,au nom de la France,que « Le fait politique fondamental dont le Proche-Orient souffre depuis des dizaines d’années est qu’on ne reconnait pas au peuple palestinien les droits du peuple français,du peuple allemand,du peuple israélien,de tous les peuples du monde:le droit à un Etat. »C’était il y a tout juste 30 ans.A Paris comme à Bruxelles,les dirigeants de 2012 feraient bien d’en prendre de la graine.

 

8 novembre 2012 at 8:27 Laisser un commentaire


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