Archive for octobre, 2015
DIALOGUE PROMETTEUR ENTRE CHYPRIOTES GRECS ET TURCS
Il y avait beaucoup d’attention et d’émotion, le 21 octobre dernier, dans la salle du groupe de la « Gauche Unitaire Européenne » (GUE-NGL ) au Parlement européen : pour la première fois, deux leaders politiques parmi les plus représentatifs de chacune des deux grandes communautés -grecque et turque- de Chypre y dialoguaient ensemble, trois heures durant, avec des dizaines de représentant-e-s de la société chypriote dans toute sa diversité.
L’initiative de cette belle rencontre revient au parti AKEL, le très influent parti communiste de la République de Chypre. Travailler au rapprochement des différentes composantes de la population chypriote est une constante de la stratégie de cette formation, majoritairement -mais non exclusivement- composée de Chypriotes grecs. Elle tire en partie son audience exceptionnelle de son combat , ininterrompu depuis l’invasion turque de 1974, en faveur de la réunification du pays et de l’égalité politique entre ses communautés , séparées depuis 41 ans.
Ce parti est membre de notre groupe GUE-NGL depuis l’entrée de la République de Chypre dans l’Union européenne, en 2004. Les habitants de la partie occupée, eux, ne peuvent pas, en revanche, envoyer de député à Strasbourg et Bruxelles, car leur entité échappe à la souveraineté de la République de Chypre. L’événement , cette fois, était donc la présence conjointe, au Parlement européen, du Secrétaire général d’AKEL, Andros Kyprianou, et du Président du Parti républicain turc, de la partie Nord de l’île, Mehmet Ali Talat, qui fut, jusqu’en 2010, le premier dirigeant de la communauté chypriote turque.
Pour qui a suivi, en ce temps-là, l’actualité de cette île politiquement ultra-sensible au cœur de la Méditerrannée , Monsieur Talat n’est pas un inconnu. C’est lui qui négocia, sous l’égide des Nations-Unies, de 2008 à 2010, avec le Président -communiste- de la République de Chypre, Demetris Christofias, pour tenter de parvenir à un accord ouvrant la voie à une réunification de Chypre. Tâche éminemment complexe ! D’abord, en raison des différends accumulés qui touchent à des problèmes clés : répartition du territoire; partage du pouvoir; structure du futur Etat; garanties démocratiques; droits des réfugiés sur leurs propriétés situées dans « l’autre » partie de l’île; relation à l’Union européenne et à ses règles; questions économiques; enjeux sécuritaires…Ensuite, et surtout, du fait de l’opposition de la puissance occupante -l’Etat turc , ses colons et …ses quelques 40 000 soldats présents sur ce petit territoire- à toute idée d’émancipation de son « bébé » ( dixit Erdogan ! ) . Au terme de leur mandat respectif, Christofias et Talad n’en parvinrent pas moins à un ensemble de « Convergences » sur des points majeurs .
Gelées depuis cinq ans, suite à la victoire des nationalistes dans la partie Nord de l’île, les négociations reprennent aujourd’hui avec l’arrivée à la tête de la communauté chypriote turque d’un nouveau leader , Mustafa Akinci, visiblement favorable à la réunification en même temps qu’apparemment décidé à résister à l’obsession hégémoniste du Président turc. C’était donc le bon moment pour rappeler l’acquis des négociations en 2010 , comme base de départ pour de nouvelles avancées, qu’on espère, cette fois, décisives et incontournables, y compris pour le dangereux maître d’Ankara.
L’IMPUNITÉ DE NETANYAHOU : UN CRIME CONTRE LA PAIX !
Le 4 novembre prochain, cela fera vingt ans que Yitzhak Rabin, alors Premier Ministre d’Israël , a été assassiné par un ultra-nationaliste israélien . Cette tragédie eut lieu dans un contexte marqué par une campagne de haine quasi-hystérique de la droite et de l’extrême droite de ce pays contre un leader coupable de s’engager dans un processus de paix avec son homologue palestinien, Yasser Arafat. Depuis ce jour funeste, une génération entière de Palestiniens n’a plus connu le moindre espoir d’une paix juste, assurant la fin de l’occupation, de la colonisation, de l’humiliation sans limite. Aujourd’hui, nous sommes peut-être à l’aube d’un nouveau soulèvement populaire qui a démarré, cette fois, là où le pouvoir de Tel Aviv s’y attendait le moins : la partie palestinienne -annexée- de Jérusalem.
C’est le moment de revenir sur ce terrible tournant de 1995 . D’abord, pour rappeler qu’il a toujours existé -et qu’il existe aujourd’hui même- en Israël des hommes et des femmes en grand nombre qui combattent l’occupation avec courage et dignité, fût-ce au péril de leur vie. Ensuite, pour souligner la responsabilité écrasante de tous ceux qui, en Europe et en « Occident » en général, garantissent aux incendiaires au pouvoir en Israël une impunité absolue . Ce faisant, ils ne défendent pas Israël, ils protègent les héritiers des assassins de Rabin.
Qui était , en effet, durant les jours et les semaines précédant les coups de feu mortels contre le Premier Ministre de l’époque, à la tête des hordes d’extrémistes vociférant jusque sous les fenêtres de celui-ci et brandissant des pancartes prémonitoires, représentant Rabin dans le viseur d’un sniper ? Le chef du Likhoud -déjà !- un certain Benjamin Netanyahou !
L’homme à l’encontre duquel il alimenta la haine parmi ses supporters n’avait pourtant pas un profil de pacifiste. Ancien Chef d’Etat-Major de l’armée durant la « Guerre des six jours », en 1967, il fut ministre de la Défense au moment de la première « Intifada ». Mais, en véritable homme d’Etat, il sut , avec lucidité et courage, tirer les leçons de son expérience. Lors de l’impressionnant rassemblement en faveur du processus de paix à l’issue duquel il tomba sous les balles du tueur Ygal Amir, il a tenu un discours que les parrains honteux de l’actuel gouvernement d’Israël -le plus réactionnaire qu’ait connu ce pays-gagneraient à méditer . En voici quelques phrases qui en illustrent l’actualité : « La violence s’attaque à la base de la démocratie israélienne. Elle doit être condamnée et isolée (…) La paix a ses ennemis qui tentent de nous atteindre, pour torpiller le processus de paix (…) Pour Israël, il n’est pas de chemin qui soit sans douleur. Mais la voie de la paix est préférable à celle de la guerre. Je vous dit cela en tant qu’ancien soldat (…) Je veux que ce gouvernement exploite chaque ouverture, chaque occasion de promouvoir et de parvenir à une paix totale. » (1)
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