Archive for juin, 2020

UN « SEMESTRE ALLEMAND » À SUIVRE DE PRÈS !

Pour la première fois depuis 2007 -autant dire une autre époque- l’Allemagne va prendre, le 1er Juillet prochain, la présidence de l’Union européenne pour une durée de six mois. Depuis 2009, le Conseil européen dispose d’un Président ou d’une Présidente permanent.e (Actuellement, l’ancien Premier Ministre belge, Charles Michel), ce qui relativise le rôle des présidences tournantes de chaque État membre : qui sait, par exemple, que l’UE est présidée depuis le 1er Janvier dernier par la Croatie ? Il en va tout différemment quand c’est un pays comme l’Allemagne qui prend les rênes des « 27 » . C’est que, dans l’UE, tous les Etats membres sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres…La première puissance européenne va même étendre son influence sur les deux semestres suivants, dont la présidence sera assurée par la Slovénie puis le Portugal : ce « trio » dominé par l’Allemagne coopérera, en fait, étroitement jusqu’à la fin 2021. C’est une première raison de suivre avec une particulière attention les débats qui auront lieu et les décisions qui seront prises durant cette période. Mais c’est surtout l’accumulation d’enjeux, plus lourds les uns que les autres, durant les mois qui viennent, qui appelle, plus que jamais, de notre part une vigilance de tous les instants. 

Récapitulons quelques points prévisibles de l’agenda européen d’ici la fin de l’année : les implications financières, économiques, sociales et politiques du « Fonds de relance » de 750 milliards d’euros qui dépendront des décisions des Etats membres et du Parlement de Strasbourg ; la finalisation des négociations sur le « Brexit » -dont dépendra notamment l’implantation (ou non) , à nos portes, d’un champion du « dumping » social, fiscal ou/et environnemental-; l’adoption du budget européen pluriannuel 2021-2027, susceptible de se traduire (ou non) par une diminution sensible des aides aux agriculteurs et aux pays et régions défavorisés ; le respect (ou non) des engagements pris en matière de lutte contre le dérèglement climatique, que la pandémie a relégué au second plan depuis mars dernier ; le contenu concret de la « priorité au numérique » annoncée, en termes d’emplois, de qualifications, de services publics, de taxation des multinationales, de réduction de la dépendance aux géants américains du Web…; l’évolution du projet de « défense (dite) européenne », qui se traduit jusqu’ici -outre l’allégeance à l’OTAN- par une gabegie indécente d’achats d’armements (dont pour plus de 100 milliards d’euros à l’industrie aéronautique…d’outre-Atlantique) ; ou, plus généralement, les choix stratégiques  qu’appellent de la part de l’UE les aventures irresponsables du clown triste de la Maison-Blanche , qu’il s’agisse de la ruineuse guerre économique lancée tous azimuts ou des tensions internationales meurtrières, alimentées en particulier au Moyen-Orient.
Quelle attitude adoptera la France sur chacun de ces points, et bien d’autres ? Le débat politique national doit impérativement se saisir de cette question.

25 juin 2020 at 3:37 Laisser un commentaire

« LORSQU’ UNE IDÉE S’EMPARE DES MASSES… »

Marx avait raison :« Lorsqu’une idée s’empare des masses, elle devient une force matérielle ». C’est ce qui s’est produit en France avec l’exigence, devenue incontournable, d’une rupture avec les politiques de rationnement des dépenses publiques pour sortir de la crise où ont été plongés les hôpitaux et le système de santé. Sur le plan européen, c’est l’absence totale d’anticipation d’une crise sanitaire, malgré les mises en garde répétées de l’Organisation mondiale de la santé, qui a soulevé la colère de millions de citoyennes et de citoyens, sidérés par le manque criant de coordination puis le déni de solidarité entre Etats membres de l’UE au plus fort de la crise, et enfin par la concurrence sauvage entre « partenaires » européens dans la course aux masques ! 
C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’initiative conjointe d’Emmanuel Macron et Angela Merkel, mais aussi, cette fois, de l’Espagnol Pedro Sanchez, de la Belge Sophie Wilmes, de la Danoise Mette Frederiksen et même du Polonais Mateusz Morawiecki , le 9 juin dernier. Dans une lettre à la Commission européenne, ils soulignent… les nombreux manquements de l’UE face à la pandémie du Covid-19 et avancent une série de propositions pour y remédier à l’avenir. C’est que, désormais, sur ce terrain crucial, les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se savent surveillés par leurs concitoyens. C’est le moment de se manifester : battons le fer tant qu’il est chaud ! 

Comment ne pas retirer de cette expérience la conviction que  la même implication massive et déterminée des citoyens sur d’autres grands enjeux européen pourrait produire les mêmes effets ! L’un d’entre eux va se poser dès le 19 juin prochain. Ce jour-là , un Sommet des « 27 » aura à trancher le vif débat en cours sur la façon de concevoir le projet de « Plan de relance » de 750 milliards d’euros avancé par la nouvelle Présidente de la Commission européenne. 
On connaît les dilemmes qui divisent profondément à ce propos les dirigeants des pays membres : quelle en sera la part de dons et la part de prêts ? 2/3 -1/3, comme prévu ? Ou l’inverse, voire pire ? Quels en seront les principaux bénéficiaires ? Les pays les plus en difficulté ou chacun selon son PIB, ce qui reviendrait à favoriser les plus riches ? Ces crédits seront-ils conditionnés par la mise en œuvre des « réformes structurelles », véritable repoussoir pour les pays du Sud de l’Europe qui les ont déjà subies durant la crise des années 2010-2015 ? Quant au remboursement de ce méga-emprunt , sera-t-il à la charge des Etats, au prorata de leur richesse ou se fera-t-il  par l’instauration de taxes : sur les entreprises du numérique, sur les multinationales, sur les émissions de CO 2 , comme on l’entend dire ? Et surtout : à quel type d’investissements iront ces sommes colossales et quel sera leur impact sur l’emploi, les systèmes de santé, les services publics, l’aide aux collectivités et au monde associatif, l’environnement ? Peut-on encore longtemps accepter que des décisions de cette importance se prennent en dehors de toute délibération préalable avec les citoyens et leurs élus ? N’oublions pas la leçon de Marx…

18 juin 2020 at 5:44 Laisser un commentaire

L’EUROPE FACE À TRUMP : QUELLE PUSILLANIMITÉ !

Face à l’indignation mondiale causée par la mort de George Floyd dans les circonstances que l’on sait, les « 27 » se sont contentés jusqu’ici de dénoncer un « usage excessif de la force » et un « abus de pouvoir », de condamner « tout acte de violence et de racisme » et d’appeler « à la désescalade des tensions ».

Rien dans ces mots, qui traduisent le faible  consensus entre les États membres, ne prend la mesure du double tournant que nous sommes en train de vivre. D’abord, aux Etats-Unis mêmes, avec un mouvement de protestation d’une ampleur qui rappelle celle de la grande lutte pour les droits civiques des années 60. Ensuite, en Europe, avec un impressionnant courant de solidarité contre les discriminations et l’humiliation du racisme qui en dit long sur les frustrations et la colère qui grondent au cœur de nos sociétés. Les jours et les semaines à venir nous renseigneront sur la capacité de nos  gouvernements à entendre enfin ces appels à des changements radicaux en matière de justice, d’égalité et de dignité.

Quant aux relations entre l’UE et son « allié historique » nord-américain, n’est-il pas plus que temps d’envisager d’en redéfinir la nature et les ambitions ? N’y-a-t-il rien à dire d’un système prétendant servir au monde entier de phare de la démocratie, quand 40 millions de citoyens, parce qu’ils sont  Africains-Américains, y sont  à la fois les plus pauvres et les plus précarisés du pays; les premières victimes d’emprisonnements abusifs, la communauté la plus durement touchée par le coronavirus et, en prime, celle qui court 2,5 fois plus le risque de se faire tuer par les « forces de l’ordre » que leurs concitoyens blancs ? L’ « Europe » peut-elle banaliser le recours d’un Président américain -qui prétend au leadership mondial « ad vitam aeternam »- aux slogans des pires suprémacistes blancs et à la menace d’en appeler à l’armée contre son peuple ? Jusqu’à quelle extrémité le « Chef du monde libre » doit-il en arriver pour que, de ce côté-ci de l’Atlantique, l’on se résigne à appeler un chat un chat et le locataire de la Maison-Blanche un danger pour son pays et pour le monde ? Si encore Trump se contentait de traiter l’UE d’ « ennemi », de se réjouir de la perspective d’un « Brexit » sans accord; d’exercer un chantage économique permanent à l’égard de nos pays ; de fermer les frontières des Etats-Unis aux ressortissants de l’UE; d’apporter son soutien aux leaders nationalistes européens etc…, on pourrait le traiter en simple adversaire ou en concurrent malveillant. Mais, en retirant son pays de l’accord international sur le climat, en torpillant celui sur le nucléaire iranien, en jetant -et de la pire des manières- de l’huile sur le feu au Proche-Orient, en exacerbant toujours plus la guerre économique mondiale, en cessant de financer des agences vitales de l’ONU ou en sortant les USA de trois traités sur le désarmement, ce n’est pas seulement l’Europe que Trump veut disloquer, c’est le monde qu’il déstabilise ! Face à tant de périls, l’on ne peut rester neutre. Si l’Union européenne veut se montrer utile à l’humanité et reconquérir ainsi  de la crédibilité et une raison d’être, voilà un défi stratégique à relever. Mais en est-elle seulement encore capable ?

11 juin 2020 at 6:22 Laisser un commentaire

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