« LORSQU’ UNE IDÉE S’EMPARE DES MASSES… »
18 juin 2020 at 5:44 Laisser un commentaire

Marx avait raison :« Lorsqu’une idée s’empare des masses, elle devient une force matérielle ». C’est ce qui s’est produit en France avec l’exigence, devenue incontournable, d’une rupture avec les politiques de rationnement des dépenses publiques pour sortir de la crise où ont été plongés les hôpitaux et le système de santé. Sur le plan européen, c’est l’absence totale d’anticipation d’une crise sanitaire, malgré les mises en garde répétées de l’Organisation mondiale de la santé, qui a soulevé la colère de millions de citoyennes et de citoyens, sidérés par le manque criant de coordination puis le déni de solidarité entre Etats membres de l’UE au plus fort de la crise, et enfin par la concurrence sauvage entre « partenaires » européens dans la course aux masques !
C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’initiative conjointe d’Emmanuel Macron et Angela Merkel, mais aussi, cette fois, de l’Espagnol Pedro Sanchez, de la Belge Sophie Wilmes, de la Danoise Mette Frederiksen et même du Polonais Mateusz Morawiecki , le 9 juin dernier. Dans une lettre à la Commission européenne, ils soulignent… les nombreux manquements de l’UE face à la pandémie du Covid-19 et avancent une série de propositions pour y remédier à l’avenir. C’est que, désormais, sur ce terrain crucial, les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se savent surveillés par leurs concitoyens. C’est le moment de se manifester : battons le fer tant qu’il est chaud !
Comment ne pas retirer de cette expérience la conviction que la même implication massive et déterminée des citoyens sur d’autres grands enjeux européen pourrait produire les mêmes effets ! L’un d’entre eux va se poser dès le 19 juin prochain. Ce jour-là , un Sommet des « 27 » aura à trancher le vif débat en cours sur la façon de concevoir le projet de « Plan de relance » de 750 milliards d’euros avancé par la nouvelle Présidente de la Commission européenne.
On connaît les dilemmes qui divisent profondément à ce propos les dirigeants des pays membres : quelle en sera la part de dons et la part de prêts ? 2/3 -1/3, comme prévu ? Ou l’inverse, voire pire ? Quels en seront les principaux bénéficiaires ? Les pays les plus en difficulté ou chacun selon son PIB, ce qui reviendrait à favoriser les plus riches ? Ces crédits seront-ils conditionnés par la mise en œuvre des « réformes structurelles », véritable repoussoir pour les pays du Sud de l’Europe qui les ont déjà subies durant la crise des années 2010-2015 ? Quant au remboursement de ce méga-emprunt , sera-t-il à la charge des Etats, au prorata de leur richesse ou se fera-t-il par l’instauration de taxes : sur les entreprises du numérique, sur les multinationales, sur les émissions de CO 2 , comme on l’entend dire ? Et surtout : à quel type d’investissements iront ces sommes colossales et quel sera leur impact sur l’emploi, les systèmes de santé, les services publics, l’aide aux collectivités et au monde associatif, l’environnement ? Peut-on encore longtemps accepter que des décisions de cette importance se prennent en dehors de toute délibération préalable avec les citoyens et leurs élus ? N’oublions pas la leçon de Marx…
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