LES NOSTALGIQUES DE LA POLITIQUE DE LA CANONNIÈRE
19 mars 2015 at 7:11 Laisser un commentaire
Ainsi donc, Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, appelle-t-il à la création -sans remettre en cause le rôle de l’OTAN- d’une « armée européenne » capable de faire face aux « nouvelles menaces » aux frontières de l’Union européenne et de défendre les « valeurs » de l’UE ! (1) Un vif soutien a aussitôt été apporté à ce ballon-sonde par la ministre allemande de la défense, ce qui laisse à penser que cette sortie délibérément provocatrice était concertée entre Bruxelles et Berlin pour relancer le débat sur la militarisation de l’Union européenne.
Il s’agit là d’une vieille obsession de certains cercles dirigeants européens, qui a connu plusieurs étapes au cours des dernières années. Annoncée dans le traité de Maastricht (1992), la « Politique de sécurité et de défense commune » a pris forme au début du Millénaire : des structures dédiées à la gestion militaire des crises sont alors créées; un accord de partenariat stratégique est signé avec l’OTAN; des opérations militaires mobilisant des troupes de divers pays européens sont menées, notamment en Afrique ; une « Agence européenne de défense » , destinée à stimuler le développement des capacités militaires des États membres est mise sur pied; d’ ambitieux engagements chiffrés sont pris par les États sur leur contribution à cette force européenne; une « Stratégie européenne de sécurité » est adoptée.
Pourtant, pour les plus zélés des militaristes européens, le compte n’y est pas . Ainsi, dès 2003, Javier Solana, ancien Secrétaire général de l’OTAN devenu responsable de la diplomatie et de la défense de l’UE, pointe-t-il les lacunes de cette défense : « Ces faiblesses ne sont plus acceptables face aux défis du monde moderne » tonne-t-il en appelant les Européens à dépasser « la crise de l’Irak qui a perturbé les relations à l’intérieur de l’Europe ( allusion au refus de la France et de l’Allemagne de suivre George W Bush dans la guerre – FW) et entre les États-Unis et l’Europe » (2)
Les jusqu’au boutistes de la politique de la canonnière tireront, à partir de 2004, un avantage substantiel de l’élargissement de l’UE aux pays d’Europe centrale et orientale : la Pologne , en particulier, s’avère ,en effet, par russophobie exacerbée, la championne de la militarisation de l’Europe. Problème : une contradiction de taille a fait irruption dans le débat sur les choix budgétaires: la crise de la zone euro et la chasse aux « déficits excessifs » ont calmé les ardeurs de maints gouvernements en matière de dépenses militaires . Mis à part la Pologne , l’Estonie, et (à peu de choses près) la France, aucun pays de l’UE ne consacre aujourd’hui à ce budget les 2% du PIB ( richesses produites ) réputés nécessaires ( selon l’OTAN ).
———–
(1) Entretien dans « Welt am Sonntag » (8/3/2015)
(2) « Vision for Europe Award » (25/11/2003)
Entry filed under: Actualité, Allemagne, Angela Merkel, Autriche, Barcelone, BCE, Berlin, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche, Etats-Unis, Europe, France, Francis Wurtz, Grèce, GUE-NGL, Hongrie, Humanité Dimanche, Irak, ONU, Paix, Parlement européen, PGE, UE, USA.
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed