Archive for novembre, 2017

METTONS MERKEL ET SCHULTZ DEVANT LEURS RESPONSABILITÉS

Devant l’échec des négociations pour la formation d’une coalition CDU-CSU-Libéraux-Verts en Allemagne, Emmanuel Macron avait usé de l’une de ces expressions lumineuses dont il a le secret : « Nous, on doit avancer ». Bon, mais encore ? Il y aurait pourtant des sujets majeurs à aborder dans le contexte de la crise politique de la principale puissance économique de la zone euro. Un seul exemple : celui des dommages considérables que le modèle Schroeder-Merkel des vingt dernières années cause à la fois en Allemagne -dont l’irruption de l’extrême droite et le désaveu des partis de la « grande coalition » (CDU-SPD) est le symptôme- et dans les pays du sud de l’Europe, parmi lesquels la France. En effet, ce modèle est fondé, comme on le sait, sur la « modération salariale » ; sur des restrictions draconiennes des dépenses publiques, notamment en matière d’infrastructures ( écoles, ponts, installations ferroviaires…) ; ainsi que sur des réformes libérales et impitoyables de l’assurance-chômage et des retraites. En Allemagne-même, ces mesures ont permis de doper la « compétitivité » et d’accumuler des excédents commerciaux-records (261 milliards d’euros en 2016 !) , mais au prix d’une extension de la pauvreté et de la précarité dans le pays le plus riche d’Europe. Et dans la zone euro, en particulier chez ses partenaires du sud, il en résulte mécaniquement plus de chômage, plus de déficits, plus de dettes.

 

Certes, il ne s’agit pas de minimiser les responsabilités écrasantes des gouvernements français successifs dans l’alourdissement du chômage, la désindustrialisation et le déficit commercial  que connaît notre pays ! Mais il est indéniable que la stratégie mercantiliste et anti-coopérative que pratique Berlin n’est pas tolérable entre « partenaires » d’une union monétaire telle que la zone euro. L’Allemagne « vole ses voisins » accusait déjà il y a plusieurs années le Nobel américain d’économie, Paul Krugman (1). En effet, à partir du moment où, du fait de la monnaie unique, il est devenu impossible de dévaluer sa monnaie (en concertation avec ses voisins) pour corriger un déséquilibre commercial, il faut assurer le nécessaire rééquilibrage par d’autres moyens : par exemple, des crédits sélectifs de la Banque centrale européenne en faveur de la résorption des inégalités de développement . Mais, en tout premier lieu, les économies les plus productives doivent bannir toute forme de « dumping social » au détriment de leurs « partenaires » et tendre vers l’équilibre entre leurs exportations et leurs importations, notamment dans la zone euro. D’ailleurs, les règles européennes elles-mêmes prévoient qu’aucun pays n’ait d’excédents commerciaux dépassant 6% de son PIB (richesses produites en une année) , ce qui est déjà énorme (Ce devait être 4% et fut porté à 6% à la demande de…Berlin.) Problème : les excédents de l’Allemagne dépassent aujourd’hui allègrement les 8% et continuent d’augmenter ! Et, jusqu’ici, Angela Merkel est restée sourde aux admonestations (très diplomatiques, il est vrai) de la Commission européenne. Son rival (et probable futur allié ) social-démocrate, Martin Schultz, a pris le contre-pieds de sa politique ultra-restrictive durant la campagne électorale. Il a besoin de « s’acheter une conduite » auprès de ses électeurs perdus. C’est le moment ou jamais de lancer publiquement le débat sur ce problème en Europe ! Le fait que la France ne saisisse pas l’occasion des nouveaux pourparlers engagés en Allemagne en vue d’une « grande coalition »-bis CDU-SPD pour soulever ce lièvre en dit long sur la politique européenne d’Emmanuel Macron en général et sur sa vision du « couple franco-allemand » en particulier.

 

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(1) Dans sa chronique du « New York Times », rapporté par Huffpost (12/11/2013)

30 novembre 2017 at 7:27 Laisser un commentaire

L’UE CHERCHE SON SALUT DANS LA MILITARISATION !

« Après une décennie de gestion de crises, l’Union (européenne) se projette à nouveau dans l’avenir, repart dans la construction, se permet de rêver » se réjouit une chroniqueuse du « Monde » (1). De quel projet européen constructif et tourné vers le futur s’agit-il donc ? L’UE vient-elle de se fixer comme nouveau cap la garantie d’un emploi ou d’une formation pour chacune et pour chacun , ou bien l’exemplarité en matière de lutte contre le réchauffement climatique, ou encore la négociation d’un traité de coopération , de sécurité et de paix avec tous ses voisins du continent européen ? Vous n’y êtes pas vraiment. Non : l’événement -sans précédent- qui vient de se produire est la signature à Bruxelles d’un accord de coopération militaire « structurée » et « permanente » entre 23 des 28 pays membres de l’UE. (2) L’accord sera officialisé au mois de décembre par les Chefs d’Etat et de gouvernement. Il passe pour une « étape historique » vers une défense européenne.

Oh, n’allez pas imaginer qu’ils envisagent de quitter l’OTAN pour autant ! C’est en plus. Les objectifs affichés sont triples : pousser à l’augmentation sensible des dépenses militaires -condition à remplir impérativement pour pouvoir participer à cette nouvelle entité-; construire en commun des équipements militaires, du type « drone militaire européen » ou « avion de combat européen »; et mener, le cas échéant, des opérations militaires conjointes. Pour « mutualiser »les achats d’armements, un « Fonds européen de défense » de 5,5 milliards d’euros par an (!) sera mis en place début 2018. Reste une petite question à laquelle il n’y a, pour l’instant, aucun début de réponse : quelle type de menace cette « défense européenne » est-elle censée conjurer ? Pour la Pologne et les Etats baltes, c’est obligatoirement de la Russie que vient tout le mal. Pour la France, il s’agit d’abord de trouver des renforts pour ses interminables opérations en Afrique et au Moyen-Orient comme « réponse au développement des attentats » (Jean-Yves Le Drian)…Pour certains experts, enfin, le but est de faire converger les différentes perceptions des menaces : « l’un des enjeux de la défense européenne, c’est que le cauchemar des uns devienne le cauchemar des autres » ! (3) De quoi faire « rêver », comme le suggère la journaliste du « Monde »…

Nous voilà donc devenus des alliés stratégiques des pouvoirs d’extrême droite de Varsovie ou de Budapest au point de « mutualiser » avec eux des armements lourds, voire des buts de guerre ! Certes, chaque pays reste libre de participer ou non à tel ou tel projet lancé dans le cadre de cette « coopération structurée », mais le symbole est là : nous sommes aux antipodes de ces régimes sur le plan de la démocratie et du respect des libertés ou en matière d’accueil des réfugiés -le Parlement européen vient même d’adopter à l’adresse du gouvernement polonais une résolution soulignant un « risque manifeste de violation grave » de l’état de droit dans ce pays- , mais nous sommes désormais des partenaires étroits dans le domaine militaire ! On attend avec impatience le prochain discours sur les « valeurs » européennes !

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(1) Sylvie Kauffmann (16/11/2017)
(2) Seuls le Danemark, l’Irlande, le Portugal et Malte se tiennent à l’écart du projet. La Grande-Bretagne, sur le départ, s’est abstenue tout en saluant « une idée prometteuse ».
(3) Thomas Pellerin-Carlin, de l’Institut Jacques Delors

23 novembre 2017 at 10:02 Laisser un commentaire

CLIMAT : 7 ENJEUX-CLÉS A SUIVRE DE PRÈS !

La 23ème Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques termine ses travaux à Bonn (Allemagne) ce 17 novembre. L’objectif était de faire le point des mesures déjà prises et de celles qu’il reste à prendre de toute urgence pour espérer tenir les engagements de la « COP 21 », l’Accord de Paris de 2015. Où en sommes-nous à cet égard ? L’on peut  s’en faire une idée à partir d’un rapide coup de projecteur sur 7 enjeux-clés mis en lumière dans la dernière période.

Tout d’abord, le cri d’alarme de l’ONU : à moins d’un changement de braquet dans la réduction des émissions de CO2 de la part des grands pollueurs en retard sur leurs engagements (USA, Union européenne, Japon, Canada…), il ne sera bientôt plus possible d’atteindre l’objectif de limitation à 2 degrés, en moyenne, du réchauffement climatique. Un ultime sursis à mettre à profit pour agir !

C’est le moment choisi par Donald Trump pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Heureusement, de grands Etats américains comme la Californie, de grandes villes et même de grandes entreprises des USA ont annoncé le maintien voire l’accroissement de leurs efforts.
L’Union européenne, troisième émettrice de CO2, manque elle-même d’ambition en la matière : 40% de baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990). Il faudrait une diminution de 50% ou plus pour respecter l’Accord de Paris. Or, à ce stade, même l’objectif de 40% est compromis. L’Autriche, la Belgique, le Luxembourg et l’Irlande sont particulièrement en faute. Il est temps de placer leurs dirigeants devant leurs responsabilités.
Le « marché du carbone » instauré il y a plus de dix ans dans l’UE pour inciter l’industrie à  réduire ses émissions a prouvé son inefficacité : les entreprises concernées reçoivent des sortes de « permis à polluer » dans certaines limites (correspondant en principe à l’objectif de réduction des émissions de CO2). Si elles restent en deçà de ces limites, elles peuvent vendre leurs quotas à des entreprises qui les dépassent. Cette « régulation » n’a pas fonctionné. A revoir !
Le cas de l’Allemagne est à relever : avec la Pologne, elle concentre la moitié des émissions provenant des 300 centrales à charbon d’Europe. Sans la fermeture à court terme des 20 centrales les plus polluantes outre-Rhin, Berlin ne pourra pas respecter ses engagements vis à vis de l’Accord de Paris. Une expérience qui a dû peser dans la décision annoncée par Nicolas Hulot de reporter la fermeture de centrales nucléaires en France.
On n’entend guère parler d’un engagement majeur de l’Accord de Paris : celui des pays les plus industrialisés (premiers responsables du réchauffement climatique) de verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement (premières victimes de ce phénomène) pour contribuer à leurs dépenses indispensables pour se protéger et s’adapter. Un débat à relancer !
La Banque mondiale estime (en plus de cette « aide ») que « des milliers de milliards de dollars » (!) d’investissements liés au climat sont nécessaires dans les pays du sud d’ici 2030. Les secteurs concernés sont l’agriculture et l’agroalimentaire; l’adduction d’eau et l’assainissement; le bâtiment; les transports urbains; les énergies renouvelables. Un immense chantier de coopérations à suivre !
La bataille du climat : en enjeu de civilisation !
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En apprenant sa disparition, j’ai revu Jack Ralite, comme un poisson dans l’eau, au milieu de la plus extraordinaire manifestation culturelle et démocratique qu’il m’ait été donné de connaître : « Chile crea » à Santiago, en juillet 1988, où des intellectuels et des artistes par milliers s’étaient donné rendez-vous pour crier avec leurs mots un puissant NO à Pinochet !

16 novembre 2017 at 4:47 Laisser un commentaire

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