VERS UNE CONFÉRENCE CITOYENNE SUR L’AVENIR DE L’EUROPE ?
30 janvier 2020 at 2:01 Laisser un commentaire

La nouvelle Présidente de la Commission européenne , Ursula von der Leyen, sait que son institution et l’Union européenne en général ont du chemin à faire pour tenter de regagner la confiance de millions de citoyennes et de citoyens. Aussi s’efforce-t-elle de donner une image plus alléchante de l’UE que celle des « directives » austéritaires et des « recommandations » contraignantes. C’est ainsi qu’elle vient de proposer aux 27 gouvernements des États membres de réfléchir à un salaire minimum européen ; de choisir comme « priorité » de son quinquennat la lutte pour le climat ou encore de reprendre à son compte l’idée (lancée l’année dernière par Emmanuel Macron) d’une « Conférence sur l’avenir de l’Europe ». Arrêtons-nous sur cette dernière suggestion, aussitôt plébiscitée par le Parlement européen.
De quoi s’agit-il ? Personne ne sera surpris d’apprendre qu’on ne s’apprête pas à reprendre, pour l’occasion, la proposition qu’avance le PCF depuis 2012 : à savoir des « Etats généraux de la refondation de l’Union européenne » ouverts aux organisations syndicales, aux mouvements associatifs, aux réseaux citoyens dans toute l’UE afin de déterminer en toute clarté, par delà leurs différences, ce qui, à leurs yeux, ne peut plus durer et de s’accorder sur les quatre ou cinq changements marquants qui doivent, selon eux, coûte que coûte, intervenir, notamment sur les plans social et environnemental comme du point de vue de la démocratie et de la souveraineté populaire ! On n’en est pas là à Bruxelles…Pour autant, on notera que cette « Conférence européenne » est censée être préparée par des « agoras citoyennes » dans chacun de nos pays , tout le processus devant débuter en mai prochain et durer deux ans, ce qui pourrait permettre d’aller au fond des choses. En outre, il était question, au début, de débats « sans tabou » pouvant, y compris, mettre en cause les sacro-saints traités européens et envisager leur renégociation. Fort bien.
Quelques « détails » sèment, cependant, le doute sur la portée réelle de l’initiative. D’abord, le hasard faisant bien les choses, le calendrier est ainsi fait que ladite Conférence s’achèvera au premier semestre 2022, c’est à dire pendant la présidence française de l’UE et durant …la campagne pour l’élection présidentielle. Coïncidence supplémentaire : c’est un éminent membre du groupe « macronien » de l’Assemblée de Strasbourg -le très libéral (et fédéraliste) Guy Verhofstadt- qui est pressenti comme président de la Conférence en question. Enfin, dans la dernière communication de la Commission sur le sujet (22/1/2020), l’exécutif européen s’engage, certes, à « donner suite aux conclusions qui seront tirées » (par qui ?) de la Conférence, mais il n’y est plus question de renégociation des traités, et plusieurs des thèmes devant faire l’objet des débats à venir -« promotion de nos valeurs européennes » ; « consolidation des fondements démocratiques de l’UE »…- relèvent plus de la traditionnelle autosatisfaction des responsables européens que de l’indispensable esprit critique -sans lequel cette Conférence perdrait tout intérêt. Nous en saurons plus sous peu.
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