Posts filed under ‘Oslo’
GARE AUX VRAIS…ET AUX FAUX « FAKE NEWS » SUR L’EUROPE !
De nombreuses informations trompeuses ou carrément fausses ont circulé pendant la campagne du premier tour de l’élection présidentielle. C’est ce qu’on appelle, dans les milieux branchés, les « fake news ». Un certain nombre d’entre elles ont pollué le débat sur « l’Europe ». Pour autant, il ne faudrait pas, à l’inverse -sous prétexte de combattre les caricatures europhobes- considérer comme des « fake news » toutes les affirmations qui contestent légitimement « l’ordre européen » actuel ! C’est pourtant ce à quoi se sont adonnés un certain nombre de commentateurs jusqu’aux derniers moments de la campagne, précisément quand bien des hésitants cherchent à affiner leurs opinions. « La Commission assiste, impuissante, au déferlement de « fake news » à la française » pouvait-on, ainsi, lire dans un grand quotidien économique à trois jours du scrutin. Et de citer plusieurs exemples de ces prétendues « fausses informations » (1). Précisions.
Premier exemple : « La PAC ruinerait les petits agriculteurs ! » Faux ? Hélas, non ! En cause : non la PAC en elle-même, mais sa gestion libérale . On organise le démantèlement de ce qui reste de la régulation des marchés, quitte à faire chuter les cours, et, par là-même, les revenus des paysans, qui ne couvrent souvent même plus les coûts de production. (Souvenons-nous des conséquences de la suppression des quotas laitiers) .
Deuxième exemple : « Les recommandations économiques de la Commission (sont) assimilées à des injonctions » . Faux ? Encore non ! Le journaliste fait ici allusion à l’un des documents au style comminatoire adressés chaque année par « Bruxelles » ( le Conseil, sur proposition de la Commission ) à chaque Etat membre, pour « évaluer » la politique économique suivie par le gouvernement et indiquer les « réformes » à promouvoir pour respecter les « grandes orientations » adoptées par les « 28 ». Alors, quel est le poids réel de ces « recommandations »? Officiellement, il s’agit d’ « incitations (…) à adopter un comportement particulier » mais, dans les faits, il faut y voir beaucoup plus que cela ! Au point que, selon les propres termes d’un organe officiel français, » la Cour de Justice de l’Union européenne, consciente de l’importance des recommandations, estime que les juges nationaux sont tenus de les prendre en considération ». (2)
Troisième exemple : « la prétendue impossibilité d’avancer en matière d’harmonisation fiscale » dans l’UE. Faux ? Non, si on considère l’extrême timidité des « avancées » par rapport aux attentes. Le projet de taxe sur les transactions financières né après la crise financière ? Un serpent de mer aujourd’hui limité à 10 pays sur 28 et…reporté d’année en année ! L’impôt sur les sociétés (IS) ? Un taux identique partout , il n’en est pas question. Les traités imposent sur ce point que la totalité des Etats soient d’accord . Alors, a-t-on au moins décidé une « assiette commune » pour le calcul de l’IS dans toute l’UE (des règles identiques partout pour calculer les bénéfices) ? Un projet de ce type circule …depuis six ans ! La seule avancée positive est la série de sanctions financières imposées par la Commission à des multinationales qui ont précisément enfreint les règles de concurrence en bénéficiant d’avantages fiscaux éhontés de la part de certains Etats membres : c’est positif. Mais, « l’harmonisation », c’est autre chose !
J’assimilerai, en revanche, à une fausse information le fait d’écrire que « le traité de Lisbonne reprend quelques dispositions » du projet de traité constitutionnel (le TCE rejeté par une majorité de Français en 2005) quand c’est, en vérité, la totalité du TCE qui a été reprise, à l’exception de quelques dispositions ! (3) Décidément, il faut ouvrir les yeux !
——–
(1) Les Échos du 20/4/2017
(2) Vie publique -Direction de l’information légale et administrative (1/7/2013)
(3) Le Monde du 20/4/2017
« SECRETS DES AFFAIRES » CONTRE LANCEURS D’ALERTE.
Ce 14 avril, le Parlement européen doit adopter, amender ou rejeter le projet de directive « sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués contre l’obtention, l’utilisation et la divulgation illicites »…plus connue sous le titre de « Secrets des affaires ».
En lançant , il y a plus d’un an, ce texte, la Commission européenne avait dit vouloir simplement protéger « la confidentialité » , qualifiée d’ « outil de compétitivité » des entreprises. En fait, le projet de directive « menace directement le travail des journalistes et de leurs sources, les lanceurs d’alerte, les syndicalistes, la liberté d’expression des salariés et nos droits d’accéder à des informations d’intérêt public -par exemple sur les médicaments, les pesticides, les émissions des véhicules, etc… » alerte une coalition européenne d’associations, de syndicats, de scientifiques et de lanceurs d’alerte (1) .
(2) Sophie Binet, Secrétaire générale adjointe de l’UGICT-CGT
(2) Patrick Kamenka, ancien dirigeant du Syndicat national des journalistes CGT
2005-2015 : LES ACQUIS ET LES DÉFIS DE LA GAUCHE
C’est une sorte d’hommage du vice à la vertu : le dixième anniversaire de la victoire du NON au projet de traité constitutionnel européen a donné lieu à une multitude d’articles de presse, de sondages d’opinion, voire de savantes études. Manifestement, tous ces organes, hier engagés dans une virulente défense et illustration du OUI et jusqu’alors habitués à prendre de haut les minorités -fatalement incultes- qui osaient mettre en doute leurs certitudes , ne semblent toujours pas totalement remis du choc psychologique que représenta pour eux , le 29 mai 2005, cette sorte d’insurrection démocratique majoritaire faisant fi des conseils généreusement prodigués par les gourous de la pensée dominante.
Alors, cela donne par exemple ceci : « Parmi les électeurs du NON, 52% ont fait leur choix sur la base d’enjeux nationaux , notamment la position prise à l’époque par le président de la République, Jacques Chirac, et seulement 42% en fonction d’enjeux européens. A l’inverse, les électeurs du OUI ont été (…) 81% (à se déterminer) d’après les questions européennes » (1) Comprenez : » les « nonistes » sont primaires, l’Europe, ça les dépasse. Quand il y a un référendum, le peuple vote contre le pouvoir en place , sans s’occuper de la question posée ». Or, si l’on se reporte à l’étude qui a inspiré cette affirmation, on découvre que « la position à l’égard de Jacques Chirac » a motivé…10% des électeurs du NON contre 6% de ceux du OUI ! Ce que recouvre avant tout la catégorie « problèmes nationaux », c’est « la situation sociale en France » (55%), autrement dit un sujet étroitement corrélé à l’ « Europe libérale » que le NON entendait précisément mettre en cause au profit d’une « Europe sociale ». (2) Est-ce donc si dur, dix ans après, de reconnaître que la campagne de gauche en faveur d’une autre Europe fut une expérience de démocratie citoyenne sans pareille ? Et qu’en l’occurrence, les faits ont donné raison à ces citoyens , dûment informés des enjeux cachés dans les discours officiels ? Le problème serait-il que cette longue et riche campagne de débats ait démontré qu’on pouvait être résolument « pour l’Europe » et radicalement opposé à celle que nous subissons ? C’est là , désormais, un acquis majeur que la gauche européenne a intérêt à faire vivre de façon très offensive.
La même question se pose aujourd’hui à l’échelle de toute une nation, gouvernement compris : la Grèce . Voilà un peuple et ses dirigeants qui, ensemble, font face à la ligue des puissants pour, tout à la fois, exiger la fin d’une politique insoutenable que « l’Europe » officielle leur impose et défendre leur droit de rester membres à part entière de l’Union européenne et de la zone euro, avec l’objectif d’agir pour les transformer . « C’est incompatible » leur répliquent en substance ceux qui se voient comme les « patrons » . C’est « la capitulation ou la sortie! » menacent, à mots à peine couverts, les Schaüble et consorts. Faire échec à cet intolérable chantage est, aujourd’hui, un défi de premier ordre à relever par la gauche en Europe. Le week-end dernier, place de la République, à Paris, clôturant le magnifique « Forum européen pour les alternatives », Pierre Laurent l’a souligné en reprenant la formule chère à Alexis Tsipras, le Premier Ministre grec : « Dans l’Europe, il n’y a pas des propriétaires et des locataires . Nous sommes tous des copropriétaires « .
———
(1) Le Monde (29/5/2015)
(2) Il s’agit de l’étude de M. Yves Bertoncini -« Dix ans après le NON »- pour la Fondation Jean Jaurès, proche du Parti socialiste: une étude qui, par ailleurs , n’échappe pas à cette difficulté à reconnaître l’évidence concernant la signification et la portée du vote de 2005.
Commentaires récents