Posts filed under ‘benalla’

MACRON , LE « GRAND DÉBAT » ET L’ESPACE SCHENGEN

Il y a une annonce faite par Emmanuel Macron lors de sa récente conférence de presse télévisée qui a été peu commentée. À tort ! Rappelons que cette prestation hyper-médiatisée était censée répondre aux principales préoccupations exprimées par les participantes et participants au « Grand débat ». Il y eut cependant une « invitée surprise » (l’expression est de « l’Humanité ») dans les annonces présidentielles : la promesse de « profondément refonder notre politique migratoire ». Et, qui plus est, la proposition de tenir, chaque année, un débat parlementaire sur la question. Cette double revendication ne comptait pourtant pas, loin de là, parmi les thèmes qui ont dominé ces échanges avec nos concitoyens. Voilà donc un Président de la République qui -en choisissant de focaliser l’attention d’une partie des Français sur ce thème plutôt que sur le social, quitte à distiller le poison anti-migrants- prend le risque de conforter l’idéologie lepéniste dans le seul espoir de retenir quelques voix de la droite dure pour « sa » liste LREM en vue du scrutin du 26 mai prochain.

Du reste, en appelant à « une Europe qui tient ses frontières », le Chef de l’Etat récidive. Le 4 mars dernier, dans sa tribune publiée simultanément dans de nombreux journaux français et européens, il annonçait déjà vouloir « remettre à plat l’espace Schengen » car, soulignait-il dans une formule qui ne déparerait pas le programme de l’ex-FN : « la frontière, c’est la liberté en sécurité ». Il précisait alors ses objectifs en ces termes : créer « une police commune des frontières  » ; instituer « des obligations strictes de contrôle (…) sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure » et limiter l’espace Schengen aux pays qui acceptent un « contrôle rigoureux des frontières  » et « les mêmes règles d’accueil et de refus » des demandeurs d’asile. Tenter de faire passer cette dérive anti-migrants pour une démarche alliant « responsabilité » et « solidarité » n’a aucune crédibilité. Dans le contexte européen que nous connaissons depuis 2015, il est aisé d’imaginer dans quel sens évoluerait pareille harmonisation du droit : celui de l’Europe-forteresse ! Les xénophobes patentés se sentiraient d’autant plus encouragés à surenchérir sur ces nouvelles normes européennes.

Oser appeler cette stratégie funeste le « deuxième grand combat » européen avec celui du « climat » est indigne. D’autant que le corollaire de ce choix de fermeture est une relation à l’Afrique avant tout fondée sur la rétention des candidats au départ et la « réadmission » des ressortissants expulsés d’Europe, afin, reconnaît Emmanuel Macron, d’ « éviter l’immigration subie ». Ce combat d’arrière-garde n’est décidément pas le nôtre. Comme l’a superbement exprimé Ian Brossat à la tête de liste LREM, Nathalie Loiseau lors du débat du 4 avril sur France 2 :
« Quand je vous entends expliquer que vous êtes fiers d’avoir divisé par dix le nombre des migrants, vous devriez regarder vos pompes, parce que, pendant ce temps-là, il y a des gens qui sont morts en Méditerranée : 2000 en 2018 ! Si vous pensez que c’est un motif de fierté, on ne doit pas avoir les mêmes valeurs ».

9 Mai 2019 at 10:55 Laisser un commentaire

« DEAL » JUNCKER-TRUMP : UN TRIPLE SCANDALE !

An coeur de l’été et en pleine « affaire Benalla », le « deal » très trumpien conclu entre le Président de la Commission européenne et le locataire de la Maison blanche, le 25 juillet dernier, n’a pas suffisamment retenu l’attention en France. Il représente pourtant un triple scandale.
D’abord en raison des objectifs conjoints consignés dans le communiqué commun et rappelés comme autant d’engagements réciproques par le Président américain à l’issue de la rencontre. Il est question de « Zéro subvention » sur de nombreux biens industriels -ce qui peut viser le financement public de secteurs chargés de « services d’intérêt économique général » (les services publics) !-  et de « Zéro barrière non tarifaire », autrement dit de la disparition de toute forme de règlementation du commerce extérieur telle que les licences ou les quotas destinée à maîtriser un tant soit peu les échanges ! Quelles normes environnementales, sanitaires, phytosanitaires , techniques, sont-elles censées faire partie de ces « barrières » à supprimer ? Veut-on ressusciter, en l’aggravant, feu le traité de libre-échange transatlantique, un TAFTA-bis en pire ? !

Ensuite, cet accord pose un grave problème de démocratie. La Commission se veut la « gardienne des traités européens ». Or, ceux-ci  n’autorisent nullement le Président de la Commission à prendre ce type d’initiative unilatérale sans disposer d’un mandat explicite du Conseil -c’est-à-dire des représentants des 28 gouvernements- (article 207 du traité sur le fonctionnement de l’UE).  Sans doute encouragé par Angela Merkel à obtenir par tous les moyens de Donald Trump qu’il renonce à taxer les importations de voitures européennes -dont 60 % sont allemandes-, M. Juncker s’est accordé des pouvoirs qu’il n’a pas. Ce n’est pas acceptable !
Enfin, en s’inscrivant servilement dans la ligne du « America first » de Trump, le « compromis » signé par le Président de la Commission constitue un fiasco stratégique pour l’Union européenne. Les exemples de cette soumission sont légion. Ainsi, l’UE avait-elle fixé un préalable à tout accord futur : Washington devait d’abord annuler la hausse punitive des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens. « Nous n’allons pas à ces négociations avec un pistolet braqué sur la poitrine » avait fièrement annoncé le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Résultat : Juncker a finalement accepté que ces sanctions ne soient levées qu’en cas de succès des négociations à venir. Autre exemple : il aura suffi que le Président des Etats-Unis élève la voix contre les achats jugés excessifs de gaz russe plutôt qu’américain pour que Juncker s’engage, aux dires de Trump, à ce que l’UE achète « massivement » du gaz (deux fois plus cher) aux producteurs d’outre-Atlantique ! Pire : Trump était en grande difficulté auprès de ses électeurs influents du Midwest, dont les grandes exploitations agricoles étaient directement touchées par les mesures de rétorsion de la Chine à la guerre commerciale déclenchée par le leader de l’Occident. Juncker lui sauve la mise -sur le dos des Chinois- en promettant que l’UE importera plus de soja des Etats-Unis…Trump : 1; UE : zéro ! Ces compromissions honteuses doivent être dénoncées et mises en échec .

2 août 2018 at 4:18 Laisser un commentaire


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