MACRON , LE « GRAND DÉBAT » ET L’ESPACE SCHENGEN
9 mai 2019 at 10:55 Laisser un commentaire
Il y a une annonce faite par Emmanuel Macron lors de sa récente conférence de presse télévisée qui a été peu commentée. À tort ! Rappelons que cette prestation hyper-médiatisée était censée répondre aux principales préoccupations exprimées par les participantes et participants au « Grand débat ». Il y eut cependant une « invitée surprise » (l’expression est de « l’Humanité ») dans les annonces présidentielles : la promesse de « profondément refonder notre politique migratoire ». Et, qui plus est, la proposition de tenir, chaque année, un débat parlementaire sur la question. Cette double revendication ne comptait pourtant pas, loin de là, parmi les thèmes qui ont dominé ces échanges avec nos concitoyens. Voilà donc un Président de la République qui -en choisissant de focaliser l’attention d’une partie des Français sur ce thème plutôt que sur le social, quitte à distiller le poison anti-migrants- prend le risque de conforter l’idéologie lepéniste dans le seul espoir de retenir quelques voix de la droite dure pour « sa » liste LREM en vue du scrutin du 26 mai prochain.
Du reste, en appelant à « une Europe qui tient ses frontières », le Chef de l’Etat récidive. Le 4 mars dernier, dans sa tribune publiée simultanément dans de nombreux journaux français et européens, il annonçait déjà vouloir « remettre à plat l’espace Schengen » car, soulignait-il dans une formule qui ne déparerait pas le programme de l’ex-FN : « la frontière, c’est la liberté en sécurité ». Il précisait alors ses objectifs en ces termes : créer « une police commune des frontières » ; instituer « des obligations strictes de contrôle (…) sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure » et limiter l’espace Schengen aux pays qui acceptent un « contrôle rigoureux des frontières » et « les mêmes règles d’accueil et de refus » des demandeurs d’asile. Tenter de faire passer cette dérive anti-migrants pour une démarche alliant « responsabilité » et « solidarité » n’a aucune crédibilité. Dans le contexte européen que nous connaissons depuis 2015, il est aisé d’imaginer dans quel sens évoluerait pareille harmonisation du droit : celui de l’Europe-forteresse ! Les xénophobes patentés se sentiraient d’autant plus encouragés à surenchérir sur ces nouvelles normes européennes.
« Quand je vous entends expliquer que vous êtes fiers d’avoir divisé par dix le nombre des migrants, vous devriez regarder vos pompes, parce que, pendant ce temps-là, il y a des gens qui sont morts en Méditerranée : 2000 en 2018 ! Si vous pensez que c’est un motif de fierté, on ne doit pas avoir les mêmes valeurs ».
Entry filed under: Actualité, Allemagne, Angela Merkel, Autriche, Barcelone, BCE, benalla, Berlin, brexit, Bruxelles, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche, Europe, France, Francis Wurtz, GUE-NGL, Macron, USA.
EN HOMMAGE À JULIEN LAUPRÊTRE SOUTIEN AUX PLUS DÉMUNIS DANS L’UE ! LE COÛT HUMAIN ET ÉCOLOGIQUE DE LA COURSE AU PROFIT
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed