POUR UNE SOLIDARITÉ RESPONSABLE AVEC L’UKRAINE

10 mars 2022 at 7:54 Laisser un commentaire

Rien de plus insupportable que le sentiment d’impuissance face à une agression militaire meurtrière comme l’est la guerre de Poutine contre l’Ukraine. On ne peut, dès lors, s’étonner que s’élèvent, sous les bombes, des voix bouleversantes réclamant une implication dans le conflit toujours plus forte des États européens et occidentaux en général, à même de forcer Poutine à arrêter sa guerre. Peut-on, dans ces conditions, être légitimement conduit à dire non à certaines de ces demandes alors même que le peuple ukrainien nous impressionne tous et toutes par sa résistance intrépide face à l’armada russe ? Oui, hélas : c’est difficile, et pourtant nécessaire dans une série de cas. Cela peut même s’avérer être un devoir de solidarité, quand la réalisation de ces exigences ferait courir des risques incommensurables aux Ukrainiens, à coup sûr, en premier lieu, et, au-delà, à l’Europe tout entière , voire au monde.

Plusieurs cas de ce type se sont présentés ces derniers jours. Ainsi, il est crucial, vital même, que les pressions en faveur de l’établissement d’une « zone d’exclusion aérienne » sur le territoire ukrainien ne finissent pas par entraîner l’OTAN dans une fuite en avant fatale ! Car, interdire le survol de l’Ukraine suppose d’abattre tout avion ennemi bravant l’interdit, quitte à déclencher l’engrenage d’un affrontement militaire OTAN-Russie ! La même mise en garde vaut pour les avions de guerre de l’ère soviétique que Washington espère toujours convaincre la Pologne de livrer à l’Ukraine. Un tel projet impliquerait , là encore, des États membres de l’OTAN , au risque de fournir à Poutine un prétexte pour étendre le conflit. Une solidarité pour le moins à double tranchant.

Même l’idée d’une adhésion « sans délai » de l’Ukraine à l’Union européenne est hautement contestable, ne serait-ce qu’en raison de l’existence, dans les traités européens en vigueur depuis 2009, d’une « clause de défense mutuelle » qui recèle des dangers similaires à ceux du fameux « article 5 » de l’OTAN – toutes choses qui mériteraient d’être clairement explicitées lorsqu’on évoque une éventuelle entrée de l’Ukraine dans l’UE.

Quant aux sanctions économiques -si elles sont évidemment nécessaires- , elles appellent elles-mêmes plus de discernement que celui dont ont fait preuve plusieurs de nos ministres. Quand Clément Beaune, le Secrétaire d’Etat aux affaires européennes, prétend que « nous pouvons imposer nos intérêts » à la Russie car celle-ci dépend de l’Europe pour ses exportations de gaz, il semble oublier que la réciproque est vraie : il serait aussi peu aisé pour l’Europe de se passer de son fournisseur russe que pour la Russie de remplacer ses clients européens. Le degré d’interdépendance qui caractérise le monde actuel est tel que le Fonds monétaire international (FMI) prévient que les sanctions « auront un impact substantiel sur l’économie mondiale ». Lorsque Bruno Le Maire promet -avant de se raviser face au tollé suscité- « une guerre économique totale à la Russie » , il ignore  cet autre avertissement du FMI : une escalade du conflit aurait des conséquences économiques « dévastatrices » au niveau mondial.
La seule solidarité qui vaille est celle qui ne se retourne pas contre le peuple ukrainien et le monde dans son ensemble.

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