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MACRON-NETANYAHOU : RETOUR SUR UNE INFAMIE
Le chef d’un gouvernement qui revêt « des valeurs fascistes » -selon Ehud Barack, ancien Premier Ministre d’Israël lui-même- , et qui est, aux dires du même, « en train de réaliser, sous nos yeux, un coup d’Etat par son racisme, sa corruption, sa neutralisation du système judiciaire »(1), voilà le personnage à qui Emmanuel Macron vient d’offrir sa première visite officielle dans un pays occidental depuis sa réélection dans des conditions honteuses…pour échapper à la prison ! Cette infamie de l’Elysée a été précédée d’une rencontre de travail entre les directeurs des affaires stratégiques du ministère des Affaires étrangères des deux pays le 19 janvier dernier. La bienveillance appuyée de Paris envers Netanyahou n’a pas empêché ce dernier de lancer quelques jours plus tard le raid « préventif » de l’armée israélienne le plus meurtrier depuis 20 ans sur la Cisjordanie, relançant le cycle des violences, qui s’est aussitôt traduit par l’ attaque perpétrée par un jeune Palestinien dans une colonie de Jérusalem-Est, causant la mort de sept civils israéliens.
Cet incroyable camouflet infligé à la diplomatie française par un pouvoir israélien, décidé à pousser toujours plus loin les crimes de l’occupation, de la colonisation et de la guerre, quitte à alimenter le désespoir parmi le peuple palestinien, particulièrement dans sa jeunesse, n’a pas empêché le Président de la République de dérouler le tapis rouge à son « cher Bibi » (2) . Peu soucieux du sort des Palestiniens, le Président français ne semble d’ailleurs guère porter plus d’attention aux centaines de milliers d’Israéliens mobilisés contre une coalition gouvernementale sans précédent dans leur pays, dans laquelle siègent des ministres d’extrême-droite, ultra-orthodoxes et ouvertement suprémacistes, qui plus est en charge des colonies et des forces de répression ! Lui qui lança naguère « l’Initiative Marianne » pour « porter les droits de l’homme partout » illustre plus spectaculairement que jamais combien ses principes en la matière sont à géométrie variable.
Si l’Elysée a fait savoir, en termes convenus et particulièrement alambiqués, avant cette rencontre indécente, que le Président rappellerait à son interlocuteur la «nécessité pour tous (sic) d’éviter des mesures susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence » et exprimerait sa « disponibilité à contribuer à la reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens », l’objectif conjoint était évidemment ailleurs. En vérité, tout s’est passé comme si un « deal » (comme aurait dit Donald Trump) avait été passé entre Benjamin Netanyahou et Emmanuel Macron : le premier envisage désormais d’apporter ouvertement un soutien militaire à l’Ukraine, comme le souhaitaient la France et ses alliés occidentaux , tandis que le second se rallie à demi-mots à l’option militaire contre le programme nucléaire iranien, à la grande satisfaction du No 1 de Tel Aviv. « Quelque 3000 cibles sont identifiées, et l’Etat hébreu souhaite passer rapidement à l’action, mais pas question d’aller seul au combat » précisent des observateurs avertis (3). Au feu ! « On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » avertissait Jean Jaurès.
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(1) Voir « Times of Israël » (1/1/2023)
(2) Familiarité dont a usé fort mal à propos le chef de l’Etat français à l’égard du dirigeant israélien lors de la célébration solennelle des 75 ans de la Rafle du Vél d’hiv , le 16/7/2017.
(3) Radio France International (2/2/2023)
PALESTINE : C’EST L’HEURE DU SURSAUT !

NETANYAHOU avait-il anticipé la levée de boucliers, d’une ampleur sans précédent depuis des décennies, provoquée par son projet d’annexion de 30% de la Cisjordanie ?
En Israël même, il n’y a pas que les forces de paix -communistes en tête- à manifester leur rejet du plan d’annexion. La liste est longue, jusque dans le camp opposé, des voix qui s’élèvent pour s’inquiéter de savoir « Comment le monde va réagir ? » Tel cet ex-ministre des finances de Nétanyahou, passé à l’opposition, Yair Lapid, qui dit craindre les « grands dommages » pour l’Etat d’Israël et les « réactions sévères » de la part des Palestiniens, des Jordaniens, de l’éventuel successeur démocrate de Trump et « bien sûr des Européens » que susciterait la réalisation du coup de force annoncé. Ou cet ex-haut responsable du Mossad, Ephraïm Halévy, qui attire l’attention publique sur « la colère des Européens » de l’UE, « premier partenaire commercial d’Israël » . Selon lui, « les dommages économiques qu’ Israël subira dépassent de loin tout ce qu’on peut imaginer aujourd’hui, même si les Européens mettent simplement en suspens les accords » (bilatéraux). Ou bien, le chef de l’Institut israélien pour les politiques étrangères régionales, Nimrod Goren, pour qui « Israël doit s’attendre à un recul important de pays comme la France, l’Allemagne et la Jordanie » (l’un des rares pays arabes ayant signé un Traité de paix avec Israël en 1994). Ou encore cet ancien porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Ygal Palmor, qui rappelle aux dirigeants de son pays qu’ « ignorer les avertissements n’est pas une bonne politique » et qu’au contraire, « ces signes publics de ressentiment doivent (…) être soigneusement pesés contre toute mesure prévue ».
Et voilà que se surajoute aux critiques arabes ou européennes une lettre-ouverte signée par 189 Représentants démocrates, parmi les plus pro-israéliens du Congrès américain, demandant au gouvernement de renoncer à « l’annexion unilatérale (qui) pourrait créer de sérieux problèmes pour Israël avec ses amis européens et d’autres partenaires dans le monde » !
De fait, jour après jour, les réactions pleuvent comme jamais : la commission des Affaires étrangères du Parlement belge demande à son gouvernement de reconnaître l’Etat palestinien et de « prendre des initiatives aux niveaux européen et multilatéral afin de prévenir l’annexion par Israël de territoires palestiniens » . Plus de 1000 parlementaires de pays européens appellent à « une action décisive » contre l’annexion. 50 anciens ministres, Premiers Ministres ou Commissaires européens -et non des moindres-appellent l’UE à « contrer la menace d’annexion » en allant jusqu’à parler d’ « apartheid » (une « première à ce niveau) ! Paris note (prudemment) que « l’annexion aura un coût pour Israël » et Berlin évoque une « ligne rouge »…Reste , au-delà des mises en gardes verbales, à passer, cette-fois, à l’acte . Chacun est devant ses responsabilités. C’est l’heure du sursaut.
QUAND L’UE RANIME LE DÉBAT SUR LA CAUSE PALESTINIENNE !

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