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L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES : OÙ EN EST-ON DANS L’UE ?
L’Union européenne se targue volontiers d’avoir pour valeur fondatrice le principe de l’égalité femmes-hommes. De fait, ce principe est inscrit en toutes lettres dans les traités : dès 1957 en ce qui concerne « l’égalité des rémunérations pour un même travail »; puis, par la suite, « l’égalité des chances » et l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail. Le traité de Lisbonne (qui régit l’UE actuellement) affirme même que « pour toutes ses actions, l’UE cherche à éliminer les inégalités et à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes ». Elle a, ainsi, la possibilité d’adopter des lois européennes (directives ou règlements) contre les discriminations sexistes, tandis que le programme « Droits, égalité et citoyenneté » permet de financer des actions visant à atteindre l’égalité et à éradiquer les violences faites aux femmes. Plusieurs textes législatifs européens ont, du reste, vu le jour à cet égard. Par ailleurs, il existe depuis une dizaine d’années un « Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes » destiné à produire analyses et propositions propres à stimuler l’action des institutions européennes dans ce domaine, tandis qu’au Parlement européen, la « Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres » joue pleinement son rôle. Et pourtant…Que de chemin reste, concrètement, à parcourir dans la majorité des Etats membres pour pouvoir parler sérieusement d’égalité !
Qu’on en juge. Taux d’emploi ? 61% en moyenne pour les femmes, 72% pour les hommes. Temps partiel ? Il touche 31,9% des femmes contre 8,8 des hommes. Différence de salaires ? 16,3% : dit autrement, les femmes doivent travailler 59 jours supplémentaires, en moyenne, pour gagner un montant équivalent au salaire perçu par les hommes. Si la France se situe -très légèrement- en dessous de cette moyenne selon les statistiques européennes (15,8%), l’Allemagne creuse encore l’écart (22% !). Autre constat révoltant : si 60 % des Européens diplômés de l’enseignement supérieur sont des Européennes, elles ne sont plus qu’un tiers parmi les chercheurs ! La discrimination vaut également pour l’exercice des responsabilités publiques: l’UE compte 4 femmes Cheffes d’Etat et 3 Cheffes de gouvernement sur 28. Elles sont 29% des membres des parlements nationaux et 37% de ceux du parlement européen. La Banque centrale européenne bat le triste record du machisme avec 2 femmes seulement au Conseil des gouverneurs qui compte 25 membres. Quant à la violence physique ou sexuelle, si les hommes n’en sont pas préservés, elle touche une femme sur trois -souvent de la part de son compagnon- tandis que 75% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans un cadre professionnel ! (1) L’égalité reste un combat.
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Je veux me joindre à hommage rendu à Roland Leroy, que j’ai eu le privilège de rencontrer à de fréquentes reprises, et dont j’ai toujours admiré le raffinement et l’inépuisable culture . Avec la disparition de ce dirigeant emblématique se tourne une page de l’histoire du Parti communiste français.
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(1) Tous ces chiffres sont à trouver sur le site « Toute l’Europe » (17/11/2017)
VIVE LE 8 MARS!
A la veille du 8 mars, je souhaite consacrer ma 200ème chronique au combat pour l’égalité hommes-femmes en Europe. Cela me donne l’occasion de revenir sur une belle initiative à laquelle j’ai eu la chance de pouvoir prendre part, le mois dernier, au cœur de l’Europe centrale à Sisak, en Croatie. Il s’agissait d’un séminaire consacré aux droits des femmes en Europe, co-organisé par le « Réseau d’élus et d’autorités locales progressistes d’Europe » (REALPE) – dont font notamment partie les élus locaux et régionaux du PCF et de partis progressistes d’une quinzaine de pays du continent, membres ou proches du groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE-NGL) au Parlement européen -; par l' »Initiative féministe européenne » (IFE), un réseau de femmes progressistes qui rayonne sur toute l’Europe et réalise un travail remarquable que j’ai eu l’occasion d’évoquer; et enfin par une ONG croate de démocratie locale (ADL).
Se sont ainsi retrouvées, deux jours durant, pour confronter leurs expériences et joindre leurs efforts, des femmes de Croatie, de Macédoine, de Chypre, du @Portugal, d’Autriche, d’Allemagne, de Belgique et de France. Ont également tenu à participer à ces échanges passionnants deus représentantes du pays hôte: la responsable aux questions féminines auprès du gouvernement croate ainsi que la médiatrice nationale spécialement chargée du suivi de l’application des droits des femmes. Les débats ont essentiellement tourné autour de trois thèmes: les femmes sur le marché du travail; la santé génésique – contraception, IVG, éducation sexuelle… -; la participation des femmes à la vie politique, du niveau local à l’échelon national.
Informées de l’imminence d’un vote au Parlement européen sur un rapport préparé par la « Commission des Droits de la femme et de l’Egalité des genres » – que préside depuis les dernières élections une membre de longue date de notre groupe GUE-NGL, notre amie suédoise Eva-Britt Svensson – les participantes à la rencontre de Sisak ont lancé un appel aux groupes parlementaires européens pour les inviter à soutenir les idées essentielles du texte, excellent, préparé par la Commission des Droits de la femme (Rapport Tarabella).
Un premier axe de ce rapport consistait à analyser l’impact de la crise actuelle sur les femmes. Rappelons à ce propos que le temps partiel touche, en proportion, quatre fois plus les femmes que les hommes. Les femmes sont également souvent majoritaires dans les services publics qui risquent de pâtir lourdement des politiques d’austérité à l’œuvre ou annoncées. Sans oublier le cas des femmes les plus exposées: femmes handicapées, mères isolées; retraitées touchant des pensions de misère du fait de l’interruption de leur activité professionnelle; conjoints aidants dans l’artisanat, le commerce, l’agriculture, la pêche et les petites entreprises familiales; migrantes; femmes appartenant à des minorités…
Un deuxième intérêt du rapport en question était une série de critiques pertinentes envers les politiques menées, tant pas les institutions européennes que par certains Etats membres vis à vis des femmes. Ainsi montrait-la face cachée du taux d’emploi (près de 60%) des femmes dans l’Union européenne. Cela « n’a pas entrainé une amélioration des conditions d’emploi des femmes » y était-il noté. « Celles-ci sont toujours victimes d’une ségrégation professionnelle et sectorielle ». Autre exemple: la Commission européenne n’a toujours pas répondu à la demande du Parlement d’une proposition législative révisée sur l’application du principe d’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes. Le rapport rappelait aussi que ces questions étaient « quasiment absentes de la stratégie de Lisbonne. ».
Troisième richesse du rapport de la « Commission pour l’Egalité des genres »: l’établissement d’une sorte de feuille de route du Parlement européen en matière de lutte pour les droits des femmes. Il mettait un accent particulier sur les objectifs de la « promotion de la conciliation entre vie professionnelle, familiale et privée »; du « partage égal des responsabilités professionnelles et familiales »; du besoin de mesures concrètes contre les discriminations de genre. Il insistait également sur les « actions visant à améliorer l’accès des femmes aux services de santé sexuelle et reproductive. » Il appelait enfin à des objectifs contraignants « favorisant une présence équilibrée des femmes et des hommes aux postes de responsabilité dans les entreprises, l’administration et les organes politiques. ».
Eh bien, quelle ne fut pas, quelques jours après ce passionnant débat de Sisak et l’interpellation des parlementaires européens pour qu’ils soutiennent le rapport de la Commission des Droits de la femme, la joie d’apprendre que ce rapport, a été, pour l’essentiel, adopté en séance plénière du Parlement européen – le 9 février dernier -, offrant de solides points d’appui au combat pour cette grande cause démocratique. Vive le 8 mars!
Chronique pour l’H.D
28/02/2010
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