Archive for février, 2012

RETRAITES: UNE ILLUSTRATION DE LA LOGIQUE DU TRAITÉ MERKOZY

La Commission européenne vient de publier,le 16 février dernier,un « Livre blanc » sur les retraites. Un « Livre blanc » est un document qui énonce des idées et formule des propositions susceptibles de donner lieu ,par la suite,à des directives,autrement dit à des lois européennes.Cela vaut donc la peine d’y regarder de près… Certes,le choix des systèmes de retraites relève de la responsabilité de chaque Etat, et non de l’Europe. Mais,rappelle la Commission,le Traité de Lisbonne « exige de l’Union européenne qu’elle soutienne et complète l’action des Etats membres dans le domaine de la protection sociale ».Ce « Livre blanc » vise donc à préciser dans quel sens la Commission Barroso entend « soutenir et compléter » les « réformes » déjà entreprises sur le plan national, comme ce fut le cas en France en 2010. Car,à la Commission,on en est convaincu: »Il est nécessaire que des mesures supplémentaires soient prises,sans attendre. »(!)

L’on peut résumer l’approche de l’exécutif bruxellois,en matière de « modernisation des régimes de retraite », en trois axes essentiels.Le premier (Qui en doutait ?) vise une fois de plus à « relever l’âge de la retraite ».Cet objectif lui semble valable partout,mais,magnanime,la Commission laisse à chaque pays le choix des moyens.Soit,comme en France, »en augmentant le nombre d’annuités requis pour obtenir une pension complète »; soit,comme au Portugal,en établissant « un lien entre le niveau des prestations de retraite et les augmentations de l’espérance de vie »; soit,comme en Allemagne,en faisant « dépendre le niveau des prestations de l’équilibre financier du régime de retraite. »La préférence de Bruxelles va à un mix de ces différentes recettes,ce qui compte avant tout à ses yeux étant que les pensions de retraite soient payées de plus en plus tard.

Le deuxième axe des « propositions » de l’Union européenne est « l’égalisation des âges ouvrant droit aux prestations pour les femmes et les hommes. »Voilà une « disparité » insupportable à la sensibilité de la Commission Barroso! Cette égalisation « devrait être réalisée dans les plus brefs délais »,rappelle-t-elle aux rares pays ne l’ayant pas encore accomplie ni programmée.(La Pologne,modèle en la matière,vient de décider de faire passer ,d’ici les années 2020,la retraite des femmes de 60 à…67 ans,rejoignant ainsi l’Allemagne,pionnière sur ce terrain!) L’âge de départ à la retraite est ainsi l’un des rares domaines -à la différence de celui des salaires- où l’UE agit résolument pour une harmonisation par le haut entre les genres comme entre les pays!

Troisième axe du « Livre blanc »: la généralisation des systèmes privés d’assurance,l’ « épargne-retraite privée » visant à « s’assurer un revenu de retraite adéquat ».La Commission préconise carrément des « incitations fiscales visant à favoriser  les régimes de retraites par capitalisation »(Demandez donc aux Britanniques ce qu’ils en pensent…).On le voit:la logique libérale est implacable.Vous y mettez le doigt,et tout le bras y passe.Plus vous cédez à ses pressions,plus elle accentue son emprise.Certes,à ce jour,il ne s’agit que de « recommandations ».Mais la Commission prévient:dans le contexte (apparemment providentiel) de la « crise de la dette »,de la nécessité de réaliser « des économies budgétaires » ,et de la décision du Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement de « renforcer la coordination des politiques économiques »,les réformes des retraites « doivent faire l’objet d’une étroite surveillance » (de sa part).

Un citoyen prévenu en vaut deux! Voilà une illustration concrète de ce que nous réserverait le nouveau traité européen imaginé par le couple infernal Merkel-Sarkozy.Le NON du Front de Gauche à ce projet mortifère signifie : rompre cet engrenage et construire du neuf en Europe sur la base de « l’humain d’abord ».

23 février 2012 at 7:42 Laisser un commentaire

Droite, PSE et Verts unis pour le traité Merkozy !

L’Europe est décidément un élixir de vérité sur les grands choix stratégiques des différentes familles politiques.La dernière illustration spectaculaire de cette évidence date du 2 février dernier. Ce jour-là,le Parlement européen était appelé à se prononcer (informellement car il s’agit d’un traité intergouvernemental) sur le projet de traité cher à Angela Merckel et à Nicolas Sarkozy et visant à instituer une « règle d’or » contraignant durablement les gouvernements à respecter une sévère « discipline budgétaire » sous peine de se voir infliger des « sanctions automatiques ».

Dans ce cas,chaque groupe politique prépare en principe son propre projet de résolution exprimant sa position sur le sujet,avant de négocier,le cas échéant, un texte de compromis avec certains autres groupes ( aux positions compatibles avec les siennes) pour tenter d’obtenir une majorité des votes.Rien de tel ne s’est produit cette-fois-ci.

Incroyable mais vrai: le Parti Populaire Européen (PPE où siège l’UMP);les Libéraux (où siège le MODEM); le groupe des  » Socialistes et des Démocrates »; et le groupe des Verts ont fait cause commune en présentant d’emblée une résolution unique! Elle l’emporta évidemment,par 443 voix contre 124 et 75 abstentions. On y cherchera vainement,et pour cause, la moindre critique de fond de ce traité,qu’il s’agisse de son essence-même (l’abandon de toute ambition sociale et la pérénisation d’une politique d’austérité) ou des moyens prévus pour remplir ses « missions »(en particulier la violation d’un principe démocratique fondamental,en retirant aux parlements nationaux leur droit souverain de maîtriser le budget ).

Les quatre groupes en question tiennent même à mettre en exergue des « améliorations par rapport au texte initial » tel que « l’ajoût d’une référence aux objectifs (du traité) que représentent la croissance durable,l’emploi,la compétitivité et la cohésion sociale »(!) Ils n’hésitent pas non plus à rendre hommage au Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement pour avoir reconnu qu’il fallait « renforcer la solidarité ». Le seul « regret » explicitement exprimé est qu’il ne soit pas tenu compte…de la demande du Parlement européen que son président participe pleinement aux réunions informelles des sommets de la zone euro. On croit rêver.

Oui,vous avez bien lu:telle est la substance de la position commune du PPE,des Libéraux,des Socialistes et des Verts au Parlement européen sur le traité Merkozy! Courageux mais pas téméraires, la plupart des députés socialistes et verts français (campagne électorale oblige) se sont abstenus sur le texte co-signé par leur groupe.

Le seul texte alternatif fut celui de notre groupe de la « Gauche unitaire européenne » (GUE-NGL): celui-ci a rappelé les causes profondes de la crise; fustigé les gouvernements qui « ont accepté les diktats des marchés financiers »;souligné la « crise de légitimité » de l’Union européenne actuelle; »rejetté le traité » après en avoir décrypté les ressorts;réclamé une série de mesures fortes et notamment une refonte des missions de la Banque centrale européenne et le « contrôle public des banques »; et exigé des consultations populaires par voie de référendum sur le traité en question. Une fois encore,le groupe GUE a sauvé l’honneur de la gauche au Parlement européen.Sa composante française s’appelle le « Front de Gauche. »

16 février 2012 at 12:34 3 commentaires

Sarkozy partisan de l’inhumain d’abord !

Parmi les innombrables promesses indécentes de Nicolas Sarkozy,car relevant de politiques aux antipodes de ses choix stratégiques,certaines finissent de déconsidérer le personnage par leur seule évocation à l’heure du bilan.Il en va ainsi de son engagement,fin 2006, à faire en sorte,s’il était élu Président de la République, « que,d’ici deux ans,plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid. Parce que le droit à l’hébergement,je vais vous le dire,c’est une obligation humaine. »(Discours,entre autres,de Charleville-Mézières,18/12/2006).Le plus choquant dans l’affaire est que ce soit précisément une « obligation humaine » élémentaire qu’un politicien sans scrupule ait ainsi choisi d’instrumentaliser pour parvenir à ses fins.

Tout aussi cyniques furent ses paroles péremptoires sur sa prétendue détermination à éradiquer le chômage de masse et l’insécurité sociale: »Un chômage inférieur à 5% et un emploi stable à temps complet pour tous,c’est de cette manière que nous pourrons vraiment réduire la pauvreté,l’exclusion et la précarité. »( Projet du candidat: »Ensemble tout devient possible »).Invité en Janvier 2007 sur le plateau d’ « A vous de juger », le candidat UMP avait poussé le culot plus loin encore pour dissiper les doutes des citoyens sur sa sincérité: »Si on s’engage sur 5% de chômage et qu’à l’arrivée il y en a 10 (…),c’est un échec(…)Et c’est aux Français d’en tirer les conséquences. »Tout démagogue table sur la « mémoire courte » de ceux qui l’écoutent. Cette leçon vaut bien un bulletin Front de Gauche sans doute…

Mais c’est sur un troisième mirage,lancé,toute honte bue,au plus fort de la crise systémique à partir de 2008 par celui qui présidait alors non seulement la France,mais,un temps,l’Union européenne puis le G 20,que je veux m’arrêter: à savoir ses incantations répétées sur le thème,jugé porteur,de la « moralisation du capitalisme ».Prenant la parole devant la Conférence Internationale du Travail (OIT 15/6/2009),il soulignait en ces termes ce qu’il présenta comme sa « conviction »: « Il est chimérique et irresponsable de croire que ce système de spéculation,de rente et de dumping(…) va pouvoir continuer indéfiniment;que les marchés financiers continueront à imposer à toute l’économie leur obsession de la rentabilité à court terme (…);que les peuples subiront sans rien dire les conséquences douloureuses de la crise;qu’ils ne réclameront pas plus de justice!(…)Je le dis avec gravité,en pesant mes mots:ou nous aurons la raison,ou nous aurons la révolte. »Or,le moins que l’on puisse dire,c’est que sous sa présidence,nous n’avons pas eu la raison!Ni en France ni dans aucun espace où il a exercé son influence.

Ainsi, un an après ces accents généreux,le même homme lançait aux côtés de la Chancelière allemande,sous couvert de « sauvegarde de la stabilité de la zone euro »,la plus vaste et la plus cruelle entreprise de régression sociale,de soumission aux marchés financiers  et de démontage d’acquis démocratiques de toute l’histoire de la construction européenne, à l’encontre du peuple grec, puis des peuples irlandais et portugais,avant de tenter d’imposer une logique similaire à l’ensemble des pays membres de l’UE.A cet égard,la descente aux enfers dans laquelle sont entrainés des millions de Grecs prend de jour en jour des proportions si dramatiques qu’elle appelle à elle seule ce vent de révolte naguère évoqué dans l’indigne discours-bluff de Sarkozy à l’OIT. Le vote Front de Gauche et l’action pour une victoire solide et durable de la gauche en France constitueront  un authentique  acte de révolte en même temps que de solidarité avec les victimes du sarkozisme au-delà de nos frontières.

9 février 2012 at 12:59 Laisser un commentaire

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