Posts filed under ‘Traité START’
DESARMEMENT NUCLEAIRE : UNE RELANCE BIENVENUE
La signature, ce 8 avril, à Prague, du nouveau Traité START (Stategic Arms Reduction Treaty) par le Président des Etats-Unis et son homologue russe est un acte prometteur.
Quiconque milite pour la réduction et le contrôle des armes nucléaires en vue de leur abolition ne peut rester indifférent à la décision des deux principales puissances concernées – qui réunissent à elles seules plus de 90% des armes atomiques existantes -de réduire d’un tiers leur arsenal respectif, d’accepter des vérifications réciproques et d’engager des échanges de données stratégiques !
On est évidemment encore loin du « monde sans armes nucléaires » que Barak Obama appelait de ses vœux il y a un an dans son fameux discours…de Prague! Mais ce dégel ouvre une période nouvelle. Le dernier accord de ce type remonte à… 1991 ; or, le calendrier de réduction des armes stratégiques adopté par les USA et l’URSS de l’époque était arrivé à expiration en décembre dernier. Il est désormais prolongé et amélioré. Ce n’est pas rien.
Plus généralement, cette relance du désarmement nucléaire est bienvenue car elle laisse espérer une nouvelle donne dans un domaine-clé pour la sécurité de la planète. Le règne de George W. Bush tenait, à cet égard, du cauchemar : installation du « bouclier antimissile « rompant dangereusement les équilibres stratégiques, dénonciation unilatérale du très emblématique traité ABM sur la limitation des missiles balistiques, doctrine stratégique très agressive n’excluant pas le principe d’une utilisation de l’arme atomique contre des pays qui ne la détiennent pas, projet de mise au point de « mini-bombes » atomiques conçues pour être employées sur le terrain… Il n’est pas insignifiant de constater que la nouvelle Administration américaine affirme vouloir tourner cette page noire de l’Histoire contemporaine et commence à concrétiser ses nouvelles orientations.
Ce nouveau cours valide tous les efforts accomplis, des années durant, par les militants de la paix. Mieux : il appelle une relance du combat pour le désarmement nucléaire. C’est d’autant plus souhaitable que les obstacles à la réalisation effective des intentions affichées par le Président américain sont réels et les limites de l’étape actuelle de ce nouveau processus nombreuses. L’obstacle le plus évident est l’indispensable ratification de ce Traité par une majorité des deux-tiers du Sénat américain, soumis aux pressions de l’armement atomique. Il devra, en particulier, revenir sur son refus spectaculaire, en 1999, de valider le traité international d’interdiction complète des essais nucléaires. Quant aux limites du document de Prague, elles ne sont pas négligeables. Celui-ci laisse notamment dans le flou l’avenir de la défense antimissile des Etats-Unis : que viendra remplacer le « bouclier » maudit projeté par G.W. Bush ? Autre question de taille: quand va-t-on, parallèlement à la réduction des armes nucléaires « stratégiques » (de portée supérieure à 5000 km), s’attaquer aux armes « tactiques »(de portée inferieure) ?
Une gauche digne de ce nom a le devoir d’inscrire ces enjeux vitaux à son agenda. En particulier dans les pays détenteurs de l’arme nucléaire – France comprise. Une double occasion de le faire va se présenter sous peu. Dès le 12 avril prochain, le Sommet sur la sécurisation des armes nucléaires doit réunir 44 pays. Et surtout, en mai, aura lieu la Conférence d’examen du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP). Cette Conférence – qui se tient tous les cinq ans pour permettre aux Etats signataires du TNP d’évaluer sa mise en œuvre – se présente à ce jour sous des auspices peu encourageants, tant la crédibilité de ce texte-phare signé il y a 40 ans par 189 pays est aujourd’hui en question. Dans ce contexte, MM Obama et Medvedev ont pris des initiatives. Que vont faire la France, la Grande-Bretagne et l’Union européenne elle-même ? Cela vaut la peine d’y revenir.
.
Commentaires récents