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2020 : ESPOIR DE PAIX ENTRE MOSCOU ET KIEV
Parmi les rares bonnes nouvelles de la fin de l’année dernière et du début de celle-ci, en Europe, figurent les avancées concrètes et prometteuses sur le front des relations tumultueuses entre la Russie et l’Ukraine. On se souvient que les deux Présidents se sont accordés le 7 septembre 2019 sur un important échange de prisonniers parmi lesquels figuraient les vingt-quatre marins ukrainiens arrêtés par les autorités russes après le grave incident maritime du détroit de Kertch, en novembre 2018. Le 10 décembre, ils se sont fixés « l’objectif de procéder au désengagement des forces et des équipements d’ici la fin du mois de mars 2020 », et ce dans trois zones-clés disputées. A cette perspective de désescalade militaire s’est ajoutée le 21 décembre le règlement d’un long et pesant conflit économique : le géant gazier russe Gazprom a accepté de payer 2,6 milliards d’euros à son homologue ukrainien, Naftogaz, comme l’exigeait depuis près de deux ans la Cour d’arbitrage de Stockholm. Cette décision , hautement symbolique, devrait solder tous les contentieux énergétiques (la « guerre du gaz ») accumulés entre les deux pays depuis 2014. Dans ce contexte , on a envie de prendre au sérieux l’engagement pris par Vladimir Poutine lors du Sommet au « format Normandie » (1), le 10 décembre, à Paris, que la Russie allait « faire tout ce qui dépend d’elle pour que le conflit se termine ».
Qu’est-ce qui s’est passé pour en arriver à ce renversement de tendance , quand l’on se rappelle l’hystérie de l’ex-Président ukrainien, Porochenko, évoquant il y a un peu plus d’un an la menace d’une « guerre totale » entre les deux pays; choisissant comme slogan électoral le triptyque ultra-nationaliste « Armée. Langue. Foi » (glorifiant l’armée ukrainienne « la plus puissante du continent »; fustigeant l’usage de la langue russe; créant une Eglise orthodoxe indépendante de celle de Russie) ; instaurant « l’état de guerre » et interdisant aux hommes russes entre 16 et 60 ans d’entrer sur le territoire ukrainien…? Ce qui s’est passé, on le sait : c’est l’élection, à 74%, d’un nouveau Président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sur la base d’un double engagement, celui d’une lutte acharnée contre la corruption ainsi que celui d’agir pour mettre fin au conflit du Donbass et de rouvrir le dialogue avec la Russie. C’est ce qu’il a commencé à faire.
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Un obstacle majeur à la paix étant, avec l’éviction de Porochenko, désormais éliminé, chaque acteur est, plus que jamais, devant ses responsabilités. Vladimir Poutine, tout d’abord, qui sera jugé sur le respect concret de ses récents engagements . Volodymyr Zelensky, ensuite, qui doit compter avec les pressions des nostalgiques de l’affrontement avec Moscou et devra avoir la force de leur résister. Les dirigeants de l’UE enfin, qui, après avoir soufflé sur les braises de la tension russo-ukrainienne (en sommant les Ukrainiens divisés de choisir entre l’UE et la Russie) , a misé sur un milliardaire nationaliste et corrompu pour préparer la paix ! L’espoir renaît en 2020. Malheur à qui le décevrait .
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(1) Sommet réunissant (comme ce fut le cas le 6 juin 2014 en marge des célébrations du Débarquement en Normandie) la Russie, l’Ukraine, la France et l’Allemagne.
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