« SÉCURITÉ », QUELS MÉFAITS SONT COMMIS EN TON NOM !
10 juin 2021 at 6:08 Laisser un commentaire
Si la sécurité, dans toutes ses dimensions -individuelle, sociale, nationale, internationale, alimentaire, sanitaire, environnementale…- , est un droit à défendre , l’instrumentalisation du sentiment d’insécurité est, quant à elle, un crime à combattre. L’actualité européenne nous confirme l’étendue des méfaits commis au nom de la « sécurité ».
L’important Sommet de l’OTAN, le 14 juin prochain, à Bruxelles, mérite, à ce égard, toute notre attention. Il y sera question d’une « mise à jour » des principales tâches de sécurité à l’horizon 2030. Joe Biden aura à cœur de rappeler à ses alliés que, lui à la Maison Blanche, l’Organisation militaire occidentale, loin d’être « en état de mort cérébrale », est appelée à resserrer les rangs et à renforcer ses moyens pour « défendre la démocratie ». Il sera question, dans cet esprit, de verser plus d’argent dans le budget commun, car « Dépenser en commun est un multiplicateur de force », cela « envoie un message très clair à nos propres populations ainsi qu’à tout adversaire potentiel », et puis « c’est une façon d’investir dans le lien entre l’Europe et l’Amérique du Nord » -vient de souligner le Secrétaire général de l’Organisation, Jens Stoltenberg. Ce « budget commun » -qui s’ajouterait aux budgets de défense nationaux- pourrait servir à financer le stationnement de troupes dans les pays baltes (à la frontière russe), les missions de surveillance aérienne, la modernisation des bases alliées, la défense antimissile, et plus si affinités…
Gageons que, pour justifier ce nouveau « concept stratégique », l’on invoquera les dépenses militaires chinoises et russes, en omettant de préciser qu’elles sont près de quatre fois (pour la Chine) et plus de dix fois (pour la Russie) inférieures à celles des seuls Etats-Unis ! Le pire est que cette gabegie obscène s’auto-alimente, chaque « camp » se sentant obligé de « rattraper son retard » sur celui d’en face…au nom de la sécurité.
Qui plus est, cette dérive sécuritaire nourrit le détestable climat de néo-guerre froide. La ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, vient encore de le démontrer en brandissant la « menace » que représenterait la Russie et le « défi stratégique » qu’incarne la Chine.
En vertu de quoi, elle apporte aujourd’hui son soutien aux nouveaux plans de l’OTAN. Qui osera commencer à rompre avec cette logique diabolique mondiale ?
Une autre variante des horreurs commises dans « l’ Europe des droits de l’homme », au nom de la « sécurité » , vient d’être illustré par une initiative du gouvernement autrichien, qui dépasse l’entendement : la publication d’une « carte de l’islam » répertoriant les noms et adresses de plus de 600 associations musulmanes et mosquées du pays afin (dixit la ministre Susanne Raab) de débusquer « dans les arrière-cours » des « idéologies » opposées aux « valeurs de la démocratie libérale » ! Qu’est-ce sinon de l’ islamophobie? Si l’on ne sait pas toujours où commence la stigmatisation raciste, l’Histoire nous a appris où elle peut finir. Est-ce donc si difficile de comprendre que la sécurité humaine est aux antipodes de toutes ces dérives ?
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