« BREXIT »: RIEN N’EST ENCORE ÉCRIT.
25 juillet 2019 at 3:31 Laisser un commentaire
Dans la démocratie britannique, ce sont donc les 160 000 adhérents du Parti conservateur (soit 0,3% de l’électorat du pays) qui viennent de choisir le Chef du gouvernement. S’adressant aux plus europhobes d’entre eux, Boris Johnson leur avait promis de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne d’ici au 31 octobre prochain, « do or die » (quoiqu’il en coûte), autrement dit y compris sans aucun accord avec les « 27 ». Or, le refus absolu d’un « No deal » est l’un des rares points sur lequel se retrouve une majorité des députés de la Chambre des Communes. Et pour cause : la moitié tant des exportations que des importations du Royaume-Uni se fait avec l’UE et aucune alternative crédible à cette relation n’existe à ce jour. Sans parler du risque, en l’absence de compromis entre Londres et Bruxelles, de voir resurgir une frontière entre l’Irlande du Nord (rattachée à la Grande-Bretagne) et la République d’Irlande (membre de l’UE), avec les dramatiques conséquences qui pourraient résulter de cette remise en cause d’un acquis stratégique de plus de vingt ans ! Mais ces considérations subalternes n’intéressent pas les ultra-brexiters. Ils veulent « sortir », un point, c’est tout. Neutraliser le Parlement de Westminster -en décidant la suspension de ses travaux- était, dès lors, un objectif déterminant aux yeux du Trump anglais.
C’était sans compter avec la détermination des députés à défendre leurs prérogatives. C’est ainsi qu’ à quelques jours de la désignation du nouveau Premier Ministre, ceux-ci ont adopté -à une majorité de 41 voix, travaillistes, libérales-démocrates et conservatrices mêlées- une disposition propre à contrecarrer toute velléité de les contraindre au silence. Ils ont, au contraire, obligé le gouvernement à leur rendre compte, tous les quinze jours, de son action en faveur du rétablissement de l’éxécutif d’Irlande du Nord (la coalition entre la droite pro-britannique du DUP et la gauche républicaine du Sinn Fein est en crise depuis deux ans). Voilà une sacrée arête plantée dans la gorge du nouveau Premier Ministre, dont le parti -très divisé- ne dispose au Parlement que d’une marge extrêmement faible et fragile. Déjà s’élèvent au sein de cette majorité étriquée un certain nombre de voix en faveur d’une nouvelle demande de report du « Brexit » afin de relancer les négociations avec l’UE. Une hypothèse que la nouvelle Présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von Leyen, ne récuse pas « s’il y a de bonnes raisons de la part de nos amis britanniques », afin de réussir « un Brexit ordonné ».
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