ALERTE ROUGE !
10 février 2011 at 12:00 1 commentaire
Prenons bien toute la mesure de ce qui est en train de se mettre en place au sommet de l’Union européenne -plus précisément autour d’Angela Merkel,fidèlement secondée par son faire-valoir français ! S’il était possible,sur le terrain politique comme cela se pratique sur le plan climatique,d’émettre un bulletin d’alerte à destination des Européens et des Européennes pour les mettre en garde et les inviter à se mobiliser,je choisirais,en l’occurence,l’alerte rouge!En effet,il suffit de mettre en cohérence les différentes pièces du puzzle annoncées dans la dernière période de divers côtés pour s’apercevoir qu’il s’agit non seulement d’un « saut qualitatif » de la zone euro vers son intégration,comme le reconnait l’Elysée,mais d’un projet de bouleversement des systèmes sociaux et des règles démocratiques en vigueur.L’approche choisie n’est pas loin de rappeler celle des « plans d’ajustements structurels » de sinistre mémoire,imposés naguère par le Fonds Monétaire International aux pays en voie de développement.
Ainsi,le « pacte de compétitivité » annoncé par la Chancelière allemande au Conseil européen du 4 février dernier n’a-t-il rien d’anodin! Il s’agit,ni plus ni moins, que de verrouiller au sommet les politiques nationales en matière de salaires,de temps de travail,de retraites,de fiscalité sur les entreprises, de traitement de la dette publique… C’est une caricature d’harmonisation. En effet, les objectifs avancés pour justifier une telle « coordination » -stimuler les « réformes »(libérales);accroitre la « compétitivité »;assurer la « stabilité » de la zone euro; »rassurer » les marchés financiers…- suffisent à nous indiquer dans quel sens on prétend « harmoniser » nos modèles sociaux: vers le moins disant, avec en prime la mise sous tutelle, le déni de souveraineté populaire.
Madame Merkel n’a pas caché son souhait de voir les pays de la zone euro aligner leur régime de retraite sur celui en vigueur en Allemagne (67 ans)! C’est ce que vient de faire,en Espagne, M Zapatero, aussitôt félicité par la Chancelière pour avoir « fait ses devoirs »! M Sarkozy attend sans doute ses propres lauriers s’il réussit à imiter Berlin en inscrivant dans la Constitution française l’obligation de lutter contre les déficits publics…La nouvelle « Dame de fer » a, en revanche, fustigé la Belgique coupable d’indéxer les salaires sur les prix. Les vannes étant grandes ouvertes, les idées les plus saugrenues sont déclarées « pertinentes » et promises à un examen attentif pourvu qu’elles soient orientées dans le « bon » sens – y compris celle de neuf gouvernements, principalement d’Europe centrale et orientale,réclamant un assouplissement des critères concernant la dette des Etats pour les pays appliquant… »les systèmes de retraites par capitalisation (si) cruciaux pour renforcer la stabilité à long terme des finances publiques en Europe »!
Un « plan global » d’ « Union économique » nous étant annoncé pour le Conseil européen des 24 et 25 mars prochains, nous reviendrons abondamment sur ce défi de classe, sur les premières -et encourageantes- réactions qu’il suscite et les choix politiques de fond qu’il impose à la gauche européenne.
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Albert | 14 février 2011 à 7:16
Rejet de la réforme constitutionnelle !
En annonçant leur intention de réformer la Constitution pour y introduire l’obligation d’équilibre des finances publiques, le Président de la République et le Premier ministre franchissent un nouveau pas dans la subordination à l’Union européenne. Une telle réforme aurait pour conséquence que, quelle que soit sa couleur politique, la majorité sortie des urnes serait contrainte par la Constitution de s’en tenir aux plafonnements de dépenses publiques(État, collectivités territoriales, Sécurité sociale, allocations chômage, minima sociaux) et de déficits dictés par Bruxelles et la Banque centrale européenne. Gouvernement et Parlement ne seraient plus que de simples outils subsidiaires de l’Union européenne. Une telle réforme vise à fermer toute possibilité pour les organisations syndicales de négocier à partir des revendications ouvrières, l’État pouvant leur opposer l’obligation constitutionnelle de la rigueur. Que resterait-il de la démocratie et de la souveraineté ? Au moment où dans l’enseignement, les hôpitaux, à la poste, les travailleurs se mobilisent avec leurs organisations contre les suppressions de postes, les conséquences de la privatisation et les mesures qui découlent de la loi Bachelot ; au moment où dans l’ensemble de la fonction publique, ils sont confrontés aux 100 000 suppressions d’emplois d’ici 2013 et aux menaces contre le statut — et cela quelques mois seulement après l’immense mobilisation de millions de salariés contre la contre-réforme des retraites… cette annonce traduit les craintes du gouvernement Sarkozy-Fillon face à la résistance ouvrière. En proposant cette réforme constitutionnelle, le gouvernement Sarkozy-Fillon compte sur l’appui du Parti socialiste (sans lequel il ne peut obtenir 60 % des suffrages au Parlement, seuil nécessaire pour toute réforme constitutionnelle). Pour le Parti ouvrier indépendant, légitime est la mobilisation des travailleurs, paysans, jeunes, pour la défense de leurs droits. Légitime est leur rejet du chantage à la « nécessaire réduction des déficits publics », chantage exercé au nom d’un « intérêt général » qui n’est que l’intérêt des capitalistes, des financiers et des spéculateurs, défendu par le FMI et l’Union européenne. Au moment où en Tunisie, en Egypte, les peuples se soulèvent contre les politiques de misère et de déchéance, il doit être dit clairement que la démocratie exige le rejet de ce projet de loi. Au-delà, la démocratie exige : la rupture avec l’Union européenne, avec l’euro et avec les institutions de la Ve République.
Paris, le 5 février 2011 Les secrétaires nationaux du POI Daniel Gluckstein Claude Jenet Jean Markun Gérard Schivardi