LE TOLLE!
17 février 2011 at 4:43 Laisser un commentaire
Les dirigeants européens feraient bien de méditer sur les révolutions tunisienne et égyptienne. Car, au-delà des dissemblances évidentes entre ces ex-régimes autocratiques et les systèmes politiquement beaucoup plus sophistiqués qui régissent nos Etats et l’Union européenne elle-même, il y a des aspects plus universels que certains voudraient bien le penser dans les événements historiques que nous vivons en direct, depuis quelques semaines. Gare, par exemple, aux crises de légitimité qui minent peu à peu des pouvoirs coupés des citoyens. Incapables de sentir le sol se dérober sous leurs pas, ils ne prennent pas la mesure du danger et continuent de foncer tête baissée…dans le mur.
Le comportement des principaux leaders européens – en premier lieu, Angela Merkel, et son zélé chevalier servant, Nicolas Sarkozy – s’apparente de plus en plus à ce type de schéma. Obnubilés par la puissance grandissante des marchés financiers, ils semblent ne plus avoir qu’un seul objectif: leur donner des gages – toujours plus de gages – pour conserver leurs bonnes grâces (symbolisées par la fameuse note AAA des agences de notations), apparemment sans se soucier de l’acceptabilité de leurs mesures par les premiers concernés: les peuples! Ainsi viennent-ils, coup sur coup, d’instaurer dans toute l’Union européenne un régime d’hyper-austérité sans précédent; d’imposer aux pays qui sont dans le collimateur des « marchés » une régression sociale féroce et une mise sous tutelle humiliante; d’annoncer une renégociation du pacte de stabilité dans un sens encore plus contraignant; de mettre en place le mécanisme dit du « semestre européen » qui force chaque pays membre à soumettre son projet de budget à Bruxelles avant son examen par son propre parlement… Et voilà qu’ils nous préparent le bouquet: le « pacte de compétitivité » dont la mise en œuvre ferait voler en éclats ce qu’il reste du contrat social et toute une série d’acquis démocratiques sur lesquels nombre de nos sociétés se sont construites depuis la Libération! (voir chronique HD 3/2/2011)
Pas étonnant que ce projet provoque un tollé! Y compris au niveau de certains gouvernements qui, plus lucides, craignent une déstabilisation intérieure. Mais surtout parmi les acteurs sociaux et dans une partie de gauche européenne. Ainsi, pour John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats – dont le ton employé est un bon baromètre du climat social en Europe -, il s’agit d’un « pacte pervers » qui vise à aller vers « un niveau de vie plus bas, davantage d’inégalités et un travail plus précaire. » Dans une lettre publique, il a même comparé au Traité de Versailles ces nouvelles dispositions qui, à ses yeux, « réduisent les Etats membres à un statut quasi colonial ». Bien vu!
Il n’étonnera personne que le patronat, lui, applaudisse à cette fuite en avant d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy: « C’est peut-être un moment décisif pour l’avenir économique de l’Europe » s’est extasiée Laurence Parisot. Dans un certain sens, elle a raison: le moment est, en effet, décisif! Nous voilà plus clairement informés que jamais sur ce vers quoi nous conduit l’actuelle « Europe » à moins d’un changement de cap fondamental tant au niveau des orientations politiques que sur le plan des structures institutionnelles européennes. C’est le moment de favoriser l’implication des citoyennes et des citoyens dans ce débat; de mettre en lumière les transformations à imposer et de proposer dans cet esprit des actions concrètes et rassembleuses. Tel est le sens de l’initiative lancée dans toute l’Europe par le Parti de la Gauche européenne (PGE) pour la création d’un « Fonds européen de développement social et de solidarité. »
Entry filed under: Actualité, Allemagne, Angela Merkel, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche, Europe, France, Francis Wurtz, Francis Wurtz Le Blog, Franciswurtz.net, PGE.
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed