SOMMET « ENERGIE » L’URGENCE D’UN DEBAT
3 février 2011 at 4:31 Laisser un commentaire
Ce 4 février, pour la première fois de son histoire, l’Union européenne réunit un sommet de ses Chefs d’Etat et de gouvernement sur la question de l’énergie. Cela mérite qu’on s’y arrête. D’abord parce qu’il s’agit d’enjeux absolument colossaux à tous égards. Ensuite parce que le sujet illustre bien la nécessaire articulation entre ce qui relève de la souveraineté de chaque nation et ce qui appelle une étroite coopération européenne et internationale. Enfin parce que la simple évocation des choix à effectuer en la matière donne à voir l’ampleur et la gravité des carences démocratiques de cette construction européenne – les premiers responsables de ces carences étant, en l’occurrence, les Etats membres qui ne font strictement rien pour impliquer les citoyennes et les citoyens dans les débats de portée stratégique qui sont à l’ordre du jour. Exemples.
Les enjeux. Trois chiffres suffisent à en prendre la mesure: les chercheurs de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) évaluent à…25 000 milliards de dollars (soit environ 10 fois les richesses produites en France chaque année!) la somme d’argent à investir d’ici 2030 dans les infrastructures d’offre d’énergie dans le monde. La Fondation Gabriel Péri rappelait récemment, quant à elle, que deux milliards (!) d’êtres humains n’ont aujourd’hui accès à l’énergie que par…le bois de chauffe. Rappelons enfin l’engagement pris par l’Union européenne – d’ici 2020 – de diminuer de 20 à 30% les émissions de gaz à effet de serre; de porter à 20% la part des énergies renouvelables et de gagner 20% en matière d’efficacité énergétique (dans les transports et le bâtiment: on est très loin du compte!)
Souveraineté et coopérations. En France, la mise en place d’un pôle public de l’énergie nous paraît indispensable au vu de l’importance des enjeux, encore renforcée par le poids du nucléaire. Un bilan des déréglementations dans ce secteur devrait être établi et tous les enseignements devraient en être tirés dans une optique de service public. Les représentants français n’en seraient que plus forts pour intervenir dans le même esprit dans le cadre européen. En mars, ils auront à déterminer la stratégie européenne pour les dix ans à venir; puis en mai à fixer une « Feuille de route » d’ici 2050 pour assurer la transition vers une économie à très faible teneur en carbone. Dès ce 4 février, ils traitent des coopérations à mettre en place avec les pays producteurs et les pays de transit. Hyperdépendants des approvisionnements étrangers, les principaux Etats de l’UE se livrent à de grandes manœuvres plus concurrentes que coopératives: L’Allemagne construit avec la Russie le pipe-line dit « corridor Nord » sous la Baltique (en contournant la Pologne), tandis qu’un autre projet dit « corridor Sud » doit acheminer le gaz de Russie vers l’Italie (en contournant l’Ukraine), lui même concurrent du gazoduc Nabucco, soutenu par l’Union européenne et les Etats-Unis (mais excluant de fait…la France). D’une façon générale, d’immenses chantiers vont être ouverts, à propos desquels des décisions communes ou du moins convergentes et cohérentes devront être prises dans les mois et les années à venir.
Démocratie: la simple lecture de ce qui précède montre l’urgence d’un débat citoyen sur le sujet, dans toutes ces dimensions! Les occasions ne vont pas manquer pour en créer les conditions.
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