Archive for 3 juin 2010
HALTE AU POISON NATIONALISTE!
Faute d’une issue positive à la crise qui secoue jusqu’aux fondements même de l’actuelle construction européenne, on assiste à la montée de la pire des échappatoires: le nationalisme. Il se manifeste sous différentes formes, mais toutes doivent nous alerter.
C’est parmi les nouveaux pays membres que se font jour les phénomènes les plus virulents. Le cas de la Hongrie – appelée à présider l’Union européenne durant le premier semestre de l’année prochaine – est symptomatique de ce qui couve en Europe centrale et orientale. La population y est plongée dans la précarité et la misère. Les désillusions et le désarroi viennent d’y envoyer une droite dure au gouvernement et d’y grossir les rangs de l’extrême droite. Aussitôt des mesures provocatrices – l’attribution d’un passeport hongrois aux citoyens des pays voisins ayant « des ancêtres hongrois » et parlant le Hongrois – ont visé à relancer le culte de la nostalgie des « anciennes provinces perdues » au lendemain de la première guerre mondiale (Traité de Trianon, 4 juin 1920). Déjà, la tension monte avec la Slovaquie et risque de se propager à la Roumanie, à la Croatie, voire à l’Autriche, pour ne citer que les pays membres ou candidats à l’adhésion à l’Union européenne, comptant des minorités hongroises – qui représentent plus de trois millions de personnes, au total !
Mais ce poison n’est pas l’apanage de cette région d’Europe! On sait ce qu’il en est en France: la stigmatisation des « étrangers » est encouragée en haut lieu, poussant à la banalisation d’un discours agressif et dangereux, prétendant offrir des moyens simples pour en finir avec le calvaire insupportable qu’est devenue la vie pour des millions de gens, mais aboutissant en fait à dresser les unes contre les autres les victimes du système. On se souvient également de la flambée de slogans antigrecs – « cueilleurs d’olives », fainéants, fraudeurs…- et anti méditerranéens en général – « club med », laxiste et dépensier – relancés par les milieux conservateurs d’outre-Rhin à l’occasion de la seconde étape de la crise financière.
L’évolution de la classe dirigeante allemande constitue, du reste, de manière générale, un problème qui, s’il ne relève pas du nationalisme traditionnel, commence à en épouser certains traits. Notamment cette propension à vouloir imposer son modèle à tous ses « partenaires », au nom de ce que Berlin considère comme ses intérêts de puissance dominante de « l’Union ». La Chancelière Merkel ne vient-elle pas d’illustrer cette orientation stratégique tout au long de ces derniers mois? Et que dit-elle d’autre, en affirmant, la semaine dernière: « je veux être très claire: l’Allemagne, en tant que grande force exportatrice et première économie de l’Union européenne, a très largement profité de l’euro par le passé. C’est pourquoi nous défendrons un euro fort de toutes nos forces »? On sait, en effet, ce que, dans sa bouche, « euro fort » veut dire: discipline et « culture de la stabilité » pour tous; mise sous tutelle des plus fragiles; exclusion des récalcitrants.
Toutes ces dérives doivent, en temps de crise, être prises au sérieux. Puissent ces alertes convaincre des hésitants à rejoindre les luttes solidaires pour un changement véritable et une autre Europe. Souvenons-nous, il y a 5 ans: au plus fort de la mobilisation citoyenne contre le projet de traité constitutionnel et pour une alternative sociale, on n’entendait guère les aboiements nationalistes. Les forces de progrès donnaient le ton. Il est temps qu’elles reprennent la main.
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